Apocalypse
Hitler attaque à l’Ouest 1940 & Hitler attaque à l’Est 1941-1943

Pourquoi deux nouveaux opus sur la Seconde Guerre mondiale ?

I. C. : Nous avons réalisé en 2011 Apocalypse Hitler, qui retrace l’ascension d’Hitler et sa prise de pouvoir en 1933. Dans ces deux nouveaux opus, nous voulions continuer à explorer sa personnalité et comprendre comment cet être solitaire, rusé, manipulateur, toxicomane a entraîné le monde dans une guerre mondiale. L’année 40 est l’année où le destin de l’Europe bascule. En quelques semaines, Hitler parvient à faire ce que l’empereur d’Allemagne n’avait pas réussi en quatre années de guerre en 1914.

D. C. : Cette victoire fulgurante à l’Ouest le persuade d’ouvrir un nouveau front à l’Est en 1941, en dépit de toute logique militaire. Ce qui est passionnant, c’est que cette histoire est vue à travers lui.

I. C. : Le point de vue d’un être banal qui devient un tueur en série. Ces deux opus nous ont aussi permis de raconter que dès 1940, avec l’aide du régime de Vichy, les Juifs sont internés dans des camps en France avant d’être remis aux nazis. Nous avons aussi pu montrer les images rares de la Shoah par balles, page toujours méconnue de la Seconde Guerre mondiale. Dès le début de l’année 1941, avant les chambres à gaz et les camps d’extermination, 1,5 million de personnes ont été tuées dans cette Shoah par balles.

Qu’avez-vous découvert en réalisant ces épisodes sur ces deux fronts qui ont été des tournants de la guerre ?

D. C. : Nous avons véritablement compris le mécanisme de ces deux attaques fondamentales, contre la France et contre la Russie. L’une amène l’autre. C’est exactement la promesse du titre. Hitler va de bluff en bluff, il attaque pour agrandir son territoire, régner, s’enrichir, et il met à genoux la France. Alors Hitler se sent le maître du monde et attaque l’URSS, le pays de Staline. Mais là, c’est une autre paire de manches !

I. C. : Littérature et cinéma ont pendant longtemps cristallisé la mémoire de la débâcle de 1940 sur les colonnes de réfugiés, refluant en désordre à travers la France. Mais ceux qui l’ont vécue l’ont racontée. En réalité, la France n’a pas complètement démérité. Contrairement à la légende, les Français se sont bien battus. Et entre le 26 mai et le 4 juin, pendant la bataille de Dunkerque, les Français ont été héroïques pour sauver l’armée britannique.

Quelles sont les séquences les plus étonnantes ? Bouleversantes ?

I. C. : Nous avons collecté, avec notre équipe de documentalistes, toutes les images d’Hitler existant sur cette période. Hitler est omniprésent, on le découvre dans son chalet des Alpes entouré de sa maîtresse cachée, dans son train spécial, dans ses différents QG, on le révèle rusé, manipulateur… on le voit vieillir. Hitler échappera à 42 attentats, il se méfie du poison. Le témoignage de Margot Völk, goûteuse d’Hitler, est poignant.

D. C. : Un moment très étonnant, c’est un cinéaste amateur qui filme sa fille en aube blanche, un cierge à la main, et qui va faire sa première communion pendant que, derrière elle, défilent lentement des camions ouverts avec des familles et des matelas, les réfugiés du grand Exode de l’été 1940… Ce sont les images de la famille Bignon, photographe portraitiste à Gisors, qui filme durant toute la guerre. À l’image des Français, Fernand Bignon vit dans l’illusion que la guerre n’aura pas lieu.

I. C. : Nous avons aussi été marqués pas ces images de la barbarie du quotidien des Allemands lorsque la chasse aux Juifs commence. On assiste au déshabillage d’un Russe pour montrer qu’il est circoncis, puis il sera pendu. Et ces photos des victimes de la Shoah par balles à Babi Yar, hommes, femmes et enfants photographiés juste avant d’être exécutés par les Allemands parce qu’ils sont juifs.

Comment se passe la collaboration avec Mathieu Kassovitz ?

D. C. : Pour nous, Mathieu Kassovitz est la voix grave, fiévreuse, forte, précise et belle dont nous avons besoin. Depuis le premier opus d’Apocalypse, nous ne sommes pas quittés, ça va faire une quinzaine d’années, si on ne s’aimait pas, si on ne s’estimait pas, ça ne serait jamais arrivé. Nous sommes très fiers de ce long et magnifique parcours ensemble. Merci, Mathieu.

Le dernier épisode se termine en 1943. Avez prévu d’aller jusqu’en 1945 ?

I. C. : Oui, nous préparons Le crépuscule d’Hitler 1943-1945, ces deux nouveaux épisodes sont donc la suite – et fin – d’Hitler. Nous entrerons dans cette période tragique dans laquelle vont s’engloutir l’Allemagne, les nazis et Hitler, un crépuscule aux accents wagnériens.