une année en 6e C
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Une année en 6e C

Documentaire - Mardi 15 novembre à 20h00 - NC 1ère

Quelle pédagogie utilisée pour des élèves en difficultés scolaires ? Depuis 3 ans, une expérimentation pourrait constituer une des réponses au système éducatif calédonien en pleine transformation.

La caméra d’Aude Perron et Thomas Douchy a suivi pendant plus d’un an des élèves de 6e du collège Sainte-Marie à Paita. Dans cette classe de collégiens en difficultés scolaires, on mélange les matières pour donner du sens aux apprentissages, on teste la théorie loin des bancs d’école et on travaille en groupe en s’appuyant sur les intelligences des uns et des autres. L’histoire de ce film, c’est celles d’enfants qui retrouvent leur estime d’eux-mêmes et se réconcilient avec l’école. C’est aussi celle de trois enseignants bienveillants qui portent à bout de bras, depuis trois ans, une pédagogie nouvelle au pays et qui promet aux élèves de s’épanouir et d’avoir en main toutes les clés de leur avenir. Et de devenir des acteurs à part entière dans une communauté de destin.

caméra

Réalisation : Aude Perron et Thomas Douchy
Production : Quinoa Productions et Dynamo Production
Durée : 52 minutes

Un documentaire témoin

Témoin d’une aventure exceptionnelle au sein du système éducatif calédonien, Aude Perron et son film (co-réalisé avec Thomas Douchy) restent la dernière preuve d’une pédagogie audacieuse. Elle nous raconte l’histoire du film.

Qu’est-ce que la 6eC ?

C’est une classe de sixième au collège Sainte-Marie, à Paita, appelée « sixième de consolidation ». Dans cette classe, sont réunis dix-huit élèves qui n’ont pas réussi à acquérir - pour différentes raisons - toutes les compétences qu’un élève doit normalement valider en CM2. Depuis 2013, une pédagogie basée sur les intelligences multiples et les situations complexes y est testée et ce, avec un certain succès : les apprentissages font du sens et les enfants sont valorisés. En l’espace d’une année, les résultats scolaires augmentent - un peu pour certains, beaucoup pour d’autres - et les enfants reprennent confiance en eux et en l’école.

Comment est né ce projet ?

Le projet est né d’une conversation avec Pierre-Yves Leroux, formateur à l’ESPE, qui suit les résultats de cette classe (au niveau des notes, de l’absentéisme, des incivilités, de l’estime de soi et du vivre ensemble). Il nous a parlé des trois professeurs, Brigitte Do, Julien Decastille et Louis Ginestar, respectivement professeurs de français, d’EPS et de mathématiques, qui portent à bout de bras cette pédagogie. Nous avons été touchés par leur engagement et leur bienveillance envers leurs élèves, ainsi que leur complicité et humilité. De plus, à l’époque, le gouvernement dessinait son projet éducatif, dont la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, vient tout juste de valider la mise en oeuvre. Un des articles de ce projet éducatif concerne justement les méthodes éducatives alternatives dont font partie les mises en situation complexe et la théorie des intelligences multiples.

Vous avez tourné pendant un an : est-ce que ce n’était pas trop dur d’avant l’attention des élèves ?

Justement, nous ne voulions surtout pas avoir leur attention. Nous voulions qu’ils oublient la caméra et notre présence et qu’ils vivent leur quotidien de collégien. Pour obtenir ces moments de vie, nous avons plutôt tourné dans la longueur, à différents moments de l’année : notamment en classe, mais aussi pendant les situations complexes que les professeurs ont organisées en dehors du collège. Nous avons plus particulièrement suivi trois élèves, tant à l’école que dans leurs activités parascolaires ou à la maison : Joseph, Juninho et Laila qui se sont prêtés au jeu, même s’il n’est pas toujours facile de se confier à la caméra.

Ce n’est pas un tournage comme les autres…

Il est vrai que c’est un travail de longue haleine puisque nous avons tourné jusqu’en août dernier, alors que les élèves sont en 5e. De plus, nous avons fait le pari de ne pas faire un documentaire à caractère journalistique et nous avons évité une voix narrative. Il nous semblait qu’il ne nous appartenait pas de commenter les vertus ou les défauts de cette pédagogie. Nous ne voulons pas faire de prosélytisme et préférons laisser le spectateur se faire sa propre opinion.

Que sont devenus les élèves ?

Ils ont bien grandi ! Malheureusement, la pédagogie n’a pas pu être poursuivie cette année, en 5e : à la fin de l’année dernière, un des trois professeur est parti enseigner dans un autre établissement. Les deux compères ont tenté de lui trouver un remplaçant, mais sans succès. On peut se permettre de penser que la pédagogie est en péril pour les années suivantes. Il ne resterait donc que ce documentaire pour témoigner de ce qui a audacieusement été testé, qui plus est, avec des résultats prometteurs. Par chance, certains acquis sont restés chez nos ex-6eC : ils travaillent toujours bien en groupe et considèrent leur classe comme une famille, entre autres choses.

Qu’espérez-vous de ce film ?

Si le spectateur est un parent, nous aimerions que ce film constitue une ouverture et un espoir. La pédagogie testée en 6eC permet aux parents de se réinvestir dans l’école, parce que leur enfant s’y réintéresse lui-même et se met à en parler à la maison. Si le spectateur est un professeur, nous aimerions qu’il perçoive la mise en place de la pédagogie comme une grande aventure intellectuelle, qui permet de se remettre en question et, au final, trouver le moyen de mieux enseigner. Le but, c’est bien la réussite des enfants.


 

Aude Perron