Cannes : collection « Cinéma de minuit »

Nous partageons l'amour du cinéma. Collection de sept films « Cinéma de minuit » adaptés d’œuvres littéraires (pour accompagner « La grande librairie » spéciale cinéma du 25 mai)
À partir du 19 mai

Le Festival de Cannes s’apprête à faire son grand retour ! En tant que diffuseur et partenaire de l’événement, France Télévisions vous propose de (re)découvrir diverses collections de films ayant marqué la Croisette. Ici, en plus de rendre hommage à Cannes et à ses films légendaires, nous rendons grâce à notre émission emblématique « Cinéma de minuit », qui a permis à bien des cinéphiles de découvrir des chefs-d'œuvre... 

 

Collection cinéma de minuit

 

Nuits blanches de Luchino Visconti (1957)

Synopsis : d'après la nouvelle de Fiodor Dostoïevski. Mario, jeune employé de banque, rencontre Natalia un soir au bord d'un canal. Le comportement de la jeune fille l'intrigue. Il revient, la retrouve et découvre bientôt qu'elle attend l'homme qu'elle aime et qui lui a donné rendez-vous un an auparavant au bord du canal. Mario va tenter et presque réussir à se substituer à cet amour qui lui semble désormais improbable. 

Quand le réalisateur légendaire Luchino Visconti s’attaque au non moins légendaire écrivain Fiodor Dostoïevski, cela ne pouvait donner qu’une œuvre choc ! Moins connu que d’autres films du réalisateur comme Le Guépard ou Rocco et ses frères, Nuits blanches a pour particularité de s’éloigner de la mise en scène néoréaliste dont Visconti était pourtant un des fers de lance.

À la place, le film nous offre une réalisation plus théâtrale, voire onirique, qui prit place dans les légendaires studios italiens de la Cinecittà. Un tournage en studios qui permit une maîtrise totale de la lumière, nous offrant ainsi un film à la photographie exemplaire, venant appuyer des thématiques profondes, telles que l’amour, la solitude, les fantasmes... 

Roméo et Juliette de Riccardo Freda (1964)

Synopsis : d'après la pièce de William Shakespeare. À Vérone, deux familles se vouent une haine violente. Roméo et Juliette, leurs héritiers, s'éprennent l'un de l'autre. Ils contractent alors un mariage secret... 

Est-il encore besoin de présenter Roméo et Juliette ? L’histoire tragique créée par Shakespeare a connu tellement d’adaptations au théâtre et au cinéma qu’il devient difficile de tenir le compte. Ici, nous avons affaire à l’une des adaptations cinématographiques les moins connues : celle de Riccardo Freda. Pourquoi moins connue ? Tout simplement du fait de son âge, mais également car elle a été éclipsée par des adaptations plus modernes (notamment celle de Baz Luhrmann). 

Pourtant, cette adaptation de Riccardo Freda est tout à fait intéressante à découvrir. Celle-ci est en effet particulièrement fidèle à son matériau d’origine. De surcroît, la mise en scène académique mais rudement efficace porte l’histoire à la perfection. La gestion des cadres, les magnifiques costumes et la musique entraînante font de cette adaptation un véritable plaisir à découvrir. 

Éducation sentimentale d'Alexandre Astruc (1962)

Synopsis : d'après le roman L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert. Logé à Paris chez ses riches cousins, les Dambreuse, Frédéric Moreau, jeune polytechnicien de 25 ans travaillant à la recherche scientifique, fait un jour la connaissance d'une amie de sa cousine, Madame Arnoux. Charmante et triste, son mari la trompant ouvertement avec un mannequin suédois, Anne Arnoux devient la seule pensée et le tourment de Frédéric. Catherine Dambreuse, éprise de son jeune cousin et follement jalouse d'Anne, s'emploie à séparer les jeunes gens timides et peu aptes aux intrigues de la vie facile du milieu mondain. 

Librement inspirée de l’œuvre de Flaubert, L’Éducation sentimentale est ici transposée dans les années 1960. L’œuvre garde toute la dimension existentialiste propre aux œuvres de Balzac, mais s'accapare également les thématiques sociétales des années 1960. À cela s’ajoute une mise en scène peu conventionnelle, puisque Alexandre Astruc était surnommé affectueusement le « tonton de la Nouvelle Vague ». Le film est ainsi une œuvre  hybride, à la fois reflet du cinéma de son époque et des thématiques plus traditionnelles chères à Flaubert. 

L'adieu aux armes de Frank Borzage (1932)

Synopsis : d'après le roman d'Ernest Hemingway. Nord de l'Italie, en 1917. Le lieutenant Frederic Henry, engagé volontaire américain dans le corps sanitaire de l'armée italienne, œuvre sur le front, où il porte assistance aux soldats alliés luttant contre les troupes austro-hongroises. Noceur et tête brûlée, il traverse avec une égale légèreté les dangers du front et les plaisirs de la vie de garnison, jusqu'au jour où il rencontre une jeune infirmière britannique qui a perdu son fiancé au front... 

Après Flaubert, c'est une adaptation d'Hemingway qui est à l'honneur. Porté par Gary Cooper et Helen Hayes, L'adieu aux armes est une adaptation à la fois poétique et grandiose, où la romance contraste avec des scènes de guerre très crues.

La photographie est à l'honneur dans ce film en noir et blanc, où chaque image semble avoir été éclairée avec une grande minutie. Le cadrage n'est pas en reste, puisque la profondeur de champ est exploitée avec brio, offrant ainsi diverses perspectives pour le spectateur. En résulte un film à la réalisation éminemment moderne, malgré ses 90 ans. 

Les garçons de Mauro Bolognini (1959) 

Synopsis : d'après le roman Les ragazzi de Pier Paolo Pasolini. Deux garçons volent une voiture transportant des armes. Pour ne pas éveiller les soupçons de la police, ils prennent deux filles en stop et s'installent à la campagne. Ils vendent les armes et repartent avec l'argent. Mais l'une des filles a subtilisé de l'argent et s'est enfuie. Aussitôt, ils partent à sa recherche... 

Les garçons s'attarde sur un sujet très en vogue dans les années 1950 et toujours d'actualité : celui de la jeunesse en perdition. Un thème qui occupe une place à part entière dans le cinéma et dont le représentant le plus connu est probablement La fureur de vivre.  

Avec Les garçons, le réalisateur Mauro Bolognini s'attarde sur l'ambition de la jeunesse, la sexualité, l'oisiveté, le tout avec une mise en scène qui n'est pas sans rappeler celle d'une autre référence du cinéma italien : Pier Paolo Pasolini. 

Bubu de Montparnasse de Mauro Bolognini (1971)

Synopsis : d'après le roman de Charles-Louis Philippe. Bubu renonce à son métier d'artisan boulanger par paresse et parce qu'il considère que l'on peut gagner plus d'argent autrement. Il décide donc de vendre les charmes de Berta, sa compagne, qui par amour pour lui accepte ce commerce. Mais Berta contracte bientôt la syphilis et entre à l'hôpital. Bubu, désargenté et affamé, dérobe la caisse d'une boutiquière : il est très vite arrêté et emprisonné. Après une période d'incertitudes, Berta retrouve Piero, un étudiant qui fut autrefois son client et à qui elle a transmis la maladie. Piero demeure pourtant très attaché à elle et accepte de l'héberger durant quelque temps... 

Autre film de Mauro Bolognini. À l'instar de son film Les garçons, sorti douze ans avant, Bubu de Montparnasse s'empare de nombreux sujets de société, à commencer par la misère sociale, dont découlent les autres thèmes. La sexualité et plus précisément l'exploitation des femmes seront ainsi au cœur des thématiques, catalyseur de la misère dépeinte. Pour représenter au mieux les tourments intérieurs de chaque personnage, la caméra reste au plus proche d'eux, afin que les comédiens puissent exprimer sans équivoque leurs émotions.