Bébés volés

Face à la tombe vide de son enfant, Inès (Sandrine Bonnaire) comprend l’ampleur du mensonge : « C’est une histoire qu’on connaît mais dont on parle peu, en tout cas en France. Cela permet de remettre en lumière cette aberration qui a fait des ravages, et quand on voit que l’Église a fait du business avec ça, c’est affreux. C’est plein de destins brisés, de parents totalement détruits et sûrement d’enfants qui recherchent en vain leurs parents », a confié la comédienne au Midi libre. 

Mineure, Inès a accouché dans un couvent pour cacher sa honte ; mais l’enfant n’a pas survécu, lui a-t-on dit. Un mensonge d’État, commandité par Franco avec la complicité de l’Église et de médecins, dont le psychiatre Antonio Vallejo Nágera (1889-1960), qui préconisait que les enfants de républicains soient retirés à leurs parents et pris en charge par des institutions catholiques. Celles-ci furent un rouage majeur dans ce trafic d’enfants, puisqu’elles accueillaient des jeunes femmes enceintes, leur annonçaient après l’accouchement que leur enfant était mort-né et falsifiaient les registres pour attribuer la naissance à une autre mère. 
Loin d’être fermés, les dossiers de plainte se multiplient ; mais si l’Espagne tente de regarder en face ces milliers de vies volées avec le soutien des institutions, les personnes impliquées n’ont en revanche toujours pas été inquiétées. 

Et Sandrine Bonnaire de poursuivre : « Ce qui me plaît dans ce personnage, c’est qu’elle va vraiment jusqu’au bout. C’est une femme déterminée, qui veut faire justice et qui encaisse beaucoup de violences pour cela. » Cette révolte, la comédienne la partage avec son rôle : « Je suis instinctivement rebelle et déterminée contre les injustices, c’est clair. On ne peut pas être brimé en permanence par des systèmes, des pouvoirs ou ceux qui nous gouvernent. » 

D. E.