1917, il était une fois la révolution

« Il y a cent ans, la révolution russe modifiait le cours de l’Histoire et changeait le destin du monde. Or, de cet événement fondateur, on n’a bien souvent retenu qu’une seule image : celle du coup d’État d’octobre, orchestré par une minorité qui mena Lénine au pouvoir. Pourtant, la réalité de cette page incontournable du XX^e siècle est beaucoup plus complexe, car en février 1917, c’est un soulèvement populaire et spontané, animé d’un idéal démocratique qui avait renversé le régime tsariste et balayé l’ordre ancien. Mais l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs ! Aussi, dédier un film à la révolution russe à l’occasion de son centième anniversaire, c’est avant tout déconstruire le mythe et revisiter la légende. Redécouvrir qu’il y a eu deux révolutions pour offrir un autre prisme, à contre-courant des idées reçues, afin de rétablir la vérité historique à l’aune de l’historiographie la plus récente, en évitant toute position partisane, et faire un grand documentaire à la fois populaire et d’une rigueur scientifique incontestable. »

Pas une, mais deux révolutions russes

« Le film revient sur le processus qui, de février à octobre 1917, conduit à la prise de pouvoir de la Russie par les bolcheviks. Il dévoile comment une première révolution a renversé un pouvoir absolu établi depuis trois siècles. Mais également les difficultés colossales auxquelles le gouvernement provisoire, qui se met en place, se trouve confronté, et pourquoi à cause de la guerre, les pénuries, les distensions et son inexpérience, il ne parvient pas à surmonter le défi de faire de la Russie un pays libre et démocratique malgré l’adhésion populaire dont il bénéficie. Le documentaire rend compte de la manière dont cette période de chaos alimente l’impatience d'une population avide de changement qui ne vient pas. Enfin, il révèle comment, en octobre, une poignée d’opposants parmi les plus radicaux (Lénine, Trotsky) prend le pouvoir. L’ère qui s’ouvre alors porte encore les aspirations du peuple, mais très vite elles vont être trahies et remplacées par un régime totalitaire, bien éloigné de l’idéal des révolutionnaires de février. »

Le récit d’un témoin direct : le reporter français Claude Anet

« La révolution russe s’est déroulée principalement à l’échelle de Petrograd, aujourd’hui Saint-Pétersbourg, et cet élément devait être mis en valeur. Mais cette composante géographique, il fallait l’incarner autrement que par les cartes qui balisent le récit et trouver un personnage qui en ait arpenté les rues, traversé les ponts, et vécu à l’épicentre des événements. Il fallait le truchement d’un regard authentique posé sur l’instant, un témoin direct de ce bouleversement sans précédent. C’est ainsi que le personnage de Claude Anet*, le correspondant permanent du journal français Le Petit Parisien, s’est imposé. Jour après jour, le journaliste
 a chroniqué la révolution qui se déroulait en direct sous ses yeux pour satisfaire la curiosité de ses lecteurs. L’acuité de son témoignage, souvent tiré d’extraits de son journal intime, permet d’ancrer le film dans le présent de l’action et lui insuffle une dynamique très originale. »

* Claude Anet, nom de plume de Jean Schopfer, est l’auteur du best-seller mondial Mayerling, paru en 1930.