Quel avenir pour Okoo, la marque jeunesse de France Télévisions ?

Entretien avec Amandine Roussel, directrice Okoo et Slash.

Le 6 juin prochain, Okoo, l'offre jeunesse de France Télévisions, déménage sur la 4 et rejoint ainsi le trio des chaînes du groupe sur la TNT. Elle reste également disponible sur l'appli dédiée et sur la plateforme france.tv. Amandine Roussel nous explique les enjeux d'une telle bascule pour Okoo. 

 

Le 6 juin prochain, France 4 s’installe sur le canal 4. Un changement hautement symbolique, mais aussi stratégique. Concrètement, quelles transformations ce positionnement va-t-il impliquer pour les offres Okoo ?

En réintégrant le bouquet des chaînes de France Télévisions, Okoo réaffirme sa place dans la photo de famille du groupe. Par ailleurs, ce repositionnement facilitera les bascules entre nos chaînes. Les enfants et leurs parents n’auront plus à naviguer parmi des chaînes d’info ou de sport pour retrouver Okoo : le passage se fera en un clic.

Faut-il y voir une volonté de réaffirmer la place du linéaire, à une époque où l’usage délinéarisé domine chez les jeunes publics ?

Depuis son lancement en 2019, Okoo est pensé comme une offre 360°. La plateforme et la chaîne font partie d’un même écosystème éditorial. Elles sont construites autour d’un catalogue commun de programmes. Aussi, nous tenons à les considérer avec un même niveau de priorité.
Cependant, la télévision reste l’écran le plus consommé par les enfants. Chaque mois, elle rassemble 3,8 millions d’enfants autour de l’offre Okoo. Le linéaire joue donc un rôle essentiel dans le rayonnement de la marque.

À l’ère de la plateformisation, quels avantages peut-on encore tirer du linéaire ?

Grâce au linéaire, nous tissons un lien quotidien avec notre public, qui se rassemble autour de rendez-vous à heures fixes, des rituels que les plateformes ne peuvent pas créer. Autre point fort de la télévision : l’incarnation. C’est sur ce vecteur émotionnel que repose le succès d’Okoo-koo, notre émission d’accueil portée par quatre jeunes animateurs auxquels les enfants se sont attachés.

Amandine Roussel, directrice Okoo et Slash

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« Grâce au linéaire, nous tissons un lien quotidien avec notre public, qui se rassemble autour de rendez-vous à heures fixes, des rituels que les plateformes ne peuvent pas créer. »

Okoo vient de battre un double record d’audience au premier trimestre. Le passage au canal 4 pourrait-il jouer un rôle d’accélérateur de cette dynamique ? Vous projetez-vous dans un leadership assumé face aux autres acteurs du paysage jeunesse, comme Gulli, Disney Channel ou YouTube Kids ?

En effet, la visibilité d’Okoo devrait être renforcée par cette bascule. Par ailleurs, elle est une occasion de renforcer notre complémentarité avec les autres chaînes du groupe et de repenser l’articulation entre l’offre jeunesse en journée et les programmes culturels du soir. Jusqu’ici, Okoo et Culturebox coexistaient en proposant deux univers très différents. À terme, nous voulons faire de France 4 une chaîne familiale, offrant une programmation cohérente tout au long de la journée. En juin, nous diffuserons par exemple une collection de films du studio Ghibli, à partager en famille le samedi soir.

À partir du 6 juin, les marques France 2 / 3 / 4 / 5 vont progressivement s’effacer au profit d’une marque ombrelle unifiée : france.tv. Comment Okoo va-t-elle s’intégrer au sein de cette nouvelle architecture de marque ?

Car il est essentiel de sanctuariser l’univers jeunesse, Okoo restera une marque à part entière. Sur le linéaire, le logo Okoo est un repère clair pour les enfants et leurs parents, un signal qui leur permet de s’assurer qu’ils sont dans un univers adapté, sécurisé et sans publicités.

Ce changement de canal peut aussi être déstabilisant pour certains publics. Quelles actions d’accompagnement mettez-vous en place pour préparer les spectateurs – parents comme enfants – à cette transition ?

Cette transition ne doit pas être synonyme de rupture. Il s’agit de l’inscrire dans la continuité de ce que nous avons construit depuis cinq ans. Par ailleurs, un dispositif est déployé depuis les vacances de Pâques pour acclimater les enfants à la bascule, sans perturber leurs habitudes. Quelques posts ludiques mettant en scène nos héros ont été diffusés pour l’occasion.

En quoi la promesse éditoriale d’Okoo se distingue-t-elle de celle des autres plateformes jeunesse concurrentes (Gulli, YouTube Kids, Disney+…) ?

Contrairement à nos concurrents, notre modèle est totalement gratuit et sans publicité. Okoo détient le plus grand catalogue jeunesse à la demande en accès libre. Surtout, nous nous différencions par la diversité de notre offre. Nous investissons tous les formats d’animation – cartoon, 2D, 3D, stop motion – et veillons à diversifier nos récits, pour ne jamais céder à l’uniformisation des contenus. De Petite Casbah – récit historique sur la guerre d’Algérie – à Simon Superlapin – adaptation littéraire inspirée de l’œuvre de Stéphanie Blake –, en passant par Ninjago – grande licence internationale –, il s’agit de convoquer un maximum d’imaginaires. En parallèle de ces séries d’animations, nous développons notre ligne généraliste, en investissant les terrains de la fiction, du magazine et, prochainement, du documentaire.
Enfin, nous offrons un catalogue adapté et individualisé en fonction de l’âge de l’enfant, qu’il renseigne en créant son compte. Pilotée par des humains, cette personnalisation éditoriale ne repose pas sur des algorithmes automatisés ; c’est un avantage concurrentiel non négligeable.

« À terme, nous voulons faire de France 4 une chaîne familiale, offrant une programmation cohérente tout au long de la journée. »

Propos recueillis par Agathe Souchu

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