procès Papon

Procès Papon

Du lundi 19 au vendredi 23 novembre, à partir de 23h00 - sur France 3 NoA

Retour sur un procès hors norme, l’un des plus longs et des plus complexes de l’histoire judiciaire française.

EPISODE 1

Premières controverses

Troisième procès pour crimes contre l’humanité, après ceux de Barbie et de Touvier, le procès de Maurice Papon est d’emblée pressenti comme très différent en raison de la personnalité de l’accusé (ancien ministre) et de l’ampleur et de la longueur de l’instruction (17 ans).

Premier coup de théâtre au troisième jour du procès, c’est en homme libre que l’inculpé va désormais comparaître devant les assises de la Gironde. Une décision exceptionnelle dans le cadre d’un procès d’assises où en principe l’accusé comparaît détenu. Une décision qui fait trembler les murs de la salle d’assises.  Cette remise en liberté ne marque-t-elle pas une première victoire pour la défense, habile à avoir dramatiser l’état de santé de son client ?  Mais sa présence n’a-t-elle pas permis la tenue d’un grand procès ? Les avocats nous répondent en nous rappelant également quelles stratégies ils ont mis en place en ce début de procès. Gérard Boulanger se souvient : « J’avais choisi ma place pour être les yeux dans les yeux avec la défense de Maurice Papon. Quand Papon entre, on voit un homme de 87 ans qui est absolument impeccable, tiré à 4 épingles avec sa légion d’honneur. Dès qu’il se met à parler, on comprend que c’est un roc et que ce procès va être un combat de tous les instants. Ce que j’attendais, c’était le face-à-face avec les victimes. Il fallait qu’il y ait ce contact parce que naît d’une audience d’assises une vérité qui est dans cette dialectique entre la personne accusée et les personnes qui viennent se plaindre de lui ».

 

Diffusion lundi 19 novembre à 23h00 – multidiffusion mardi 20 novembre à 19h30

 

Les grandes heures 1 - Le début du procès

• 8/10 Entrée de Maurice Papon devant la cour.

• Maître Varaut demande la remise en liberté de son client - réponse du procureur - Maître Jakubowicz s’y oppose.

• 10/10 Maurice Papon comparaîtra libre sur décision de la cour d’assises.

 

Diffusion lundi 19 novembre à 23h15 – pas de rediffusion

 

EPISODE 2

Un homme d’ordre

Comme pour tout procès d’Assises, avant d’aborder l’étude des faits reprochés à l’accusé, la cour souhaite d’abord éclairer les jurés sur la personnalité de l’accusé. Quel type d’homme se tient dans le box des accusés ? Car en ce début de procès et malgré le dossier d’instruction et la curiosité médiatique, un mystère Papon demeure : Comment un représentant de l’élite républicaine, fonctionnaire sous le gouvernement du Front populaire a-t-il pu devenir un haut-fonctionnaire docile de Vichy avant de terminer sa carrière au pinacle de la Ve République ? Carriériste, fonctionnaire obéissant de l’Etat ou personnage froid et indifférent, qui est Maurice Papon ? Eléments de réponse par ceux qui l’ont côtoyé pendant ce huis-clos de 6 mois.

Véritable procès dans le procès selon l’expression de Jean-Marc Varaut, avocat de Maurice Papon, l’examen par la cour d’Assises des journées du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962 va donner lieu aux premières passes d’armes entre accusation et défense. Maurice Papon est demeuré près de neuf années (1958-1967) à la tête de la Préfecture de police de Paris. C’est lui le « patron » lors de la féroce répression des manifestations d’Algériens le 17 octobre 1961 et de celle au métro Charonne, le 8 février 1962. Raymond Blet pense que ces audiences ont marqué un moment très important dans le déroulement du procès. « Il était important que Papon s’explique sur ces journées. Derrière l’image du préfet de police, c’est déjà celle du bureaucrate que nous cherchions à faire émerger, celui qui à l’époque exhorte les forces de l’ordre à la pire violence en leur disant, je vous couvre. » « Il était aussi important de montrer que le crime de bureau dans sa mécanique, même si l’ampleur n’est pas là même évidemment, peut toucher n’importe quelle population : les juifs hier, les algériens en 1961 et en 1962. »

 

Diffusion mardi 20 novembre à 23h00 – multidiffusion mercredi 21 novembre à 19h30

 

Les grandes heures 2 - La carrière de Maurice Papon

• 15/10 Maurice Papon raconte sa vie et les grandes étapes de sa carrière

• 15/10 Maurice Papon revient sur les journées du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962. Premières passes d’armes entre accusation et défense.

 

Diffusion mardi 20 novembre à 23h15 – pas de rediffusion

 

 

EPISODE 3

L’histoire au prétoire

A l’heure tardive du jugement, peut-on comprendre les faits sans connaître le contexte d’une époque aussi complexe que la France de l’occupation. Des historiens spécialistes sont appelés à la barre pour dresser un tableau de la France sous Vichy. Cette présence pose question pour les avocats de la défense : l’Histoire a-t-elle sa place dans les prétoires ? Pour Francis Vuillemin, les historiens n’ayant pas connu les faits, ne peuvent être entendu comme témoins. Philippe Burin revient sur son expérience du procès Papon et nous explique pourquoi il était important selon lui de témoigner. Pour Henri Desclaux, le juge est « à la recherche non du temps perdu, mais du temps retrouvé malgré les nombreux obstacles : témoins disparus, documents manquants, mémoires défaillantes ou reconstruites. L’historien se révèle alors l’auxiliaire indispensable du magistrat. »

Robert Paxton l’américain, Jean-Pierre Azéma le français et Philippe Burin le suisse rappellent à la cour le consensus de la recherche historique sur Vichy : La discrimination antijuive française est bien le fait du gouvernement de Philippe Pétain, sans diktat allemand. Une législation autonome qui prône l’exclusion politique, économique et sociale des juifs mais qui entraînera les hommes de Vichy beaucoup plus loin : à devenir les « complices avérés, patents » selon l’expression de Jean-Pierre Azéma, de la déportation des juifs.

 

Diffusion mercredi 21 novembre à 23h00 – multidiffusion jeudi 22 novembre à 19h30

 

Les grandes heures 3 - Le régime de Vichy

• 31/10 Déposition de Robert Paxton : l’efficacité de Vichy dans la persécution des juifs.

• 3/11 Déposition de Jean-Pierre Azéma : le fichier juif

 

Diffusion mercredi 21 novembre à 23h15 – pas de rediffusion

 

 

EPISODE 4

Un secrétaire général de préfecture

Marc-Olivier Baruch est « historien, mais aussi fonctionnaire ». Chercheur au CNRS, il explique à la cour le fonctionnement de l’administration préfectorale sous Vichy et décrit « le rôle souverain d’un secrétaire général », la fonction qu’occupe l’accusé à la préfecture de la Gironde à partir du printemps 1942, véritable « préfet bis ». Francis Vuillemin, avocat de la défense rappelle que l’obéissance à la hiérarchie est une valeur cardinale dans l’administration. Quelle place laisse la bureaucratie au libre-arbitre ? Bertrand Favreau aborde la question de la marge de manœuvre que possédait tout haut fonctionnaire sous Vichy : « Maurice Papon aurait dû démissionner ». Ne touche-t-on pas là à l’une des grandes leçons du procès : Faut-il apprendre aux fonctionnaires à désobéir ? Demeure la question centrale du procès qui doit permettre d’établir les responsabilités de l’accusé : Quelles étaient les vrais pouvoirs de Maurice Papon à la préfecture de la Gironde ? Se protégeant derrière la chaîne bureaucratique, dilution des responsabilités et prétexte sacré de l’obéissance à la Eichmann, Maurice Papon rejette toute responsabilité individuelle. Mais pour Gérard Boulanger, le crime de papier est justement ce qui définit le crime de Maurice Papon, qui depuis son bureau de la préfecture a organisé avec une terrible efficacité l’arrestation puis la déportation de centaines de personnes, sans jamais avoir croisé ses victimes. « Le procès dessine au fil des audiences, le portrait d’un rouage de la machine administrative : pièce essentielle car minutieuse, froide, efficace. »

 

Diffusion jeudi 22 novembre à 23h00 – multidiffusion vendredi 23 novembre à 19h30

 

Les grandes heures 4 - Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde

• 5/11 Déposition de Marc Olivier Baruch : un préfet bis

• 6/11 Le président Castagnède interroge Maurice Papon sur l’organisation de la préfecture et la délégation de signature

 

Diffusion jeudi 22 novembre à 23h15 – pas de rediffusion

 

 

EPISODE 5

Un crime de bureau ?

Deux mois après le début du procès, la cour entame l’étude des faits reprochés à l’accusé. La cour va particulièrement étudier l’été 1942, date des premières rafles et des premiers convois vers Drancy et qui établit une « matrice » pour les rafles suivantes. C’est aussi la période pour laquelle les documents d’archives sont les plus nombreux, les témoignages de survivants les plus forts. « Avec les victimes, l’histoire vivante rentra dans le prétoire, comme si juillet 1942 était hier, comme si la déportation s’était ce matin, comme si l’histoire se comptait en mois et non plus en décennies » se souvient Bertrand Favreau. Mais Francis Vuillemin, avocat de Maurice Papon remarque que « des preuves directes de culpabilité, au sens juridique du terme, peu des victimes en ont apporté ». Pour Jean-Michel Dumay, journaliste au Monde, « les victimes ont joué un rôle moteur, central, déterminant. Dans les procès d’après-guerre, elles n’avaient aucune place à la barre, surtout si elles étaient juives. ». « Les témoignages des victimes ont été essentielles dans ce procès, car on prenait le risque de le déshumaniser avec l’étude de toutes ces documents. De ce point de vue, le procès Papon a été un grand succès » remarque Alain Jakubowicz. « Les moments les plus fascinants pour moi sont les moments que seul un procès peut créer. Seule la justice peut créer ce genre de rencontre. La rencontre entre un acteur de la répression de l’époque et les victimes. La justice fabrique des moments uniques » rappelle Riss.

 

Diffusion vendredi 23 novembre à 23h00 – multidiffusion lundi 26 novembre à 19h30

 

Les grandes heures 5 - Les convois de l’été 1942

• 11/12 Première rafle, premier convoi Bordeaux – Drancy, juillet 1942.

• 22/12 Le président interroge l’accusé sur les enfants d’août 1942. Il le presse pour savoir qui a donné les instructions pour aller chercher les enfants réfugiés dans des familles d’accueil. Réponses évasives de Maurice Papon.

 

Diffusion vendredi 23 novembre à 23h15 – pas de rediffusion

Communication France 3 Nouvelle-Aquitaine

Emmanuelle Sorlier
Déléguée à la communication de France 3 Nouvelle-Aquitaine