
Interview croisée
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de l’événement ?
Stéphane Bern : Je suis très impatient, c’est un vrai plaisir. Avec Léon Zitrone et Pierre Tchernia, je fais désormais partie des animateurs qui ont présenté le plus souvent l’Eurovision !
Laurence Boccolini : Il est d’abord très rassurant pour moi d’être aux côtés de Stéphane, qui sera mon chef de file à l’antenne. Très stimulant aussi car, en prévision des demi-finales, j’écoute avec passion toutes les chansons en compétition. Enfin, cet exercice inédit est un vrai cadeau, j’aime l’Eurovision depuis que je suis toute petite.
Cette édition, dans le contexte sanitaire actuel, est-elle particulière ?
S. B. : Oui, bien sûr. C’était déjà le cas l’an dernier, où nous avons vécu un cauchemar avec son annulation. Cette année, la délégation française est autorisée à se rendre à Rotterdam, ce qui n’est pas possible pour toutes les délégations. Et puis cette édition 2021 est importante pour trois raisons : d’abord parce que nous espérons tous être sortis à la mi-mai de ce confinement, ensuite parce que notre pays figure en tête de tous les pronostics, qui la donnent soit gagnante soit en deuxième place. Enfin, notre état d’esprit aussi a changé depuis que nous avons gagné l’Eurovision junior avec Valentina.
L. B. : Il est vrai que, dans ce contexte, ce ne sera pas le même Eurovision que d’habitude. Mais, malgré les contraintes, nous avons à cœur d’en souligner le meilleur, de trouver les bons moments à partager pour que cette grande fête de la chanson reste communicative, bienveillante et captivante.
La présentation de cet événement nécessite-t-elle une préparation particulière ?
S. B. : En fait, j’essaie de me mettre au diapason de l’ambiance en écoutant les chansons, en me renseignant sur les autres artistes européens. Je travaille beaucoup avec notre chef de délégation, Alexandra Redde, qui a une énergie débordante et un enthousiasme communicatif.
L. B. : Pour moi, c’est un peu différent. Commenter les demi-finales les 18 et 20 mai me donnera un bon avant-goût musical des tendances et des pointures qu’on entendra le 22 mai à Rotterdam. Donc c’est plutôt aux surprises que je vais devoir me préparer. Et croyez-moi, il y en a toujours !
Que pensez-vous de Barbara Pravi ?
S. B. : C’est une artiste incroyable, bouleversante. Je suis de l’avis d’André Manoukian qui voit en elle notre deuxième Barbara. « Voilà » est un titre magnifique qu’elle interprète avec ses tripes, mais aussi avec subtilité et émotion. Barbara incarne cette chanson car elle y évoque son parcours personnel, les succès comme les galères, et nous rappelle combien il est difficile de percer dans ce métier. Elle me fait aussi penser à Édith Piaf.
L. B. : Avec sa voix pure, cette chanson aux accents dramaturgiques (au sens noble du terme), Barbara symbolise cette french touch que beaucoup d’amateurs étrangers apprécient. Avoir un tel capital artistique et affectif lui donne un bel espoir de victoire. Mais, pour en avoir écouté déjà un bon nombre, nos concurrents auront des atouts et des styles ô combien différents. Et, comme à chaque édition, il est difficile de deviner à l’avance quels genres d’artiste et de mélodie l’emporteront au final.
Qu’est-ce qui fait la force de votre duo ?
S. B. et L. B. : Nous sommes tous les deux fans de l’Eurovision et c’est primordial, car si vous voulez donner du plaisir aux téléspectateurs, il faut être les premiers à en avoir !
S. B. : Nous sommes vraiment complémentaires. Je suis plutôt un adepte de l’humour britannique, dans l’autodérision, la suggestion, alors que Laurence a un tempérament de feu, elle est drôlissime et n’a pas de filtres.
L. B. : Et j’ai beaucoup de chance car Stéphane est bon public ! Nous connaissons tous les deux bien notre métier. Stéphane a plus d’expertise et de recul sur le déroulement, les enjeux d’un tel concours. J’espère être à la hauteur en apportant ma connaissance de la musique et mon goût immodéré de cette ambiance et du folklore !
Propos recueillis par Béatrice Cantet