« Nos terres inconnues » dans le Vercors avec Claudio Capéo

PRÉSENTATION

 
« C’est une terre de hauts plateaux battus par les vents, au sud-est de la France. À la croisée des influences des Alpes et de la Méditerranée… Son nom réveille les fantômes de l’Histoire : le Vercors. Les résistants sont venus s’y réfugier. Désormais, les loups en ont fait leur territoire. Quels sont ceux qui, aujourd’hui, vivent ici, isolés par ces remparts de roche et de forêt ? »

C’est par ces mots que Raphaël de Casabianca ouvre ce nouvel épisode de Nos terres inconnues. Après l’île d’Ouessant, les Pyrénées, et la Corse au printemps dernier, cap sur le Vercors pour l'animateur globe-trotteur, qui embarque à ses côtés le chanteur et accordéoniste Claudio Capéo. 
Artiste à la personnalité généreuse, Claudio Capéo a été révélé par l’émission The Voice et par le succès de son titre « Un homme debout » (2016). Depuis, il enchaîne des Zénith à guichets fermés, et les albums, vendus pour certains à plus de 500 000 exemplaires. Pourtant, ce musicien originaire d’Alsace était loin d’imaginer être un jour en haut de l’affiche ! Fils d’immigrés italiens qui travaillaient dans la métallurgie, il a d’abord été menuisier, puis technicien de scène. La musique, « c’était un truc de copains ! » Il a d’ailleurs gardé la même bande de musiciens depuis ses débuts. 
Il raconte à Raphaël s’être senti emporté par le tourbillon médiatique de ces dernières années. Alors comment vivra-t-il cette déconnexion, et cette immersion au rythme de la nature ? Parenthèse inédite ou retour aux sources, comment se fondra-t-il dans les existences des Vertacomicoriens (le gentilé des habitants du Vercors) ? 

À cheval sur l’Isère et la Drôme, le massif du Vercors se dresse telle une citadelle naturelle. Au gré des vents, la brume révèle ou cache ses falaises. Les hivers y sont rugueux. Sur les Hauts-Plateaux, établis Réserve naturelle nationale, la nature est omniprésente, sauvage et majestueuse. De l’avis des habitants, on ne vient pas par hasard sur ces terres isolées. Eux forment une communauté de passionnés, des amoureux du vivant engagés à protéger leur bout du monde. C’est pour comprendre qui ils sont, et la raison de leur ancrage si fort, que Raphaël de Casabianca et Claudio Capéo parcourent le massif depuis Echevis, un petit village de 60 âmes aux portes du Vercors, jusque dans les hauteurs de Vassieux. Claudio Capéo et Raphaël de Casabianca donnent la parole à ces femmes et ces hommes qui les accueillent : Camille & Alexandre, qui ont choisi de devenir paysans, et visent une autonomie joyeuse et collective ; Manu, le spéléologue pour qui le temps s’arrête, dans les entrailles des falaises ; Yann, accompagné de son chien Kodiak, veille, lui, sur les destins des habitants de Vassieux-en-Vercors ; Yolande & Mick, ses beaux-parents, transmettent l’histoire du village, pour ne jamais oublier ; et Florent, qui initie nos voyageurs à une immersion en pleine nature, sensible et surprenante, dans les grands espaces sauvages du Vercors. Autant de visages de ce territoire qui, à travers leurs métiers et leurs passions, mettent en place leurs solutions pour un lien plus respectueux à l’autre, et à la nature. Des personnalités marquantes qui partagent leurs existences, leurs convictions et leurs espoirs.
 

LES PERSONNAGES

Camille & Alexandre, tisser une autonomie collective

C’est chez Camille & Alexandre que Claudio et Raphaël posent leurs valises pour la semaine. Originaires de la région parisienne, ces trentenaires amoureux ont choisi le Vercors pour y créer leur ferme paysanne. Tous deux y ont trouvé un équilibre et un objectif : vivre en famille de la terre. Leur ferme mêle élevage, maraîchage et transformation. « L’idée est que niveau nourriture, soit on puisse être autonome, soit fonctionner en troc, ou en très local, explique Alexandre. Qu’on puisse tisser du lien avec tout le monde, c’est pas parce que tu es autonome que tu es un ermite ! » L’échange est le maître mot : Camille et Alexandre partageront avec leurs hôtes « l’entraide du mardi », un rendez-vous où les voisins paysans viennent travailler en collectif, et déjouer ainsi la solitude qu’engendre parfois le rythme agricole. 

Manu, l’homme-araignée qui échappe au temps

S’il reste un endroit mystérieux dans le Vercors… c’est bien le cœur « tout noir » de ses falaises. Manu est spéléologue et secouriste-spéléo passionné. Si le Vercors est la Mecque de la spéléologie, Manu en est sans conteste un de ses plus enthousiastes explorateurs. A ses côtés, Claudio Capéo et Raphaël de Casabianca vont vivre une expérience de déconnexion totale : « Quand je suis sous terre, je ne suis pas ailleurs. Je ne m’inquiète pas des affaires du monde, de ci, de ça. Je suis là », prévient-il. Une attention au présent qui se double pour l’homme-araignée d’une attention totale à l’autre ; au-delà du dépassement de soi dans des conditions extrêmes, il souligne l’aventure humaine : « On est ensemble. Et on compte les uns sur les autres. » 

Yann, la ‘hotline’ de Vassieux-en-Vercors 

Sous des abords discrets, Yann est incontournable de la vie de Vassieux-en-Vercors. Déneigeur, pompier volontaire, il est aussi maître-chien. Son berger malinois, Kodiak, l’accompagne partout : une amitié et une connaissance mutuelle entre l’homme et l’animal, exceptionnelles, que Yann partage à Raphaël de Casabianca et Claudio Capéo. Avec Kodiak, ils interviennent pour porter secours et aider les habitants, à tout moment : « On est isolé, ici. Si le Samu doit venir, il peut mettre jusqu’à 45 minutes s’il neige ! Alors on a vraiment besoin de nous, les pompiers volontaires. »

Yolande & Mick, la mémoire en héritage 

Yann partage avec Yolande et Mick, ses beaux-parents, un attachement fort pour Vassieux et « l’esprit solidaire » qu’il y règne. Aujourd’hui retraités, ils ont vécu dans leurs familles les traumatismes que d’autres ne connaissent qu’à travers les livres d’histoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Vercors abritait de nombreux Résistants, s’attirant les représailles des Allemands. Quand Vassieux est bombardée en juillet 1944 – et détruite ! –, la cousine de Mick, Suzanne, doit se cacher… Son oncle est fusillé... Mick en a dessiné une BD. D’abord confidentiel, l’ouvrage est peu à peu plébiscité par les gens de la région. « Des instits en ont acheté pour parler de la guerre aux élèves : j’ai pas travaillé pour rien ! » sourit-il.
  
Florent, « le voyage est une improvisation perpétuelle ! »

Guide accompagnateur en montagne, Florent est une sentinelle : inlassablement, il enseigne comment lire la montagne, ses techniques de bivouac, pour mieux transmettre la place de l’homme et les défis que pose la préservation « de notre toute petite planète ». Florent a choisi de revenir s’installer dans le Vercors après un voyage au long cours à vélo. Il a troqué la petite reine pour les raquettes et les pulkas – un traîneau permettant de transporter du matériel – et il embarque Claudio Capéo, Raphaël de Casabianca et leur hôte Camille à travers les plateaux. Ils vont vivre une nuit de bivouac d’hiver au cœur de la forêt, une première pour Claudio ! Un retour à l’essentiel, une philosophie de la simplicité et de l’adaptation, auquel il initie nos voyageurs…

LES ENJEUX

Le Vercors présente des particularités géographiques et sociales qui ont façonné son histoire et son identité, faisant ressortir des enjeux que nous avons souhaité aborder dans ce film. 

Une citadelle naturelle, un écrin sauvage 

Le massif du Vercors demeure un territoire sauvage et confidentiel : sa densité de population est quatre fois plus faible que la moyenne nationale (23,6 hab./km2 contre 105,5 hab./km2). Sa géographie même donne une impression… d’insularité : un plateau de 60 kilomètres de long, sur 30 de large, à une altitude moyenne de 1 000 mètres, battu par les vents en hiver, parfois soumis à des températures extrêmes. Les aspirants aux expéditions dans le Grand Nord viennent s’entraîner sur les Hauts-Plateaux, où les conditions se rapprochent de celles des terres arctiques. Une géographie qui dicte son rythme au quotidien de nos héros, et que Raphaël de Casabianca et Claudio Capéo vont découvrir à travers leurs yeux. Les falaises calcaires recèlent également une particularité géologique : les scialets (les grottes) y sont innombrables ! Un terrain d’exploration infini. L’occasion d’une expérience unique pour notre duo de voyageurs : guidés par le spéléologue Manu, ils descendent des gouffres impressionnants, dans les entrailles du Vercors. Gare au vertige ! 

Une philosophie de l’engagement

Nos héros se rendent, tous, moteurs de leurs changements : chacun à leur échelle, ils créent un monde à leurs valeurs, en nouant des réseaux de solidarité. Pour Camille et Alexandre, c’est un projet de de vie : ils ont opéré des choix vers une agriculture biologique et permacole afin de consommer différemment, produire dans une ferme à taille humaine, et s’entraider entre paysans. Pour Yann, il s’agit de donner de son temps à la communauté, en tant que pompier volontaire, dans des campagnes qui en manquent ; un engagement qui n’est pas anodin, quand il faut pouvoir se rendre disponible en 15 minutes, à toute heure. Manu résume cette philosophie : « En spéléo, je suis responsable de moi-même, je dois faire attention à ceux de mon groupe, et je suis aussi responsable de ne pas déranger le milieu que l’on traverse. Si on est responsable de soi, de l’équipe, de son environnement, alors on travaille vers un équilibre. » Nos héros entendent agir le plus possible en conscience. Comment leurs trajectoires résonneront-elles avec celles de Claudio Capéo et Raphaël de Casabianca ?

Un passé tragique, un présent résilient

Le Vercors est marqué au fer rouge de l’Histoire. Dès 1942, il devient une terre d’accueil pour réfugiés et résistants. De nombreux maquisards affluent, le massif sert de base à la réception d’armes alliées. Mais, en juillet 1944, les Allemands lancent l’assaut sur Vassieux-en-Vercors : plus de deux cents personnes perdent la vie (dont 73 civils) et 97 % des constructions sont détruites. Vassieux deviendra une des cinq communes françaises désignées Compagnon de la Libération. Ici des familles ont vécu dans leur chair la Seconde Guerre mondiale. Comment en transmettre la mémoire, et que transmettre ? Claudio Capéo et Raphaël de Casabianca l’évoquent avec les beaux-parents de Yann, Mick et Yolande, enfants lors de la guerre. 

« Il faut ouvrir les yeux »

C’est une phrase lancée avec malice par Florent, tandis qu’il emmène nos voyageurs vivre une immersion sauvage sur le plateau de Vassieux. Avec passion, il rend Claudio et Raphaël vigilants aux traces de la faune dans la neige. Il transmet combien le massif, ce territoire « fragile », fut de tout temps une terre de passage : ainsi du retour du loup, aussi invisible à voir qu’il est omniprésent dans les discours. Pour Florent, renouer avec le vivant, c’est d’abord être attentif à ce qui nous entoure et en « prendre soin ». Comme Camille et Alexandre, il porte un regard conscient sur la biodiversité et les enjeux actuels. « Nos enfants pourront inventer, construire autre chose ici, mais on n’aura pas détruit l’endroit où ils pourront s’installer », dit Alexandre tandis qu’il travaille à la ferme. Un regard sur le monde, ouvert, et porteur d’avenir. 

Nos terres inconnues portent les mêmes valeurs que sa grande sœur, Rendez-vous en terre inconnue : le partage, l'émotion, la bienveillance et le grand spectacle de la nature.