Test-Match : France / Nouvelle-Zélande

Quel est l’enjeu de ce match pour l’équipe de France ?
L’enjeu est de battre la meilleure équipe du monde. Ce qui ne sera pas une mince affaire, étant donné que les Bleus ont connu une tournée assez catastrophique en Afrique du Sud en juin dernier. Sans compter que la France n’a plus battu les All Blacks sur son terrain en test-match depuis dix-sept ans et que, depuis de nombreuses années, elle obtient des résultats décevants dans le Tournoi des 6 Nations. Le défi est donc immense, d’autant que les All Blacks ont perdu un match contre l’Australie ce week-end et, qu’historiquement, ils ne perdent jamais deux fois d’affilé. Puis, il y a un contexte assez défavorable pour le XV de France : son ouvreur titulaire, Camille Lopez, est victime d’une fracture de la malléole et d’autres joueurs ne sont pas encore prêts physiquement, comme Wesley Fofana qui revient après neuf mois d'absence.

Les All Blacks ne doivent-ils pas également composer avec des blessures ?
De l’autre côté, il y aura aussi des absents. Mais j’ai envie de dire que cela ne compte pas autant. Les All Blacks ont beau aligner des joueurs différents d’un match à l’autre, leur niveau de performance reste le même.
Cette équipe a un réservoir de joueurs sans commune mesure. Elle a des certitudes plus fortes que n’importe quelle autre nation quant au niveau de son rugby. Les All Blacks, en matches internationaux, c’est 91/92 % de taux de victoires. L’Équipe de France, en ce moment, c’est à peine 55/56 %. L’opposition s’annonce très compliquée.

À quoi tiennent les difficultés récurrentes du XV de France ?
Je dirais qu’il y a un problème du rugby français dans sa globalité. Pour l’instant, Guy Novès n’est pas parvenu à redresser la barre, et ses prédécesseurs n’y étaient pas arrivés non plus : le bilan de Philippe Saint-André a été catastrophique. Marc Lièvremont, lui, a réussi à atteindre la finale de la Coupe du monde en 2011 sur un grand malentendu, en échouant d’un point contre les All Blacks. Ils sont passés à deux doigts de la Coupe du monde alors qu’en réalité, ils en étaient très loin. Or, les années qui ont suivi ont peut-être été les pires de l’histoire du XV de France. Comme l’atteste le palmarès des Bleus qui ont un jeu décevant et n’ont plus gagné de titres majeurs depuis 2010. Les signaux sont assez inquiétants… Cela dit, la beauté du rugby, c’est que, sur un match, tout est possible !

Le championnat du Top 14 est-il également à mettre en cause ?
Notre championnat ne prépare pas les joueurs au plus haut niveau. Même si la tendance est à l’amélioration, les joueurs français peinent à émerger et à décrocher des places de titulaires. Cela a favorisé la mise en avant de joueurs de l’hémisphère Sud alors que les tricolores ne bénéficient pas du temps de jeu nécessaire pour s’aguerrir. Du coup, lorsqu’ils découvrent les exigences d’un match international contre des équipes comme les All Blacks, le fossé est immense. Cela étant, les choses changent, notamment avec l’adoption de mesures visant à instaurer un quota de joueurs français dans les clubs.

Cela suffira-t-il ?
On constate de petites améliorations : des joueurs commencent à exploser véritablement, comme Antoine Dupont à Toulouse, qui incarne sans doute l’avenir du XV de France au poste de numéro 9. Thomas Ramos, le jeune arrière, a également toutes les chances de percer. Tout comme les Rochelais Gabriel Lacroix et Vincent Rattez qui sont excellents. Les talents sont là et ne demandent qu’à s’exprimer.

L’annonce de la liste des 31 joueurs retenus pour la tournée aura lieu mercredi. Des changements importants sont-ils à attendre ?
Il y a sans doute des nouveaux qui auront leur chance sur cette série de test-matches. Mais est-ce que Guy Novès prendra des risques sur la composition de l'équipe qui affrontera les All Blacks ? Cela m’étonnerait beaucoup. D’autant que le XV aura besoin d’expérience au plus haut niveau pour appréhender un tel match. Même si on réclame de nouveaux joueurs, Bernard Laporte, le président de la fédération, en tête, cela serait très difficile de les lancer face aux Blacks.

La France a l’avantage de jouer à domicile... 
Les All Blacks sortent invaincus du Rugby Championship. Ils sont allés battre l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Argentine chez elles. Quels que soient le stade, le contexte et l’environnement, cette équipe est sereine. Qu’elle joue au Stade de France ou ailleurs, cela ne change rien pour une telle machine à gagner.
Si à un moment dans le match, la France sent qu’elle peut les accrocher, le soutien du public peut éventuellement donner un regain d’énergie. Mais en aucun cas, les Néo-Zélandais ne seront déstabilisés par la ferveur du stade.

En plus de suivre l’équipe de France de rugby, vous reprenez également la présentation de Stade 2. C’est un nouveau défi ?
C’est un privilège de présenter une émission aussi mythique. Cela fait dix-sept ans que je travaille pour ce magazine, donc je ne me suis même pas posé la question lorsque l'on m’a proposé cette nouvelle aventure. Je prends beaucoup de plaisir à incarner ce programme et à travailler avec l’équipe des sports pour proposer l’émission la plus cohérente et la plus intéressante possible. Nous sommes là pour véhiculer des émotions à travers un moment fort de direct. France Télévisons offre l’avantage de pouvoir faire des choses très différentes. C’est la force de ce média.