
Le maïs, on en voit dans les champs un peu partout en France, mais on en mange très très peu ! Cette céréale absorbe un quart de toute l’eau consommée en France. Hugo Clément a suivi les tracteurs pour savoir ce que devient tout ce maïs.
Édito de Hugo Clément, journaliste
Quand je me promène autour de chez moi, dans les Landes ou dans les Pyrénées-Atlantiques, je vois des champs de maïs à perte de vue. Quand je rends visite à mes grands-parents en Alsace, je vois aussi du maïs partout. Je me suis rendu compte que cette culture faisait polémique dans de nombreuses régions de France. C’est d’ailleurs la seule monoculture de France : quand on fait pousser du blé ou de l’orge par exemple, il y a souvent des rotations avec d’autres cultures d’une saison à l’autre.
En Alsace, cette monoculture cause la disparition du magnifique grand hamster, un petit animal très attachant. Dans le Sud-Ouest, cette culture demande une telle quantité d’eau que les habitants ne supportent plus de devoir limiter leur utilisation d’eau alors que des agriculteurs irriguent à tout-va.
J’ai voulu savoir ce qu’on fait de tout ce maïs. Pourquoi est-ce qu’on en produit autant ? On en cultive plus de 2,5 millions d’hectares, c’est aussi grand que toute la Bretagne ! Je m’attendais bien à arriver dans les élevages industriels, mais pas à arriver dans des ports industriels, ni dans des usines. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que ce maïs est utilisé pour être transformé en sirop de glucose. On extrait en fait le sucre du maïs pour le mettre dans tous les produits transformés, dans toute la malbouffe. On en retrouve aussi dans les produits salés, partout.
Des séquences exceptionnelles
Le maïs devient du gaz ou du carburant
En suivant les remorques remplies de maïs, on s’attendait à rejoindre des élevages. On est finalement tombés très souvent sur des sites industriels. Le maïs sert en fait souvent à faire du gaz de ville, qui arrive chez nous, comme il est très méthanogène. Il y a aussi du maïs dans le sans-plomb qu’on met dans nos voitures.
On a remonté les réseaux souterrains d’irrigation des agriculteurs sur plusieurs kilomètres
D’où vient toute l’eau qui sort des rampes d’arrosage automatique qu’on voit en passant en voiture ? Nous avons remonté les réseaux d’irrigation jusqu’aux pompes. Elles prennent de l’eau dans les rivières, de plusieurs régions de France, parfois même en pleine vigilance canicule.
Un adorable animal sauvage disparaît à cause de la monoculture de maïs
Il s’appelle le grand hamster d’Alsace. On le surnomme aussi « la marmotte de Strasbourg ». Avec son pelage tricolore, il est la mascotte de toute la région. C’est un petit animal attachant qui hiberne pendant l’hiver. Ce hamster a besoin de grandes herbes pour se cacher de ses prédateurs quand il sort de son terrier au printemps. À cause de la monoculture du maïs, à la fin de l’hiver, il ne découvre que des champs totalement vides : il est aujourd’hui classé en danger critique d’extinction.
On bâche des champs entiers avant de planter du maïs
C’est une technique qui permet de réchauffer le sol et de faire pousser du maïs là où le climat n’est pas tout à fait adapté. C’est présenté comme du plastique biodégradable mais ça ne fait que rajouter du plastique dans le sol.
Du maïs irrigué dans le sud-ouest rejoint… un port industriel
C’est dans le sud-ouest de la France qu’il y a le plus de frictions au sujet de la ressource en eau entre les habitants et les agriculteurs. En suivant les camions du sud-ouest, nous sommes arrivés dans un port industriel. Chaque année, un tiers du maïs grain produit en France est exporté à l’étranger. La plupart du temps, il rejoint des élevages industriels de poulet ou de cochons.
Des combattants
Charlotte Kerglonou
Charlotte est éleveuse de vaches laitières en Bretagne. Elle se bat pour réduire la place du maïs dans sa région, dans les champs comme dans les méthaniseurs.
Agnès Baudrillart
Combattive et attachante, Agnès Baudrillart se bat pour la qualité de l’eau en Charente. Cette retraitée est très remontée contre l’irrigation du maïs dans sa région et nous révèle les débouchés de cette céréale si précieuse.
Daniel Reininger
Avec son association Alsace Nature, Daniel se bat contre la monoculture de maïs dans sa région. Ces pratiques ont conduit à la quasi-disparition du grand hamster d’Alsace, tout cela pour produire notamment de l’amidon.
Pierre Slamich
Avec son application Open food facts, Pierre Slamich nous aide à décrypter les étiquettes de nos produits préférés en supermarché. Il nous révèle que l’immense majorité contient du glucose et du fructose, le sucre issu du maïs, particulièrement mauvais pour la santé.

Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Mathilde Bouttemy
Unité documentaire
Antonio Grigolini
Amandine Picault
Benoît Raio de San Lazaro
À voir sur
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