APRES LA JUNGLE
Le Monde en face

Après la jungle

Documentaire - Mardi 11 avril 2017 à 20.50

La « jungle de Calais », démantelée le 24 octobre dernier, a soulevé la polémique autour d’une question majeure et toujours d’actualité : l’accueil des réfugiés. France 5 consacre une soirée à ce sujet avec deux documentaires, suivis d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse.

Lorsque l’État ordonne l’évacuation des migrants, officiellement pour des raisons humanitaires, le 24 octobre 2016, quelque 6 400 personnes vivent encore dans ce campement de fortune tristement connu sous le nom de « jungle de Calais ». Après une répartition sur place, les hommes montent à bord des autocars, qui les conduiront, dans différentes régions, vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) pour une durée provisoire au cours de laquelle chaque situation doit être examinée. Balluchon sur le dos, ils font montre d’optimisme, soulagés d’échapper aux terribles conditions de vie dans le bidonville. Mais comment vont-ils être reçus à destination ? La France mérite-t-elle encore sa réputation de terre d’accueil ? Pas forcément partout.

À Saint-Brevin-les-Pins, en Loire-Atlantique, l’arrivée des migrants soulève la polémique parmi la population et des coups de feu ont même été tirés sur la façade du bâtiment où ils seront hébergés. Certains, à l’instar de Florent, un père de famille trentenaire, ne comprennent pas que « des personnes soient logées, nourries et blanchies gratuitement », alors que lui est « obligé d’aller travailler pour nourrir (ses) enfants ». D’autres ont simplement peur. À plus de 600 kilomètres de là, à Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques, la réaction des habitants est loin d’être la même. Dans cette commune proche de l’Espagne où les descendants de réfugiés républicains ne manquent pas, il est naturel d’« ouvrir sa porte à quelqu’un qui est en danger de mort chez lui », comme le dit Pierre-Louis, un enseignant à la retraite. Ici, les bénévoles s’organisent pour recevoir au mieux un Koweïtien et onze Soudanais. Parmi eux, Ibrahim, qui, après avoir affronté « l’enfer libyen » et la traversée de la Méditerranée, n’aspire qu’à s’intégrer. Il peut compter sur le soutien d’Oloron, qui lui a trouvé un premier contrat d’intérim dans le bâtiment.

Heureux, il affirme que « le travail, c’est une bonne chose, c’est même essentiel dans la vie de tout être humain ». Nassir, un jeune Afghan, a, lui, été envoyé comme quarante-six autres migrants à Saint-Brevin. L’accueil y a été moins chaleureux, mais seulement à l’arrivée. Car, là aussi, des volontaires se sont mobilisés pour lui venir en aide. Le temps d’apprendre le Français « pour échanger », Nassir « compte ensuite (se) lancer dans les études ». Et vivre, comme Ibrahim et les autres, enfin en paix.

Beatriz Loiseau

 

EXTRAITS

Yannick, ancien éducateur (Saint-Brevin-les-Pins) : « Cinquante migrants dans une station balnéaire comme la nôtre, si on n’est pas capables de les accueillir, franchement c’est grave. Si on avait une guerre et qu’on était forcés de partir, on serait bien contents d’être accueillis. »

Valérie, sa compagne : « Ça m’agresse quand j’entends : “Ils vont violer nos filles” ; pour qui prennent-ils ces jeunes garçons qui pourraient être mes enfants finalement ? »

Pierre-Louis, enseignant retraité (Oloron-Sainte-Marie) : « Le bonheur pour eux, comme pour nous, ce n’est pas (seulement) d’avoir un logement, être chauffé, manger correctement ; c’est aussi de faire tout ce qui rend la vie merveilleuse, c’est-à-dire ce qui est sportif, artistique… On veut leur apporter ce bonheur-là. »

Ibrahim : « J’avais entendu parler de cette obligation de liberté et de justice dans les pays occidentaux ; maintenant que je suis en France, j’ai pu le vérifier par moi-même. Effectivement, il y a la liberté, du respect également, avec de la considération pour l’homme ; c’est beau à voir et c’est ce qui me plaît en France. »

Nassir : « Je ne veux pas retourner en Afghanistan ; j’en suis venu à détester mon pays. Depuis ma naissance, je n’ai connu que la guerre ; on ne fuit pas la pauvreté ou la famine, on a ce qu’il faut, mais il y a une chose qu’on n’a pas, c’est la paix ; pas de sécurité, pas de règles, c’est de ça qu’on souffre le plus. »

Un entraîneur de foot : « J’ai travaillé quinze ans en Afrique. Ils m’ont accueilli, avec mes enfants et ma femme, d’une façon formidable. Pour moi, ma mission, c’est un devoir (…). Le foot n’est qu’un artifice ; les premières séances, on les a fait chanter, danser ; j’ai l’impression qu’il fallait qu’ils vomissent ce qu’ils ont vécu, la guerre, l’abandon de la famille, les passeurs, les bateaux, la jungle… »

Émile, fils de réfugiés espagnols : « On dit que la France est la patrie des droits de l’homme, qu’elle le montre, là. »

 

À 21.55 Le Monde en face : Calais, les enfants de la jungle

APRES LA JUNGLE

Documentaire

Durée 62 min

Auteur Maxime Liogier

Réalisateur Julien Launay

Production Maximal Productions, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

 

france5.fr/lmef

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