Valérie John, la femme indigo ©BÉRÉNICE MÉDIAS CORP.
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Valérie John, la femme indigo

Valérie John est une figure majeure de l’art contemporain en Martinique. Plasticienne contemporaine reconnue par ses pairs, elle est  nommée en 2022 pour le prestigieux prix AWARE1. Chevalière des Arts et des Lettres, ses œuvres sont exposées dans la Caraïbe, en France, en Afrique, aux États-Unis et au Canada. 

En parallèle, l'artiste enseigne et développe une pratique de tissages et d’accumulations à base d’indigo. Cette teinture naturelle bleue porte une charge magique en Afrique, où elle a vécu, et une charge historique aux Antilles où sa culture a marqué les débuts de l’esclavage.
Vingt-cinq ans ans après son retour dans sa Martinique natale, Valérie John a exposé pour la première fois au Sénégal, un autre lieu qui l’a construite. À l’occasion de la 14e
 édition de la Biennale de Dakar, qui s'est tenue du 19 mai au 21 juin 2022, elle a conçu, organisé et présenté une installation.

Artiste profondément ancrée dans sa Martinique, Valérie John propose un œuvre universelle au cœur du « Tout-monde ». Portrait de cette artiste exceptionnelle dans ce documentaire inédit.

En 2022, Valérie John présentait pour la première fois son travail de création en terre africaine pour la Biennale d’arts de Dakar. Pour la plasticienne, qui vit et travaille en Martinique, l’enjeu était de taille. Il s’agissait de montrer l'apport du Sénégal dans son parcours personnel et artistique.

En Martinique, nous découvrons Valérie John dans son atelier. Silencieuse, concentrée, elle découpe des papiers anciens qu’elle enduit et qu’elle colle verticalement ou horizontalement à la manière d’un tissage. Le résultat esthétique est envoûtant. Des pièces suspendues de couleur chair sont gravées de signes mystérieux et portent des « outre-noirs » irisés de reflets bleus.

Ces reflets révèlent la présence du matériau fétiche de Valérie John : l’indigo, dont l’apport est esthétique mais aussi symbolique. La teinture naturelle bleue fut la première production développée à grande échelle aux Antilles, pendant les débuts de la colonisation européenne au XVIIe siècle. Elle suscita la mise en place de la traite négrière, fondatrice des sociétés créoles. Une charge douloureuse puissante renforcée par le parallèle avec la teinte des eaux profondes de l’océan. L’indigo évoque la traversée des Africain.e.s. Les plasticiens Ernest Breleur et Victor Anicet nous le racontent.

Après la Martinique, le documentaire suit Valérie John dans les souvenirs de sa vie parisienne dans les années 1980. Elle vit alors dans un foyer catholique de jeunes filles dans le quartier Latin et étudie les arts plastiques à la Sorbonne. La jeune femme découvre la transgression, la liberté de l’art contemporain et le questionnement de la création. C'est aussi la connaissance de Youssoupha John, aujourd’hui décédé, un homme de théâtre sénégalais, qui devient son mari et qu'elle suivra pendant cinq ans à Dakar.

Une semaine avant l’ouverture de la Biennale d’arts de Dakar, Valérie John commence l’installation. Dans une galerie, les murs d’une grande pièce tournée vers la mer sont recouverts de bleu. Dans cet écrin, les pièces prennent forme sous nos yeux. Le résultat est une fusion des influences caribéennes, africaines et européennes. Un travail plastique universel autour d’un credo : « tisser le monde ».

1 AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions) agit depuis 2014 pour la visibilité des femmes artistes contemporaines partout dans le monde.

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52 min

Écriture et réalisation
Laure Martin Hernandez

Production
Véronique Chainon (Bérénice Médias Corp.)
France Télévisions


Avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée
et de la Collectivité Territoriale de Martinique

2022

Valérie John

Valérie John, la femme indigo ©BÉRÉNICE MÉDIAS CORP. Née en 1964 à Fort-de-France, Valérie John vit et travaille en Martinique où elle est revenue après des études d’Arts à la Sorbonne et après avoir vécu cinq ans au Sénégal. À Paris, elle rencontre et épouse Youssoupha John, un homme de théâtre sénégalais, avec qui elle aura deux enfants. Fille d’enseignants, elle a hérité de ses parents le souci de transmettre. L'artiste a dirigé l’école supérieure d’Arts de la Martinique (l’IRAVM). Elle a développé plusieurs formations artistiques en travaillant au rectorat, et aujourd’hui elle enseigne dans le lycée martiniquais spécialisé dans le design et les arts numériques. Sa pratique plastique de tissage et d’accumulation de strates plus ou moins apparentes de papiers, de textiles, de pigments, d’objets, apposées de signes mystérieux, convoque ses racines multiples : amérindiennes, africaines, européennes, qu’elle porte dans son sang comme dans son parcours de vie. Dans son œuvre, l’utilisation de la teinture d’indigo est centrale. Elle intervient comme une métaphore qui relie les trois continents. L’indigo détient une charge mystique en Afrique de l’Ouest où son travail est réservé aux femmes. En Europe, la demande a explosé au XVIIe siècle, provoquant les débuts de la déportation des Africains placés en esclavage aux Antilles, et la naissance des sociétés créoles.
Valérie John, la femme indigo ©BÉRÉNICE MÉDIAS CORP.

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