Aliénor d'Aquitaine, une rebelle au Moyen Âge

Aliénor d'Aquitaine est devenue reine de France à 15 ans par son mariage avec Louis VII – elle est couronnée reine des Francs en 1137 à Bourges (son époux avait déjà été sacré du vivant de son père, à l’âge de 9 ans, mais il est couronné sous le nom de Louis VII) – puis reine d'Angleterre à 30 ans avec Henri II Plantagenêt, après avoir divorcé de Louis VII. De dix ans son cadet, Henri Plantagenêt est comte d’Anjou, du Maine, de Normandie et, par sa mère Mathilde, l’héritier légitime du trône d’Angleterre. En 1154, Aliénor et Henri II sont couronnés en l’abbaye de Westminster reine et roi d’Angleterre.
Femme rebelle, Aliénor est une visionnaire et stratège politique. Femme audacieuse, elle marque l’histoire en participant aux croisades – elle y découvrira aussi les délices de l’Orient – et gouverne auprès de son mari Henri. Femme de pouvoir, elle occupe une place importante au XII^e siècle entre les royaumes de France et d’Angleterre. Elle est la première reine à avoir été par deux fois couronnée – Anne de Bretagne sera la seconde – mais la seule à avoir régné en France puis en Angleterre. Ce parcours, Aliénor le doit au duché d’Aquitaine dont elle a hérité à la mort de son frère Guillaume, avec un domaine s’étendant de Poitiers aux Pyrénées et se prolongeant de l’Est jusqu’en Auvergne.
Pendant des années, Aliénor fut très proche de Henri II, mais le comportement de cet homme va signer la fin de leur amour. Aliénor sera pendant de nombreuses années placée en résidence surveillée. Emprisonnée jusqu’à la mort de son époux. En 1191, elle assistera, néanmoins, au couronnement de son fils préféré, Richard Cœur de Lion, et aura eu le plaisir de marier l’une de ses petites-filles, Blanche de Castille, au futur roi de France.

Femme de lettres
Femme passionnée et moderne, elle reçoit une très bonne éducation à la cour raffinée d’Aquitaine, là où naît l’amour courtois (la fin amor). La tradition de l'amour courtois a été florissante dans l'Europe médiévale, en Occitanie et dans le nord de la France à partir du XII^e siècle. Aliénor aime apprendre et devient une protectrice de ce genre littéraire. Elle a le goût de la découverte et une grande soif d’apprendre : le latin, la musique, la littérature, mais aussi l'équitation et la chasse. Elle aime les matériaux de choix, l’élégance, les bijoux et les robes. Des ateliers de tapisserie sont créés. Elle aime la poésie des troubadours. "Aliénor a reçu une éducation brillante… c'est quelqu'un de raffiné culturellement", déclare l'historien Michel de Decker. Elle est aussi une rebelle qui ne veut pas se plier aux codes masculins. C'est à l'abbaye de Fontevraud, fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel, que cette grande dame, au destin hors norme, a choisi de terminer sa vie. Son gisant est exposé à l'abbaye de Fontevraud où l’on peut la voir avec un codex dans les mains, signe d’une grande culture. Une histoire de femme qui s’est battue pour exister.

Françoise Jallot