La conspiration du silence

La conspiration du silence

Une série documentaire de 8 épisodes

 

Note d'intention
France 3 Bourgogne-Franche-Comté

 

Pascale PfisterPascale Pfister
Directrice Régionale 

 

 

 

 

 

 

« Le monde est trop dangereux pour qu’on y vive, non à cause des gens qui font le mal, mais à cause de ceux qui les laissent faire sans bouger ».
Albert Einstein.

▶▶  Citation d’actualité, aujourd’hui, comme hier, comme depuis la nuit des temps…

Pendant 30 ans, l’actualité de l'Yonne a été traversée par des affaires retentissantes : Emile Louis, Dunant, Jambert, Fourniret,… Ces histoires ont chacune déjà fait l’objet de nombreux récits, livres, reportages, documentaires. Notre série documentaire s’intéresse au-delà des faits, à la somme des silences, négligences, connivences, dysfonctionnements des institutions qui ont rendu ces faits divers encore plus troublants.

Un traumatisme profond qui peine à disparaître encore aujourd’hui, mais aussi un sentiment diffus que toute la lumière n’a pas été faite.

« La conspiration du silence » se propose donc de nous replonger dans ces « cold cases » avec  de nombreux témoins qui ont fait avancer les enquêtes, qui en furent les acteurs ou les victimes, avec des archives exceptionnelles, avec un regard d’aujourd’hui sur une société d’hier où  la vie de certaines jeunes filles, handicapées ou défavorisées ne comptait pas pour tous de la même façon. 

Un immense merci à Thierry Fournet, Vincent Hérissé, Guillaume Blanc, Anne Marty, et tous ceux, très nombreux, qui, de près ou de loin, ont permis à « La conspiration du silence » de voir le jour.

 

 

 

Note d’intention
AMDA Production

 

Guillaume BlancGuillaume Blanc
Producteur délégué 

 

 

 

 

 

 

▶▶  Nous avons commencé à travailler sur ce projet en mai 2019. Un travail d’une petite équipe constituée des auteurs et réalisateurs, Thierry Fournet, Vincent Hérissé et de moi-même. Un long et minutieux travail de recherches, de repérages et de documentation soutenu par un documentaliste et des informateurs de terrain. Nous sommes également partis du travail d’enquête de Thierry Fournet et de la collecte de témoignages exclusifs qu’il a pu tourner durant une vingtaine d’années depuis les années 2000.

Après une réflexion globale sur le découpage de la série et un premier travail d’écriture, nous avons opté pour raconter cette histoire en deux saisons de 8 épisodes pour bien prendre le temps de décortiquer et de permettre le décodage d’un récit complexe et tentaculaire.

Nous avons également souhaité nous affranchir des contraintes de diffusion traditionnelle liées au formatage en 26 ou 52 minutes pour nous laisser une plus grande liberté au montage. Les épisodes oscillent donc entre 30 et 40 minutes selon le rythme souhaité et la richesse des propos tenus.

La conspiration du silence pose un regard critique envers les institutions qui par négligence et/ou peut-être par connivence, ont permis l’un des plus grands fiascos judiciaires français.

Il est question pour les auteurs-réalisateurs d’examiner en profondeur les errements plus que troublants des institutions icaunaises de l’époque, qui ont duré pas moins de 20 ans. Ainsi, pendant deux décennies, plusieurs tueurs en série ou autres sadiques et violeurs ont commis leurs crimes à Auxerre et sa proche banlieue, dans un périmètre de 20 kms sans que rien ne soit résolu. Le dénominateur commun pour les victimes : ces jeunes filles avaient pour la plupart un léger déficit mental ou étaient socialement abandonnées. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ?

 

 

Note d'intention des auteurs
 

 

Thierry Fournet et Vincent Hérissé ©Antoine Martel
Thierry Fournet et Vincent Hérissé ©AntoineMartel 


Thierry Fournet

Réalisateur

▶▶  J’ai enquêté sur ces affaires pendant près de 20 ans, aussi m’ont-elles profondément marqué et je suis toujours resté en contact avec l’association des victimes des disparues de l’Yonne et de leurs familles. Je sais leur sentiment de frustration et leur peine, c’est la raison pour laquelle je pense qu’il est important de revenir aujourd’hui sur ces affaires terribles et sur les circonstances qui ont permis à tant de criminels de sévir pendant si longtemps dans les environs immédiats d’Auxerre.

Bien des mystères restent inexpliqués aujourd’hui et certaines de ces affaires sont bien loin d’être élucidées, ce qui nous permet quelques révélations.
Mais au-delà des crimes et de leurs auteurs, l’intention de notre série est de comprendre les circonstances qui les ont rendus possible. Le poids du silence. La négligence ou la connivence de ceux-là même qui auraient dû protéger les victimes. L’autoritarisme et la liberté de mœurs qui régnaient au sein des établissements médico-sociaux. La compromission de certains notables. L’indifférence, l’incompétence, la corruption peut-être…

Aujourd’hui 30 ans après les premières disparitions, que reste-t-il à Auxerre et dans le département de ces terribles affaires ? Comment les victimes survivantes ou les familles de toutes ces femmes qui n’ont jamais réapparu, ont-elles pu survivre à de tels événements et à une telle impéritie des autorités chargées de les protéger, à savoir la police et la justice ?
Cette série documentaire se propose donc de nous faire revivre ces affaires aujourd’hui avec la plupart des témoins qui ont fait avancer les enquêtes, qui en furent les acteurs ou les victimes, pendant ces 30 ans de brouillard juridique.

 

Vincent Hérissé
Réalisateur

▶▶  On pourrait croire que tout a été dit, écrit, filmé, raconté sur l’affaire des disparues de l’Yonne et sur le parcours meurtrier d’Emile Louis. Pourtant, c’est loin d’être le cas. D’abord parce qu’il reste des victimes inconnues, enterrées sous X dans des petits cimetières de campagne, qui ont peut-être eu le malheur de croiser la route d’Emile Louis et pour qui la justice n’a pas été rendue. Ensuite, parce qu’au-delà de « l’affaire des disparues », l’Yonne a été le théâtre d’une accumulation ahurissante de meurtres et de disparitions sur une période de plus de quarante ans qui m’ont conduit à m’intéresser au pourquoi d’une telle singularité.

Les jeunes filles disparues dans l’Yonne étaient des jeunes filles de la DDASS. Orphelines ou arrachées à leurs parents à la naissance pour les protéger de l’alcool, de la violence, des mauvais traitements. Certaines souffraient de léger handicap mental. Elles étaient placées sous la responsabilité et la protection de l’Etat via les services de la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales. Elles ont pourtant disparu dans l’indifférence générale ou presque. Parce qu’elles étaient des « filles de la DDASS », des fugueuses, qu’elles n’étaient pas filles d’avocat, d’architecte ou de chirurgien, personne ne s’est préoccupé de leurs disparitions. A part leurs nourrices, parfois et les membres éparpillés de leur famille quand elles en avaient une…

Toutes les institutions qui étaient censées les protéger les ont abandonnées : gendarmerie, justice, services sociaux, personne ne s’est vraiment inquiété lorsqu’elles se sont volatilisées.
Alors, 40 ans plus tard, le devoir de mémoire reste à faire sur ces disparitions. Et c’est l’ambition de cette série documentaire. Car les 7 « disparues de l’Yonne », dont les meurtres ont été avoués par Emile Louis, ne sont pas les seules. D’autres « jeunes filles de la DDASS » ont été victimes d’autres tortionnaires et tous n’ont pas été identifiés par la police, ni condamnés par la justice. Cette série est aussi l’occasion de décortiquer le fonctionnement de la justice. 
Si tant d’affaires criminelles ont défrayé la chronique de ce département rural, semblable à tant d’autres, c’est que trop de gens n’ont pas agi comme ils auraient dû. Ils ont laissé les criminels tuer en toute impunité, ont préféré regarder ailleurs quand il aurait fallu plus de vigilance, plus d’attention, plus de protection au regard de la fragilité des victimes. C’est cette histoire que j'ai souhaité raconter au travers de La conspiration du silence.