
« Une Amitié dangereuse » a pour personnage principal une femme libre et provocatrice malgré elle. L’arrivée de Marie de Rohan à la Cour de France, au XVIIème siècle, fut aussi dérangeante et scandaleuse que le fut celle de Lady Di, à la Cour d’Angleterre, au XXème. Le lien fort et solidaire qui unit Marie de Rohan à Anne d’Autriche est de l’ordre de la « sororité ». Le combat que ces deux femmes mènent contre l’homme qui opprime et humilie Anne, reine de France, trouve un écho dans l’actualité. Que les hommes soient roi ou simple citoyen n’y change rien. Les costumes et les décors du XVIIème siècle modifient l’angle et le regard mais certainement pas la pertinence du propos.
La beauté a une place importante dans cette histoire ; à la différence de Louis XIII dont le physique est ingrat et le corps souffrant, la plupart de nos personnages ont fait de leur attrait l’instrument de leur élévation sociale.
Lorsqu’elle arrive au Louvre, demeure royale, Marie de Rohan introduit rires et couleurs dans l’atmosphère compassée et neurasthénique qu’impose le roi Louis XIII. Trois ans auparavant, Anne et Louis étaient encore des enfants (ils avaient 14 ans) lorsqu’on les a mariés. La Reine-mère les a obligés à « consommer » le soir de leur noce. Ce fut un échec traumatisant ! Le jeune roi, honteux, ne s’en est jamais remis, et les conséquences de ce fiasco sont le sujet même de notre série, qui peut se résumer ainsi : « Il faut ramener le roi dans le lit de la reine ! ».
Marie va donc entreprendre de rapprocher le couple royal, désuni depuis trop longtemps. Par légèreté, par goût de l’intrigue, du risque et des jeux extrêmes, mais aussi par amour, elle va se lancer dans des combats dont elle perdra peu à peu le contrôle.
L’amour sous toutes ses formes, du plus sensuel au plus destructeur, est le thème qui court tout au long de la série ; l’amour qui selon Thomas Mann « n’est rien s’il n’est pas folie, une chose insensée, défendue… ».
Et c’est bien de cela qu’il s’agit quand on voit le comportement passionnel de Marie avec le comte de Holland, ou celui irrationnel du duc de Buckingham follement épris d’Anne d’Autriche, ou bien encore celui suicidaire du comte de Chalais qui mourra pour avoir trop voulu posséder le corps de la divine Marie de Rohan.
Alain Tasma, réalisateur et coscénariste