"LOIN DES QUARTIERS NORD"

"Loin des quartiers Nord" est le portrait d'un jeune homme de 22 ans qui tente de construire sa vie d'adulte. De parents immigrés mahorais, DK a grandi dans l'un des quartiers les plus pauvres de Marseille.

Exclu très jeune de l'école et du cocon familial, DK est animé par une soif immense de reconnaissance. Il n'a qu'une carte à jouer pour réussir, la musique et la danse. Des projets se mettent en route, mais l'absence de son père, parti quand il n'avait que quatre ans, tourne en boucle dans sa tête et l'empêche d'avancer. A travers sa voix, DK nous entraîne dans sa quête, aussi intime qu'universelle, celle de venir adulte et reconnu pour ce qu’on
est.

Note d’intention de Benjamin Géminel

DK a des rêves et incarne un passage de l'existence. Avec toutes les particularités de ses origines, de son milieu et de ses contradictions, DK est en train de devenir un adulte. Cet enjeu universel permet de creuser en parallèle les particularités de DK : son identité, son cheminement affectif, son ambition professionnelle et son rôle dans la société.

DK me permet de télescoper des univers et des personnages aux antipodes, ses souvenirs d’enfance douloureux, ses rêves d’adulte et son quotidien de jeune homme, tiraillé par des motivations ambivalentes. DK me permet de découvrir les quartiers Nord, la diaspora comorienne dont Marseille est la capitale mondiale, le milieu du Afro Hip Hop , de la danse contemporaine...

J’observe un homme se construire, qui oscille entre naïveté et détermination. La mue s’opère jour après jour, elle est visible.
DK est sur le fil. C’est cette fragilité qui me semble importante à raconter. Il concentre espoirs et angoisses, talent et
autodestruction, diversité de cultures et enfermement dans un milieu social. DK navigue au gré des rencontres sans jamais complètement accorder sa confiance, ni être d’ailleurs tout à fait digne de confiance. Et pourtant il est touchant. Ce jeune, loin de ses parents, a su se reconstituer une famille et tous cultivent à son égard, une tolérance et une patience immense.

C’est cette “capacité à séduire” qui m’a fasciné et m’a décidé à plonger dans son univers. DK n’est pas un héros. Le film ne raconte pas le parcours d’un “jeune de la cité” qui va accéder à la réussite. Il a du talent, c’est certain. Mais il va devoir gagner sa place. Et ce ne sera peut-être pas celle qu’il imagine. Je n’ai voulu raconter une “success story”, pas plus que l’histoire d’un échec. J’ai voulu nous entraîner sur son fil.

Les questions de vie affective, de rôle social, de carrière et d’identité traversent le film, se posant à chaque étape de la vie de DK. Elles ont guidé chacun de mes tournages. Au montage, il a fallu retrouver le souffle qui
anime et lie ces différents axes. Puis, par l’écriture d’une voix off avec DK, lui donner une voix et la force d’un regard rétrospectif
sur les 18 mois que nous avons partagé.

La première partie du film nous montre DK dans sa recherche d’un mentor. Il est encore
hanté par le souvenir de l’abandon de ses parents et cherche celui ou celle qui lui apportera un cadre, des conseils, de
l’encouragement, de la reconnaissance, de l’amour. DK met alors la confiance de tous ses proches à l’épreuve, en leur jetant au visage
ce qu’il a de plus brillant comme ce qu’il a de plus dur, de violent, de destructeur. Ses séquences sont filmées très près de DK. La
caméra le suit, presque collée à lui.

Dans la seconde moitié du film, c’est la phase de la métamorphose. Marie-Christine, pourtant la plus malmenée, a le mieux résisté à l’épreuve de la fidélité. DK est maintenant sûr de pouvoir la suivre. C’est le grand moment de l’engagement professionnel, affectif. C’est le passage à l’âge adulte et la clef de la réconciliation avec sa famille et ses origines. La forme du film est également plus posée, les cadres sont plus larges, fixes, l’empathie a opéré et c’est l’énergie de DK qui nous emporte.

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Biographie de Benjamin Géminel

Benjamin Géminel est né en 1976 à Nanterre et vit à Marseille. Photographe indépendant pour plusieurs magazines et
journaux.
Il publie deux livres : La voiture est dans la pirogue, puis Album de Famille(s), un travail sur les habitants des HLM de Bondy.
Ces commandes, qu’il s’approprie toujours en une recherche personnelle , lui ont permis de photographier depuis plus de dix ans les banlieues françaises.

2015 : Réalisation de « Congo Paradiso », documentaire de 52 mn, co-réalisé avec Tristan Thil, avec le soutien d’UNICEF, du CNC et de la région PACA. PRIX CITOYEN CEMEA 2016, PRIX JEUNE VISION FESTIVAL MILLENIUM 2017. PRIX ARRIMAGE 2017, Diffusion TV5 Monde. et RTBF-3

2013-2014 : Reportages au Congo RDC avec les enfants-soldats, Bourse du Talent #58, Prix Infracourts, exposition itinérante à la BNF, à la Maison de la Photographie de Lille et à la fédération Léo Lagrange.

2005-2015 : Pigiste pour le CG de Seine-Saint-Denis, l’OPHLM de Gennevilliers, la mairie de La Courneuve, la Fédération Léo Lagrange, l’ANCV, Textuel, L’Humanité.

2010 : Publication d’Album de Famille(s), exposition à la Galerie Benj. Exposition Gardiens, gardiennes à l’OPMHLM de Gennevilliers.

2009 : Création de la Galerie Benj. Expositions : Les Sauteurs de Mtwara, HLM à Gégène, Mémed était mort. Coup de coeur Bourse du Talent catégorie reportage pour la série Samedi matin, place du parking.

2008 : Photographies pour le documentaire Racines, 2x90 min, réalisé par Patricia Bodet, Jean-Denis Robert, prod. Yami2 pour Canal+.

2007 : Mon Hôpital à moi, reportage au service pédiatrique de l’hôpital de Garches, prix de la Fondation de France.

2001-2006 : Photographe, collectif Itinérance. Exposition De Nanterre à Craïova aux Rencontres Européennes du livre à Sarajevo, au Cloître Saint- Louis à Avignon, à la Villette, à la Maison de l’Europe et de l’Orient. Pigiste à l’agence Pollen, pour l’OPHLM de Gennevilliers et le CG de Seine- Saint-Denis. Participation au projet Images en itinérance, en France, Italie, et en Europe de l’Est.
Exposition et participation à Mostra-T, rencontre de jeunes artistes européens (Italie)