ANTOINE BLONDIN - LA LEGENDE DU TOUR

Antoine Blondin – La Légende du Tour

Documentaire - Inédit - Mardi 19 juillet 2016 à 15 heures

Il y a 25 ans, disparaissait le romancier et chroniqueur Antoine Blondin. L’auteur d’Un singe en hiver était aussi un passionné de sport et plus particulièrement du Tour de France, épreuve qu’il a couverte à 27 reprises en tant que chroniqueur pour L’Équipe. À l’heure où la petite reine entame sa troisième semaine, un autre passionné du Tour et des écrits d’Antoine Blondin, Christophe Duchiron, lui consacre un portrait. Explications.

Il y a près de trente ans, j’ai découvert Antoine Blondin à travers ses écrits, notamment ceux sur le Tour de France. C’est pour moi un chroniqueur avant d’être un romancier. L’an dernier, alors que son ami, le journaliste et romancier Jean Cormier, lui consacrait un nouveau livre, il m’a suggéré l’idée de ce film. Ce qui m'intéressait dans le projet, c'est qu'à travers le rapport d’Antoine Blondin au Tour de France, on pouvait dresser un portrait. Je n'aurai pas la prétention de dire que c'est "le" portrait d'Antoine Blondin mais plutôt "un" portrait d'Antoine Blondin dans son rapport au Tour de France. Et à travers ses chroniques, que j’ai toutes lues, se dessine l’homme, dont on devine la mélancolie, voire parfois une difficulté à vivre dans le monde qui est le sien et que je trouve touchante.

« Il y a plusieurs Blondins chez Blondin »
Antoine Blondin avait plusieurs vies qu’il menait presque en même temps. Sa vie de famille ou plutôt ce qui pouvait en rester, sa vie d’écrivain et sa vie de chroniqueur sportif, car il n’a pas seulement écrit sur le Tour, même si la Grande Boucle avait sa préférence. Entre 1954 et 1982, il n’a manqué qu’un départ (1958, année où il écrira Un singe en hiver, NDLR) et publié 524 chroniques. Mais bien avant cela, gamin, il avait pratiqué différentes activités sportives et, sans avoir de prédispositions particulières, il aimait vraiment cela. Un plaisir qu’il a retrouvé par la suite, à travers ses écrits, à travers ces épreuves qu’il suivait, à travers les champions dont il admirait les exploits.

Du pin et des jeux, 19 juillet 1954
Du pin et des jeux est, à mon sens, une chronique fondatrice. C'est la première fois qu'il suit et découvre le Tour de l'intérieur. Jamais auparavant, Antoine Blondin n’avait écrit de chronique sportive, et, d’emblée, tout est là. Le rapport à l'enfance, qui n’a pas été très simple. Son style si agréable à lire, où les jeux de mots ne sont jamais gratuits. C’était un besogneux, Blondin. Il ne voulait pas apparaître ainsi, mais il l’était. Une exigence au service de ses lecteurs.
Dans Les Misters de Paris, publiée en 1979, il exprime intimement ce que représente le Tour pour lui. Au-delà de l’amour qu’il a du sport ou des champions, il explique avoir trouvé sur le Tour une famille, une sorte de bouclier. Et cela rejoint ce qu’il avait dit dans l’émission Apostrophes en 1978, à Bernard Pivot : « Le Tour, c’est à la fois mon manteau et ma maison. » C’était aussi un homme fragile, Blondin. Un homme qui survit.  

Poulidor et Blondin
Raymond Poulidor et Antoine Blondin se sont connus à une époque où les journalistes étaient très proches des coureurs. Ils se sont d’abord connus sur le Tour avant de devenir voisins. En 1969, Antoine Blondin s’installe à Linards. Soit à 18 kilomètres de Saint-Léonard-de-Noblat où réside Raymond Poulidor. Ce rapprochement géographique a renforcé leurs liens. Poulidor admirait Blondin. Et Blondin, qui était un intellectuel, aimait la personnalité de cet homme d'une intelligence très vive tout autant qu’il admirait le grand cycliste qu’il était. C'est ce qui est bien chez Blondin : il  n'a jamais pris les cyclistes pour des idiots. Et Dieu sait qu'à une époque, le sportif n'était pas très valorisé aux yeux des intellectuels. Mais lui n'a jamais été de ceux-là. Pas plus qu’il a fait le numéro d'un intellectuel venant s'encanailler auprès du peloton. Non. Il avait une vraie passion pour le Tour et pour ses champions.

Il y a un avant et un après Blondin
Non content qu’il ait été un des grands « écriveurs » de la légende du Tour, ce qu’a fait Blondin à l’époque, plus personne ne pourra le faire. Il est ancré dans une époque du Tour de France, et pas dans n’importe laquelle. C’est pour ça qu’il y a un avant et un après Blondin. De son temps, les gars suivaient la course de l’intérieur. Poulidor m’a raconté que lorsque cela lui était possible pendant la course, il allait saluer Blondin, qui était installé dans la voiture 101. Aujourd’hui, cela serait impossible. Le Tour a changé de dimension, tout comme le rapport aux champions. Et il faut être honnête, Blondin ne pourrait pas aujourd’hui écrire comme il l’a fait dans ces années-là. Aujourd’hui, le peloton ne vous remonte plus. La majorité des journalistes suivent la course devant un écran de télévision. Donc le rapport à la course, à l’événement est tout autre. Je ne dis pas qu’il est artificiel, mais il n’est plus ce qu’il était à ce moment-là. Il y a encore des journalistes et des écrivains de grands talents qui produisent des choses merveilleuses sur le Tour, mais c’est différent de ce que pouvait faire Blondin à l’époque. Et pour l’anecdote, j’ai écouté des propos de Blondin, qui regrettait dans les années 60 que le Tour ait changé par rapport à ce qu’il était pour lui dans les années 50.

Propos recueillis par Clotilde Ruel

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Souvenirs du Tour
Il se remémore les mois de juillet vendéens où, enfant, il jouait sur les plages à faire courir ses cyclistes sur des circuits ensablés. Autant qu’il se souvient des mois d’août passés dans la campagne creusoise, à quelques encablures de la ville d’adoption de Raymond Poulidor, Saint-Léonard-de-Noblat. Mais à l’été 1974, c’est dans la Creuse que Christophe Duchiron débute ses vacances. En ce jour de fête nationale, quand Poupou, alors âgé de 38 ans, s’impose dans le dernier col face au maillot jaune, le réalisateur se revoit aux côtés de sa grand-mère folle de joie. L’enfant du pays, leur idole, venait de battre Eddy Merckx.
Un an plus tard, c’est une autre victoire qu’il suit. Celle de Bernard Thévenet et son attaque dans l’étape Nice-Pra Loup qui signera la fin de la suprématie du coureur belge sur le Tour.
D’autres faits, d’autres victoires le marqueront avant qu’il ne couvre à trois reprises cette Grande Boucle. À l’époque, l’espagnol Miguel Indurain écrasait la concurrence et laissait peu de place au suspense. Pas de quoi néanmoins enrayé l’amour de Christophe Duchiron pour « cette machine » qu’il juge à la fois capable de fabriquer des mythes et des souvenirs familiaux. Et à bien y regarder, rares sont les événements à permettre ça.

Antoine Blondin, le fanatique de cyclisme autant que l’amoureux des lettres, a, entre 1954 et 1982, écrit 524 chroniques sur le Tour de France dans le quotidien L’Équipe. À travers son amour de la Grande Boucle, en presque trente ans d’enthousiasme et de virtuosité, il a donné ses lettres de noblesse à la littérature sportive.

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Un film réalisé par Christophe Duchiron
Écrit par Christophe Duchiron et Jean Cormier
Coproduit par Gédéon Programmes et l’INA
Avec la participation de France Télévisions et du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée

Mardi 19 juillet 2016 à 16 heures
Un film inédit de Gérard Holtz. Réalisé par Éric Falaizeau. Coproduit par MFP et l’INA. Avec la participation de France Télévisions.

Grâce à des images d’archives inédites et de très nombreux témoignages, dont ceux des plus grands vainqueurs du Tour, c’est toute l’histoire du maillot jaune que va nous raconter Gérard Holtz.

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