Indochine, une guerre oubliée

Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947)

Emprisonné en 1940, il s'échappe pour rejoindre le général de Gaulle à Londres. Il est envoyé en Afrique-Équatoriale française et parvient à rallier le Cameroun, le Gabon, et le Tchad à la France libre. En 1944, il débarque en Normandie avec les Américains et se voit confier la libération de Paris avant de mener le combat final en Allemagne.
La guerre battant encore son plein en Indochine, Leclerc est dépêché sur place pour restaurer l'autorité française et représenter la France lors de la reddition japonaise. Conscient de l’importance du mouvement nationaliste vietnamien, Leclerc use à la fois de tactiques militaires et diplomatiques pour rétablir l’ordre en Cochinchine, en Annam et au Tonkin fin 1945-début 1946.
Léon Blum le rappelle en Indochine en 1946, mais Leclerc refuse de succéder à l’amiral d’Argenlieu, craignant une escalade militaire et un manque de soutien de la métropole.

Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952)

Chef d’État-major de la 5^e armée en 1939, il décide de s’aligner avec le maréchal Pétain à l'issue de l'armistice de 1940. Le 11 novembre 1942, il s'oppose à l'entrée des troupes allemandes en zone libre, ce qui le condamne à dix ans de prison sur ordre de Vichy.
Il s’évade et est exfiltré par avion vers Londres pour se rallier au général de Gaulle. Sous les ordres de son ancien cadet, il prend en charge les forces françaises destinées à débarquer en Provence, et est désigné pour cosigner l'acte de capitulation allemande à Berlin le 8 mai.
Sa carrière dans l'armée se poursuit en Indochine en 1951, où il exerce un contrôle absolu tant sur le plan civil que militaire, jusqu'à son décès d'un cancer en 1952.

Pierre Mendès France (1907-1982)

Député radical-socialiste et résistant, il fut un défenseur de la décolonisation et une figure avant-gardiste de la gauche sous la IV^e République.
Opposant du maréchal Pétain et emprisonné par le régime de Vichy en 1940, il s'évada pour rejoindre la France libre du général de Gaulle et devient ministre de l'Économie en 1944.
En tant que président du Conseil, il négocia avec diplomatie la décolonisation de la Tunisie et le départ des troupes françaises d’Indochine dans les accords de Genève de 1954.
Renversé en 1955 pour ses positions sur l'Algérie, il s'oppose à de Gaulle en 1958 et critique vivement la V^e République. Pierre Mendès France continua de défendre les idéaux socialistes et la paix au Proche-Orient jusqu'à sa mort en 1982.

Georges Bidault (1899-1983)

Professeur et journaliste, il dénonce le fascisme et le nazisme en s'opposant fermement aux accords de Munich en 1938. Durant la Seconde Guerre mondiale, il devient une figure majeure de la Résistance française, assumant des rôles clés au sein du Conseil national de la Résistance, et contribuant activement à l'insurrection de Paris.
Après la guerre, Bidault cofonde le Mouvement républicain populaire (MRP) et occupe plusieurs fonctions politiques importantes, notamment celle de président du Gouvernement provisoire et du Conseil.
En tant que ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises entre 1944 et 1954, Georges Bidault joua un rôle crucial dans les négociations du pacte franco-soviétique et la formation d'une politique axée sur l'Alliance atlantique et l'Union européenne.
Dans les colonies d’Indochine et d’Algérie, il se montre jusqu’au-boutiste souhaitant à tout prix conserver ces territoires. Son adhésion à l'OAS contre la politique algérienne du gouvernement de Gaulle le conduit à un exil forcé en 1962.

Hô Chi Minh (1890-1969)

Fondateur et président de la République démocratique du Vietnam, il fut un révolutionnaire marxiste et une figure de proue de la décolonisation. Impliqué dans les efforts d'émancipation coloniale dès la conférence de Versailles en 1919, il fonde le parti communiste Indochinois en 1930.
À la suite de la capitulation japonaise en Indochine, il proclame la République démocratique du Viêt Nam le 2 septembre 1945 et en devint le premier ministre et président. Dès 1946, Hô Chi Minh s’engage dans une guerre d’usure des forces françaises fondée sur la guérilla. Pour conquérir son peuple, le révolutionnaire lance une campagne d’endoctrinement des masses paysannes, une guerre idéologique qui fera couler beaucoup de sang de compatriotes.
Après le retrait de la France en 1954 grâce aux accords de Genève, il poursuit la lutte pour la réunification du Viêt Nam, dont le sud est sous contrôle américain. Le symbole de la lutte anti-impérialiste décède le 2 septembre 1969, jour de l’indépendance du Vietnam.

Vo Nguyên Giáp (1911-2013)

Fervent communiste et stratège du Viêt Cong, il fut un acteur majeur de la guerre d’Indochine et du Vietnam. Co-fondateur du Viet Minh avec Hô Chi Minh en 1941, il orchestre dès 1944 une opposition aux Français.
Devenu ministre de l’Intérieur puis de la Défense du gouvernement de Hô Chi Minh, il dirige l'Armée populaire du Vietnam, essentielle au Viet Minh. Giáp mène une guerre d’usure contre l'Union française jusqu’en 1954, remportant la bataille de Diên Biên Phu. Promu ministre de l'Intérieur puis ministre de la Défense du premier gouvernement vietnamien, son leadership persiste jusqu'à la chute de Saïgon en 1975, symbolisé par l'offensive du Têt en 1968.
Son rôle tactique est crucial dans le retrait des troupes américaines et les négociations de paix à Paris. Malgré son éloignement politique après la guerre, sa réputation de héros national et de génie militaire reste intacte.