IDITAROD 2017

Iditarod, la dernière course de Nicolas Vanier

Documentaire - Inédit - Dimanche 24 décembre 2017 à 20.55

D’Anchorage à Nome en Alaska, Nicolas Vanier a parcouru, avec ses seize vaillants « p’tits chiens », les 1600 km de l’Iditarod, cette course mythique qui rassemble les mushers les plus aguerris au monde. Une aventure qu’il a hâte de nous faire partager.

Vous êtes à la fois un musher vétéran et un petit nouveau sur cette course. Pourquoi avez-vous choisi l’Iditarod pour mettre un point à votre fabuleuse carrière d’aventurier musher ?
J’ai fait ce choix parce qu’une telle course requiert l’excellence à tous niveaux. Avec ses 1 600 km en 10 jours, elle dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Voilà pourquoi j’avais très envie de l’inscrire dans mon livre blanc de musher. À mon âge et avec cet attelage, celui de la quatrième génération de « p’tits chiens » descendants d’Otchum, le moment était venu de tenter l’aventure. Galvanisés par notre 9e place à la Yukon Quest 2015, nous pouvions sans trop de problèmes nous aligner au départ de l’Iditarod.

L’iditarod, le « Vendée Globe des mushers » comme vous l’appelez, commémore un exploit historique et incarne un certain état d’esprit…
En 1925, plusieurs attelages de chiens se sont relayés pour apporter un sérum contre la diphtérie à Nôme, bloquée par les glaces. Le chien Balto a été sacré héros de cet exploit, et j’ai parrainé un dessin animé sur cette histoire. Elle me suit depuis toujours. L’esprit de solidarité, les rencontres, les retrouvailles entre amis, tous animés par la même passion… C’est ça, l’Iditarod. Retrouver tous ces mushers avant de raccrocher les crampons me semblait idéal.

Où et comment prépare-t-on une telle course ?
L’essentiel de la préparation s’est fait dans le Yukon, en Alaska. En France, nous n’avons ni la neige ni les espaces suffisants pour parcourir les 80 km, voire plus, quotidiens. On entraîne les chiens exactement comme des sportifs pour les JO. Ce sont des milliers d’heures de travail d’endurance, d’obéissance et de complicité avec eux dans le but d’atteindre l’excellence. J’étais aidé, bien sûr, par Fabien, le handler *, surtout dans les derniers mois d’entraînement, les plus intensifs. L’Iditarod exige de pouvoir aligner 16 chiens en excellente condition physique. La plupart des concurrents, presque tous des professionnels, préparent au minimum 40 chiens pour présenter les 16 plus rapides sur la ligne de départ. Moi, je voulais vivre cette aventure avec ma bande de copains, sans en remplacer un. Cela faisait partie intégrante de mon défi.

Comment faites-vous pour leur transmettre le fameux « will to go », l’envie de courir ?
Il faut savoir communiquer avec chacun d’eux mais aussi avec l’équipe, comme un entraîneur de foot ou de tennis. Sur la piste, je les encourage et leur transmets le bonheur de traverser ces endroits magnifiques. À proximité d’une étape, je leur parle du bon repas qui nous attend. Ils comprennent une vingtaine de mots mais saisissent l’intention au travers du chant de l’intonation. Arrivé au checkpoint, je fais tout pour qu’ils se reposent le plus possible. Ils dorment entre huit et neuf heures. Je les soigne et je dors deux heures [Rires]… Le « will to go » est le moteur de la course. Sans cela, les chiens ralentissent ; vous leur accordez moins de temps de repos ; ils vont donc encore moins vite et on finit par abandonner.

Sur la ligne de départ de l’Iditarod, pensiez-vous terminer cette course ?
Personne, même les plus aguerris, ne peut avancer une telle certitude. Être au départ de cette course constitue presque une arrivée en soi. Puis, les premiers kilomètres s’avèrent très dangereux du fait des dépassements. Ensuite, le froid et surtout le manque de repos sont vos pires ennemis. Paradoxalement, les vieux mushers s’en sortent mieux que les jeunes car ils réussissent à passer les terribles phases de dépression induites par la privation de sommeil. On s’accroche à l’idée que de belles phases d’euphorie vont y succéder. Les amis venus me voir sur la course ne comprenaient pas toujours que j’arrive gelé, affamé, sans avoir dormi et que je reparte en pleine nuit. Mais ces moments d’euphorie totale s’apparentent à une vraie drogue. On est accros.

Justement, preniez-vous quelque chose pour lutter contre le sommeil ?
C’est impossible ! Le café ou autre substance m’empêcherait de dormir « au volant » ! En course, ces fractions de quelques secondes de somnolence se révèlent indispensables pour récupérer. Avec le café, vous pouvez tenir deux jours mais au troisième, vous vous écroulez. En fait, pendant une course, vous focalisez toute votre énergie et vos capacités intellectuelles sur l’action à mener : avancer avec les chiens. Vous entrez dans une bulle, dans l’intimité de la course, des chiens, du paysage. Et tout le reste disparaît.

Avez-vous rencontré des difficultés techniques pour filmer ?

Il y a vingt ans, j’ai tourné L’Enfant des neiges avec une caméra Super 16, ses recharges et un son Nagra. Vous ne vous imaginez pas l’encombrement ! Pendant l'Iditarod, une caméra de la taille de ma main filmait en haute définition et mon équipe me suivait dans un hydravion sur skis tout au long des différentes étapes. Ils ont réalisé des images aériennes et, quand ils le pouvaient, venaient à ma rencontre ou suivaient mes départs après les checkpoints.

Vous n’avez terminé que 36e. Étiez-vous déçu ?

Pas du tout ! Un petit amateur qui termine l’Iditarod 36e sur 73, ce n’est pas rien ! J’aurais pu arriver 15e ou 20e en « droppant » les chiens les plus lents, comme le font presque tous les mushers sur ces grandes courses. Mais je voulais la terminer avec tous mes « p’tits chiens » heureux. Je n’étais pas à la recherche de reconnaissance puisque mon attelage se plaçait 5e en termes de vitesse. En revanche, j’aurais beaucoup aimé gagner la coupe récompensant le meilleur soigneur de chiens, mais c’est Jessie Royer, arrivée 5e avec son attelage au complet – un exploit inédit – qui l’a eue. Bien méritée !

Que deviennent les « p’tits chiens » aujourd’hui ?
Ils sont dans le Grand Nord, au Québec, chez un ami. Les plus âgés goûtent tranquillement leur retraite. Les autres continuent leur carrière sportive. Même s’ils manifestent fortement leur joie à chacune de nos retrouvailles, ils ne ressentent pas le besoin de la compagnie de l’homme. La meute leur est bien plus essentielle que moi, et ils me manquent infiniment plus que l’inverse.

Armand Amar pour la musique du film, Cécile de France pour la voix off. Est-ce que ce sont des choix personnels ?
Armand Amar et moi avons déjà travaillé à plusieurs reprises ensemble. Il a composé la bande originale de Belle et Sébastien et, récemment, celle de mon dernier film L’École buissonnière. J’apprécie sa sensibilité à la nature et aux grands espaces. Et je suis fidèle en général… Comme à Jean-Pierre Bailly, mon producteur depuis plus de trente ans ! Pour la voix, Cécile de France me paraissait évidente, elle qui est si naturelle, sans fard ni retouche. J’aime son timbre fragile tout en émotions.

Maintenant que vous avez « raccroché vos crampons » de musher, allez-vous pouvoir « rendre à la nature ce qu’elle vous a offert », selon vos propres expressions ?
Non, c’est impossible, elle m’a beaucoup trop donné. Mais depuis déjà quelques années, j’ai initié divers projets écologiques en milieu scolaire. J’œuvre également dans les entreprises afin de leur proposer des solutions pour faire baisser leur empreinte écologique. En ce moment même, j’écris un nouveau film de fiction. Enfin, j’espère trouver le temps de visiter des pays qui m’attirent énormément comme la Nouvelle-Zélande, mais aussi la France, dont j'ai pris la mesure de la beauté au fil de tous ces voyages...


Propos recueillis par Diane Ermel


* Le second du musher.

 

IDITAROD 2017

L’Iditarod est la course de chiens de traîneaux la plus emblématique au monde. Née en 1973, cette course épique traverse tout l’Alaska, d’Anchorage, à l’Est, à Nome, à l’extrême ouest du continent nord-américain, sur le détroit de Béring. On y parcourt une variété de paysages extraordinaires, tout ce que le Grand Nord peut offrir d’immersion sauvage… 1 800 km, 100 attelages, 1 600 chiens, suivis par des milliers de personnes à travers le monde. Nicolas Vanier est un grand passionné des territoires du Grand Nord et un musher expérimenté. Il a relevé des défi s polaires sur tous les territoires glacés, de la Sibérie à la Laponie, en passant par le coeur des montagnes Rocheuses canadiennes, et s’est forgé, en presque 30 ans d’aventures, une solide réputation dans le monde des aventuriers du froid. Pourtant, l’Iditarod reste un défi absent de sa riche carrière… En mars 2017, il se positionne sur la ligne de départ pour son ultime pari… Le film emboîte les pas de Nicolas et de son attelage pour vivre avec lui l’intimité de ce parcours hors normes…

Un film de Nicolas Vanier et Bruno Peyronnet.
Raconté par Cécile de France.
Une production MC4. Avec la participation de France Télévisions.

 

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Ludovic Hurel
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