LE DIVAN DE MARC-OLIVIER FOGIEL
Saison 3

Le divan de Marc-Olivier Fogiel

Invité : Julien Clerc
Magazine - Inédit - mardi 17 janvier à 23.15

Sur France 3, il faut désormais compter avec Le Divan de Marc-Olivier Fogiel. Après deux saisons et quarante émissions, l'animateur rempile pour une série de quatorze numéros inédits. Premier invité de cette troisième saison : Julien Clerc. Entretien avec un animateur en quête de différence et d’équilibre.

Quel regard portez-vous sur les deux premières saisons du Divan ?

Depuis le début, je prends beaucoup de plaisir à faire ces émissions. Nous avons produit quarante numéros d’une collection marquée par un éclectisme qui nous permet, par exemple, de passer du philosophe Alexandre Jollien à Fabrice Luchini, ou, comme à la rentrée, de Julien Clerc à Teddy Riner. Je le vis comme un privilège. C’est un programme télévisuel un peu particulier parce qu’il n’est pas contraint par tous les codes de la télévision (obligation de vitesse, buzz à tout prix, dictat de l’audience...). C’est une petite oasis. En tout cas, c’est comme ça que je l’aborde, à côté de mon activité riche à la radio. Je suis reconnaissant envers France 3 de m’offrir cette parenthèse. Les téléspectateurs en redemandent et commentent l’émission d’une manière très touchante. Et je dirais que cette émission m’apporte beaucoup, notamment une forme d’équilibre dans ma vie professionnelle, entre le temps court, rapide de l’actualité et le temps long, plus calme du Divan.

 

Avez-vous procédé à quelques ajustements pour cette troisième saison ?

Le registre de l’émission pousse volontiers à l’empathie. Mais tous les cas d'invités ne s'y prêtent pas. Par exemple, avec une personnalité politique, la curiosité est le bon registre, l’empathie ne l’est pas. Il est vrai qu’au début, j’avais plutôt tendance à être presque exclusivement du côté de l’empathie, du fait du dispositif qui m’y incitait. Et puis, à force d’enchaîner les émissions avec des invités tels que Pierre Bergé, Alain Finkielkraut et Jean-François Copé, dans cette configuration particulière où nous ne sommes pas face à face, j’ai pu trouver un registre un peu différent qui me permet d’envisager avec plus de maturité de recevoir des invités politiques. C’est aussi la question de la frontière entre l’intimité et les valeurs. J’étais beaucoup dans le registre de l’intime avec certains invités jusqu’à ce que nous basculions, avec d’autres, dans celui des valeurs sur lesquelles ils se sont construits. Aussi, je peux dire aujourd’hui, et sans autosatisfaction déplacée, que nous sommes fiers, avec Rachel Khan (coproductrice de l’émission) de la formule telle qu’elle est. Je crois que nous avons réussi à trouver une forme de pureté dans l’expression, et c’est pourquoi, au moment où nous réfléchissions à cette troisième saison, nous n’avons pas cherché à rajouter des artifices qui viendraient en perturber l’équilibre.

 

Pourquoi avoir choisi Julien Clerc comme premier invité ?

Je trouve formidable qu’il ait accepté de participer à l’émission ! Il représente l’archétype de l’invité idéal : populaire, intéressant et faisant partie du patrimoine. Pourtant, Julien Clerc conserve une part d’inconnu, voire de mystère. Ce sera intéressant, à ce titre, de l’écouter se confier en longueur… sans parler du plaisir de pouvoir entendre quelques-uns de ses morceaux et d’en découvrir le sens caché. Il fait partie de ces invités qui, au-delà de la découverte de leur vie et de leur œuvre, racontent une époque. C’était déjà le cas, par exemple, avec Pierre Bergé (émission du 26 février 2016, ndlr) qui a accompagné les créations d’Yves Saint Laurent, reflets de leur temps.

 

Avez-vous des attentes, des envies particulières pour cette troisième saison ?

Assez rapidement, je vais recevoir Bernard Tapie. Je suis très heureux qu’il ait accepté ma proposition parce qu’il a une vie aussi incroyable que bien remplie : ministre, patron d'un club de foot prestigieux, repreneur, passé par la case prison... Riche, puis ruiné, puis riche à nouveau... Il a aussi toute une dimension artistique à travers les films, le théâtre ou encore la musique. C’est une forte personnalité, et j’ai hâte de faire cette émission qui sera sans doute l'une des plus riches, étant donné la densité du personnage.

 

Comment gérez-vous l’équilibre entre la liberté laissée à l’invité et les contraintes propres à une émission de télévision (durée, conducteur, conditions d’enregistrement...) ?

Avec l’équipe de production, nous avons imaginé un chemin qui permet d’aborder un certain nombre de thèmes, à travers une succession de séquences, ce qui constitue le déroulé de l’émission. Pour autant, il arrive bien souvent que l’invité chamboule cet ordre établi et que le rendu ne soit pas conforme – dans la forme du moins – à ce que nous avions conçu. C'est à ce titre que le travail de préparation est primordial : s’imprégner de la vie et de l’œuvre de l’invité permet ensuite de l’accompagner et de prendre cet autre chemin avec lui, autorise le laisser-aller et le lâcher-prise. Bien entendu, nous finissons par aborder tous les thèmes que nous avions préparés, mais dans un ordre redéfini au cours de l’enregistrement. C’est alors pour moi tout le plaisir de l’exercice que de suivre l’invité, de l’accompagner plutôt que de le diriger. C’est en cela que l’émission est très différente des talk-shows. Ici, c’est plutôt l’invité qui a la main, c’est beaucoup plus partagé. C’est une co-construction, en somme. Ce qui me fait dire que s’il y a bien un mot qui caractérise l’émission, c’est celui de « différence », à tous les points de vue, par rapport à ce qui se fait ailleurs et à ce que j’ai pu faire auparavant. C’est en cela que je savoure la chance que France 3 me donne.

 

Propos recueillis par Sébastien Pouey

 

 

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