INVASION MOUSTIQUES

L'Empire des sciences : Invasion moustiques

Documentaire - Samedi 25 juin 2016 à 19.00

Incontestablement antipathiques, ils sont également vecteurs de diverses maladies. Ce documentaire, qui inaugure la nouvelle saison de la collection « L’Empire des sciences », dévoile comment les moustiques profitent de nos nouveaux modes de vie pour nous envahir, avec tous les risques que cela comporte.

Les moustiques sont partout, et leurs nuisances pas vraiment près de s’arrêter. Au-delà du désagrément de la piqûre, ces détestables petits insectes présentent pour l’homme un danger potentiel : la transmission d’un virus ou d’un parasite, responsable d’affections telles que le chikungunya, le paludisme, l’encéphalite japonaise… Des maladies infectieuses qui sévissent dans les pays tropicaux et s’étendent désormais vers les zones tempérées du globe. En cause, le réchauffement climatique, mais aussi la sururbanisation, la déforestation et la mondialisation des échanges dont profitent les moustiques pour conquérir de nouveaux territoires.

Parmi les 3 500 espèces recensées, pourtant seules quelques dizaines sont vectrices de maladies. C’est le cas de l’Aedes aegypti, présent aujourd’hui sur quatre continents, porteur notamment des virus de la dengue, du Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune. Originaire de la forêt africaine, ce moustique a pris le bateau lors du commerce des esclaves, pour s’installer en Amérique du Sud et en Asie, où il s’est parfaitement adapté à la ville. Au Brésil, l’un des 120 pays touchés par la dengue, qui entraîne des milliers de morts chaque année, les autorités sanitaires s’intéressent de près à la prolifération d’Aedes aegypti. Selon l’entomologiste Sergio Luz, « on ne peut traiter que les symptômes de la maladie. Pour éviter sa propagation, il faut essayer de contrôler le vecteur ».

Contrôle des naissances

Afin de diminuer les risques de transmission, les chercheurs développent ainsi des stratégies pour réduire de manière drastique les populations de moustiques. Et ils ne manquent pas d’idées. Dans une petite ville près de Manaus, une expérimentation est en cours. Les services de santé déposent, près des habitations, des pièges imprégnés d’un insecticide (inoffensif pour l’homme). En pondant, la femelle se contamine et va elle-même disséminer le produit dans d’autres sites de ponte. Dans l’État de Bahia, un projet autrement plus audacieux a vu le jour grâce à une collaboration anglo-brésilienne. Les deux laboratoires ont mis au point une souche transgénique de moustiques mâles stériles. Relâchés dans la nature, ces derniers vont se croiser avec les femelles et entraîner la mort des larves. Cent vingt millions d’Aedes génétiquement modifiés ont déjà été libérés dans la ville de Jacobina. Il s’agit de la plus importante expérience de ce type jamais réalisée.

D’un continent à l’autre

Ailleurs, au Burkina Faso, d’autres chercheurs se penchent sur le vecteur d’une maladie qui touche la moitié de la population mondiale et s’avère nettement plus mortelle que la dengue : le paludisme, ou malaria. Appelé Anopheles gambiae, ce moustique des champs affecte surtout les populations rurales, mais pas seulement. Malin, il a su développer une résistance aux insecticides utilisés par les agriculteurs et contourner les mesures de protection mises en place par les hommes. Désormais, la femelle ne pique plus seulement la nuit mais aussi à la tombée du jour, et on la retrouve désormais en ville… Bien qu’en régression depuis une quinzaine d’années, grâce aux médicaments et aux politiques de prévention, la malaria continue de tuer, et en particulier les enfants de moins de 5 ans. Pour contrôler les populations de moustiques, les scientifiques burkinabés étudient leur comportement afin de mieux pouvoir les piéger. S’inspirant de la médecine traditionnelle, ils font également des essais avec des plantes qui pourraient empêcher le développement du parasite et sa transmission par les femelles.

Comprendre les modes de contamination

En Asie, où le climat, la démographie, les échanges économiques et les modes d’élevage favorisent les épidémies, l’entomologiste Didier Fontenille dirige un projet pour comprendre les chemins, pas toujours simples, que prennent les contaminations. Au Cambodge, où il travaille, le Culex tritaeniorhynchus est porteur potentiel du virus de l’encéphalite japonaise, qui provoque des troubles graves chez les jeunes enfants. « Ces moustiques piquent plutôt les oiseaux, mais de temps en temps ne dédaignent pas d’autres, comme le cochon ou l’homme, et c’est à l’occasion de ces repas peu naturels qu’ils peuvent transmettre le virus », explique-t-il. Dans les fermes, le passage d’une espèce à l’autre est facilité par la proximité entre les hôtes naturels, l’homme et le cochon. Il existe bien un vaccin, mais il n’est pas suffisamment utilisé, ce qui permet à la maladie de continuer de s’étendre.

Propagation du moustique tigre

Originaire d’Asie, un autre insecte a profité des moyens de transport et de la circulation des populations pour s’installer en Europe. Aedes albopictus, alias moustique tigre, fait partie des espèces les plus invasives au monde. Arrivé en France en 2004, et en région parisienne l’année dernière, malgré le climat trop froid pour lui, il est vecteur d’affections plutôt rares sous nos cieux. Il est d’autant plus surveillé qu’en 2015 on a dénombré onze cas de chikungunya dans l’Hérault et cinq de dengue à Nîmes. La lutte anti-moustiques ne fait que commencer…

Beatriz Loiseau

INVASION MOUSTIQUES

Documentaire

Durée 52 min

Auteurs-réalisateurs Patrice Desenne et Frédéric Létang

Production Grand Angle Productions / Institut de Recherche pour le Développement / Institut Pasteur, avec la participation de France Télévisions

Année 2016

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