RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE

Rendez-vous en terre inconnue

Mélanie Doutey chez les nomades de Mongolie
Documentaire - Inédit - Mardi 29 novembre à 20.55

Pourquoi avoir choisi Mélanie Doutey ?

Comme beaucoup de Français, je suis tombé dingue d’elle quand je l’ai vue dans Clara Sheller sur France 2. Je lui avais alors proposé de participer à Rendez-vous en terre inconnue et, quand les dates ont fini par coïncider et qu’elle a accepté de partir avec moi, c’était comme un rêve de gosse qui se réalisait. L’expérience s’est avérée fantastique. Mélanie est dans la vie comme on la voit à l’écran : extrêmement pétillante, très présente dans l’instant, attentive aux autres, intelligente, très drôle – je suis fan de son rire ! Elle a vraiment le sens de l’autodérision.

Pouvez-vous nous décrire le moment qui précède la rencontre, lorsque le chauffeur vous laisse seuls au milieu du désert ?

C’est unique, comme sensation. On prend toute la mesure du paysage, des grands espaces qui nous entourent, de ce silence assourdissant. À ce moment-là, il y a comme un sentiment de solitude, une sorte de moment de flottement qui favorise les interrogations sur notre existence sur Terre. On se demande comment les gens vivent dans ce milieu hostile, comment ils subviennent à leurs besoins les plus simples. C’est finalement la question à laquelle on va répondre tout au long du film. Quand notre hôte arrive, c’est presque un soulagement. Dans ce milieu hostile, la chaleur et la bienveillance de ce dernier nous réconfortent beaucoup.

Ce film est particulièrement riche en émotions...

Oui, c’est un des films les plus puissants, les plus purs que nous ayons tournés. Ça s’explique d’abord par l’extrême intimité que nous avons partagée avec nos hôtes : pendant quinze jours, jour comme nuit, nous vivions à sept personnes dans cette yourte...

Cette immersion totale, ce huis clos dans lequel Mélanie était par ailleurs très à l’aise, permet de partager des liens très forts.

Et puis, dans ce numéro, tout est extraordinaire, au sens premier du terme. À commencer par Nyamsuren, notre héros. C’est quelqu’un de magnifique, d’intelligent, de bienveillant. Il a aussi un côté un peu têtu, provocateur : vouloir élever des chameaux de Bactriane dans un endroit qui ne leur est naturellement pas adapté, ça force l’admiration ! Une admiration qui a généré une relation de confiance, comme le montre l’histoire de leur enfant adopté qu’ils ont bien voulu nous confier. De notre côté, on en profite pour leur poser certaines questions. Par exemple, lui demander comment il parlerait de sa femme à un inconnu est une manière de lui faire dire quelles sont ses qualités, de les sortir un instant de la rudesse de leur vie d’éleveurs pour s’accorder un peu de tendresse. Ça fait partie des moments pour lesquels je fais ce métier. Ils donnent du sens à mon travail, à ma vie.

Comment s’organise le quotidien ?

Pendant les repérages, Franck Desplanques, notre rédacteur en chef, passe deux mois avec nos hôtes. Ensemble, ils décident des activités à réaliser. Mon invitée ne sait pas de quoi sera fait le lendemain ce qui la rend « prisonnière » de l’instant présent. Elle a pleinement conscience de chaque tâche qu’on réalise, même la plus banale : chercher à manger, à se réchauffer... Il n’y a plus que ça qui compte. On est vraiment confrontés au quotidien de nos hôtes et on réalise que, pour arriver à vivre et s’épanouir dans ce milieu, il faut être proche et à l’écoute de la nature, être très liés les uns les autres.

Dans ce quotidien, les chameaux prennent toute la place aussi... !

Oui ! Nyamsuren a une relation fusionnelle avec eux. Il en a besoin pour tout, la laine, le transport, le lait... Ce sont des animaux impressionnants, très grands, ils ont des poils très longs, un peu comme Chewbacca ! Ils ont aussi un côté très débonnaire, apaisant, doux, qui donne l’impression qu’ils sont doués d’une grande sensibilité. Nyamsuren nous a confié que les chameaux avaient changé son caractère, lui qui était avant plus colérique, plus nerveux, plus anxieux... J’ignorais qu’un animal pouvait avoir cette influence. Depuis, je m’intéresse au sujet. Les scientifiques ont prouvé qu’un mammifère ressent les mêmes émotions qu’un humain. J’aime beaucoup l’idée de la fusion entre l’être humain et l’animal.

Les adieux sont, encore une fois, très difficiles...

C’est terrible, c’est un déchirement. Les quinze jours que nous venons de vivre ne ressemblent à aucun autre. Le travail des traducteurs nous oblige à nous regarder longtemps dans les yeux. Et on dit que les yeux sont le reflet de l’âme... Ces gens nous ont ouvert leur coeur, ils ont été tellement attentifs à notre bien-être, il y avait une telle bienveillance... Alors, pour nous réconforter, il y a cette phrase qu’on se répète : « Ne sois pas triste de les quitter, sois heureux de les avoir rencontrés. »

Propos recueillis par Aline Guyard

RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE

Lors de la préparation de l’émission, redoutiez-vous certaines destinations ?

Avant de partir, on m’a fait essayer pas mal de tenues, notamment de plongée. Je dois avouer que passer une partie de mes journées en tenue de plongée n’aurait pas été une grande joie pour moi [rires] ! Mais comme j’adhère complètement au concept de l’émission, j’ai joué le jeu. J’ai été très heureuse d’apprendre que j’allais en Mongolie : je voulais visiter ce pays depuis longtemps, d’abord pour une raison familiale – des membres de ma famille maternelle sont nés là-bas – et puis, pour l’immensité du pays qui m’attirait énormément.

Quelles émotions vous animaient lorsque l’on vient vous chercher pour le départ ?

C’était un curieux mélange. Il y avait évidemment l’excitation de la surprise, parce que j’ignorais où Frédéric allait m’emmener, mais aussi de l’appréhension. J’ai l’habitude de travailler sur des personnages de fiction, d’avoir une distance, un recul par rapport à moi. Là, je n’avais pas de texte, on allait me filmer sans relâche... Je me suis rarement trouvée, moi, Mélanie, au centre d’une émission. Je ne savais pas comment j’allais réagir avec cette caméra, si j’allais réussir à l’oublier. Ma crainte était de ne pas être authentique, de finalement composer un personnage.

À partir de quel moment avez-vous oublié sa présence ?

Pour être honnête, je ne l’ai pas oubliée complètement, mais elle a cessé de m’intimider. Au fil des jours, entre le périple, la rencontre de Nyamsuren et sa famille, les paysages, la caméra a changé de statut. Elle s’est révélée être un moyen de montrer leur quotidien dans l’immensité de cette nature.

Quelles premières impressions gardez-vous de Nyamsuren ?

J’ai rencontré quelqu’un avec qui j’avais beaucoup de points communs malgré nos vies différentes. Nyamsuren et moi avons la même envie de voir la vie à travers le sourire. Une complicité s’est installée entre nous, on riait beaucoup ensemble. On a communiqué par l’humour, il y avait quelque chose de très juvénile et léger dans cette relation.

Qu’est-ce qui vous a marqué chez vos hôtes ?

L’incroyable histoire d’amour que Nyamsuren partage avec sa femme, et la volonté qui les anime. Cette volonté de transmission sur trois générations, de continuer à respecter et écouter la nature, de persister dans ce mode de vie nomade tout en étant conscients de l’évolution du monde qui les entoure... Ils sont en accord avec eux-mêmes et ouverts aux autres.

Cette aventure a-t-elle révélé quelque chose en vous ?

Même si j’ai été rattrapée par ma vie citadine à mon retour, je ne suis pas complètement revenue de ce voyage. La Mongolie a été une vraie claque. Je n’avais jamais voyagé de cette façon, en immersion totale, coupée du monde et de mes proches pendant quinze jours. Je me suis découverte dans ces relations nouées avec des personnes que je ne connaissais pas. Cette façon, que j’évoque dans le film, de vivre dans l’instant présent est quelque chose que je m’accorde peu parce qu’on est très souvent dans le regret, le remord, l’appréhension. Nyamsuren a d’ailleurs eu cette réponse assez juste lorsque quelqu’un lui a demandé s’il avait l’heure : « Non. Nous, on a le temps. »

Propos recueillis par Mona Guerre

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