PAPRIKA

Paprika

Théâtre - En direct - Mardi 3 avril 2018 à 20.55

Elle est un peu folle, drôle et piquante. Paprika, la nouvelle pièce de Pierre Palmade, fait briller Victoria Abril de mille éclats de rire. Déguisée en Tyrolienne sexy, aux côtés de Jean-Baptiste Maunier (Les Choristes) et Prisca Demarez (Cats), la comédienne met le feu aux planches. À voir en direct sur France 2. 

Pourquoi remonter sur scène après Nuit d’ivresse de Josiane Balasko, il y a trente ans ?
Aujourd’hui, c’est un peu plus facile parce que le public me connaît mieux et je crois qu’il m’aime bien. Tu sais, après trente ans, c’est comme une première fois. Et moi j’essaye toujours de faire quelque chose de nouveau, sinon je m’ennuie. Et puis le texte est tellement drôle. Juste en le lisant, tu es mort de rire. 

Pierre Palmade a-t-il pensé à vous pour le rôle de Paprika ?
Pas du tout ! Amanda Lear devait le jouer. Après, Pierre m’a proposé de le reprendre, mais ça ne fonctionnait plus avec le jeune comédien. Alors, on a encore attendu deux ans avant de trouver Jean-Baptiste Maunier. Sur scène, il m’a déjà sauvé la vie deux fois. Le jour où mon vrai fils s’est fait agresser, j’ai eu six secondes de voltige vertigineuse. C’est très long, six secondes de trou complet, mais il m’a soufflé : « J’ai eu des parents… » et là j’ai enchaîné mon monologue avec une intensité comme jamais. Tout est revenu.

Il vous arrive de rêver de Paprika ?
Sì, claro ! Ça fait six mois que je me réveille presque toutes les nuits. Je me rejoue le petit monologue du début. Ensuite, je peux me rendormir. 

 
Quel est le sujet de la pièce ?
C’est un vaudeville, un vaudeville à la russe puisque ce jeune homme cherche la mère qui l’a abandonné quand il était bébé. Puis, ça devient un quiproquo parce qu’Eva-Paprika la meneuse de revue ne veut surtout pas que cet étudiant de Sciences Po sache qu’elle est sa mère. Tu comprends ? Il faut entendre le public rire ! Mais parfois, il y a des rires de pot d’échappement, comme je les appelle. Les spectateurs ne se sentent pas à l’aise avec la situation parce qu’elle est aussi un peu dramatique et ils laissent s’échapper la pression par de petits rires nerveux. 

Comment est-il ce public ? Toujours le même ?
Ma non ! Certains soirs les décibels explosent. Il faut savoir les écouter pour les laisser respirer. Parfois, je dois couper une phrase trois fois comme quand Jean-Baptiste me dit : « Je ne savais pas que les femmes de ménage avaient des femmes de ménage », je lui réponds : « Les médecins ont bien des médecins ». J’attends… et je laisse rire. « Il faut bien que quelqu’un fasse le ménage chez moi pendant que je le fais ici ! » Rires. « Non mais tu réfléchis toi des fois ? » et dès que les rires diminuent, je remonte pour le final. La comédie est une question de rythme. Je suis en quelque sorte la gardienne de ce qui a été écrit et je dois le transmettre pour donner au public ce qu’il attend. C’est une thérapie, le rire, pour tout le monde. Je trouve que les comédies devraient être remboursées par la sécurité sociale. 


Qui est Paprika ?
C’est le personnage de femme de ménage qu’Eva invente au moment où son fils sonne à la porte. Eva travaille dans un cabaret, elle est un peu esquizofrénica [schizophrène, NDLR] et encore bourrée quand on la découvre au réveil, habillée en Tyrolienne sexy. Certains soirs, je lutte entre Eva et Paprika. Il y en a une qui veut passer devant. Il faut que je cadre bien les deux personnages. Dans ces cas-là je pense à Jacqueline Maillan. Elle me replace quand mon tempérament m’emmène trop loin. Elle avait une telle intonation de voix, un phrasé incroyable. Elle m’aide beaucoup, surtout que Pierre Palmade a pensé à elle en écrivant ce rôle. Toujours quand je joue je prends une comédienne en exemple parce que si je pense à moi, je fais toujours le même personnage, alors... 

Est-ce qu’il est parfois difficile de garder son sérieux sur scène ?
Oui souvent ! Mais surtout dans la scène où Julien Cafaro, qui joue Godin, sort de ma chambre en peignoir panthère ! Je dois me planter les ongles dans les mains pour ne pas rire et arriver à prononcer : « C’est un dommage collatéral ! ». Et lui met un temps dingue avant de pouvoir dire « Qui est-ce qui me fait un café ? », tellement le public rit sans s’arrêter.

En France, vous êtes perçue comme une actrice de comédie, avez-vous la même image en Espagne ? 
Pas du tout. Là-bas je suis une actrice dramatique, sérieuse, un peu comme Isabelle Huppert. Évidemment la France me plaît plus. El drama ! Je n’en peux plus, ça fait quarante-cinq ans que ça dure ! Quand j’ai eu mes enfants j’ai dit stop, je veux me marrer ! Et j’ai commencé à choisir mes rôles parce que jusque-là je vivais le syndrome de l’imposteur. Je ne me sentais pas légitime. Sauf quand je travaillais avec Vicente Aranda [réalisateur espagnol (1926-2015), auteur de près d'une dizaine de films avec Victoria Abril, NDLR] ; lui m’a tout appris, c’est mon maître, mon phare. 



Propos recueillis par Diane Ermel

Théâtre.
Pièce écrite par Pierre Palmade.
Mise en scène par Jeoffrey Bourdenet.
Avec : Victoria Abril, Julien Cafaro, Prisca Demarez, Jules Dousset, Jean-Baptiste Maunier.

Lorsqu'un matin, Luc, un beau jeune homme qui prétend être son fils, sonne à sa porte, Eva n'ose pas lui avouer son identité. Commence alors un enchaînement de mensonges qu'elle va avoir du mal à gérer. D'une part, grâce à son concierge – qui lui voue un amour aveugle et platonique –, d'autre part malgré la bonne volonté de sa meilleure amie (strip-teaseuse et gaffeuse), tout cela agrémenté d'un pompier bien trop sexy. C'est certain, ça ne va pas manquer de piquant !

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