Interviews des producteurs

 

Alastair Fothergill, producteur exécutif

 

« Huw Cordey et moi trouvions qu’aucun documentaire n’avait encore rendu justice au pouvoir et à la beauté des forces de la nature qui façonnent toute forme de vie sur notre planète.
Il existe beaucoup de documentaires sur l’environnement, mais Une planète parfaite a une toute autre ambition. Notre objectif est d’aller contre certaines idées reçues, celle par exemple selon laquelle les forces de la nature, comme l’activité volcanique, sont négatives et destructrices.
Nous racontons l’histoire de ces forces, en choisissant le point de vue des animaux et des plantes, dont les vies sont dominées par ces forces.


Cette série ne pouvait arriver à un meilleur moment : nous prenons tous conscience de l’impact de l’activité humaine sur les bouleversements de notre planète. Question à laquelle nous étions déterminés à répondre avec la plus grande honnêteté. »

Interview de Huw Cordey, producteur de la série

 

Quelle était l’idée initiale à la base d’« Une planète parfaite » ?

 

L’idée de la série était de montrer comment les forces de la nature – les volcans, le soleil, les courants marins et le climat – nourrissent la grande diversité de la vie que nous avons sur notre planète. C’est la première fois qu’on regarde les animaux sous le prisme des forces qui façonnent notre Terre. C’est un programme animalier avec des histoires fortes et intimes, mais aussi une découverte des sciences de la Terre. Cette série a l’ambition d’offrir au téléspectateur une meilleure compréhension du fonctionnement de notre planète. Pour que la vie se développe, notre Terre a besoin du parfait équilibre entre ces forces naturelles, qui sont au cœur de cette série. Sans les volcans, par exemple, nous n’aurions pas d’atmosphère respirable, pas d’océans et pas de terre.

Une planète parfaite montre comment ces forces ont contribué à la vie sur Terre et comment les animaux se sont adaptés à ces environnements extrêmes, offrant des comportements insoupçonnés. Les flamants nains utilisent un lac volcanique toxique pour se reproduire. Les fourmis de feu forment des radeaux dans la forêt amazonienne inondée. Chaque hiver, les grenouilles des bois gèlent et deviennent solides comme de minuscules blocs de glace. Et sur de l’île Christmas, en Australie, 50 millions de crabes rouges migrent au début de la saison des pluies vers la côte où ils pondent des milliards d’œufs dans la mer. 

Une planète parfaite est une célébration de notre planète.

Pourquoi cette série aborde-t-elle aussi l’activité des hommes et son influence sur la nature ?

 

Cette série aurait été incomplète sans l’évocation de l’homme et de son impact sur l’environnement. Nous, les hommes, sommes l’espèce animale la plus nombreuse après le rat brun et notre activité menace toujours un peu plus l’équilibre de notre Terre. Un impact tel que les scientifiques parlent de nouvelle ère géologique, « l’anthropocène » – où l’activité humaine se révèle la principale force de changements sur Terre.

À cause de l’utilisation de combustibles fossiles, nous rejetons maintenant plus de dioxyde de carbone que tous les volcans du monde réunis. Ce gaz déstabilise notre météo, bouleverse les courants marins, réchauffe notre planète et a des conséquences désastreuses pour l’humanité et pour la biodiversité. Actuellement, nous perdons des espèces à un rythme 1 000 fois plus rapide que la normale. C’est pourquoi de nombreux scientifiques alertent maintenant sur le fait que nous vivons une sixième extinction de masse.

La série montre comment tout cela est arrivé, mais aussi comment faire pour inverser les choses. La réponse peut être trouvée dans l’exploitation des forces naturelles, puisque l’énergie verte – éolienne, solaire et thermique – peut facilement subvenir aux besoins de l’humanité.

 

 

 

Quels étaient les principaux challenges de la série ?

 

Chaque série emblématique se doit de placer la barre encore plus haut que la précédente, d’autant que le public attend beaucoup de ces histoires d’animaux, et notamment des séquences inédites. Pour les équipes de tournage, cela exige de nombreux risques, comme filmer les iguanes au pied du volcan actif Fernandina, aux Galápagos. Davantage de personnes sont allées dans l’espace qu’au pied de ce cratère volcanique !

 

Avez-vous filmé de nouvelles espèces ?

 

Les pinsons vampires – reconnus officiellement en tant que nouvelle espèce en 2018 –, qui vivent sur une île très isolée et inhabitée des Galápagos. Personne ne les avait filmés pour la télévision depuis trente ans. Il y a aussi des comportements exceptionnels, qui ont été filmés pour la première fois, par exemple, les requins à pointes noires sortant de l’eau pour attraper des poissons sur Lizard Island ; des seiches flamboyantes s’accouplant et déposant des œufs ; des tortues géantes d’Aldabra à la recherche de grottes ; des loups blancs poursuivant des bœufs musqués dans la nuit polaire.

 

Le développement de nouvelles technologies – en particulier les drones – nous a permis de filmer des espèces qu’il était difficile de filmer auparavant. Par exemple, des ours pêcheurs au Kamtchatka, les chameaux de Bactriane dans le désert de Gobi, un des grands mammifères les plus rares de la planète.

 

 

 

Comment le tournage de la vie sauvage a-t-il évolué durant la dernière décennie ?

 

La technologie a certainement fait d’immenses progrès et nous permet de filmer des séquences impossibles à tourner auparavant. Grâce aux nouvelles caméras, il est désormais possible de filmer dans l’obscurité, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans, ce qui rend les tournages dans des lieux comme la jungle bien plus faciles. Les objectifs sont devenus plus puissants, nous permettent de filmer à grande distance et d’obtenir des scènes rares et inédites. Il y a eu d’énormes développements dans la technologie des caméras amovibles, des systèmes manuels gyrostabilisés qui offrent des séquences d’action de grande qualité.

 

Et puis les drones ont beaucoup changé les choses. Avant, la technologie des batteries pour les systèmes de contrôle à distance et aériens ne permettait de filmer que quelques minutes de vidéo, et les drones étaient bruyants et peu stables. Maintenant, on peut garder un drone dans les airs jusqu’à trente minutes. Ils sont plus petits, bien plus silencieux, et ils dérangent moins les animaux que vous essayez de filmer. Ces drones sont plus stables et offrent des prises de vues exceptionnelles.

 

 

 

Quel est votre moment préféré de la série ?

 

Mon moment préféré, c’est sans doute la séquence aérienne des flamants nains qui construisent leurs nids sur le lac Natron. Cet événement n’a lieu que tous les cinq ans, et reste méconnu. Alors pouvoir capturer ce spectacle était un énorme succès pour l’équipe.

De fait, ces extraordinaires plans de drones de milliers de flamants se reproduisant sur le lac Natron, avec le volcan Ol Doinyo Lengaï surplombant la scène, c’est quelque chose de magique !

 

 

 

 

 

Valérie Blanchet
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