BIEN MANGER A QUEL SAIN SE VOUER ?
Le Doc du dimanche

Bien manger, à quel sain se vouer ?

Série documentaire - Dimanche 15 octobre 2017 à 20.50

Manger sainement est une préoccupation pour 82 % des Français, et ils ne sont pas les seuls. Ces dix dernières années, les ventes mondiales d’alimentation dite « healthy » ont explosé. Un marché qui pèse désormais 20 milliards d’euros. Mais ce business est-il aussi sain que les atouts vantés sur les emballages le laissent supposer ? Sarah Oultaf a mené l’enquête.

« Je suis moins malade, beaucoup plus en forme et plus énergique au quotidien. » Cette jeune femme de 29 ans dit avoir perdu 17 kilos en trois ans depuis qu’elle s’est convertie à la healthy food, la nourriture saine. Son blog sur Instagram rassemble 46 000 fans, car l’engouement pour ces nouvelles formes d’alimentation est désormais mondial.

Un exemple parmi d’autres : les aliments sans gluten — accusé de perturber la digestion — ont le vent en poupe. « On a l’impression que le sans-gluten est restrictif, affirme la chef cuisinière Angèle Ferreux-Maeght, mais, au contraire, il nous ouvre sur tout un tas de nouveaux produits. » Les industriels l’ont bien compris et proposent désormais en grandes surfaces une infinité de marques, vendues moins chères qu’en magasin spécialisé. Mais ces articles tiennent-ils tous leurs promesses ?

Des étiquettes à passer à la loupe

Des étiquettes à passer à la loupe

Le médecin nutritionniste Laurent Chevallier souligne l’importance de lire attentivement la composition sur l’emballage. Car on y observe souvent la présence d’amidon et d’additifs, dont certains peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé. Ainsi l’E471, indicateur de mono et diglycérides d’acides gras, qui compense l’absence de gluten, serait à l’origine de maladies auto-immunes, de diabète ou d’allergies…

Autre exemple : les galettes de riz, dont la consommation annuelle se compte en milliers de tonnes. De nombreuses marques les proposent, mais, là aussi, le médecin averti alerte. Ce riz soufflé augmente l’index glycémique. De plus, une étude scientifique américaine de 2012 a révélé dans ces galettes un taux élevé d’arsenic, présent naturellement dans les rizières. Si l’Europe a fixé un seuil toléré pour cette substance, certains pays, comme le Danemark, estiment qu’il présente déjà un risque pour la santé.

Même les jus de fruits et légumes aux vertus anti-oxydantes ou détoxifiantes sont désormais pointés du doigt. En cause, le taux de sucre toujours plus élevé que dans le fruit. En 2014, un article de la revue The Lancet affirme que « les jus de fruits comportent autant de calories et de sucres que les sodas ». Seule solution pour en atténuer les effets : diluer avec de l’eau ou, mieux encore, préparer soi-même ses boissons avec des ingrédients naturels.

Des produits moins sûrs que prévu

Côté laitages, ceux qui s’affichent sans lactose reçoivent désormais tous les suffrages. Mais, là aussi, un additif très utilisé dans l’industrie alimentaire inquiète les scientifiques : le carraghénane, extrait d’algue rouge servant de gélifiant. « Selon moi, cet additif est mauvais pour tout le monde, estime la physicienne américaine Joanne Tobacman, et pire encore pour certains. » Selon elle, il provoquerait une intolérance au glucose et des ulcères à l’estomac.

L’alimentation saine met en avant ses superaliments, réputés bénéfiques pour la santé grâce à leur teneur plus forte en antioxydants, vitamines ou en minéraux. Ainsi, le chou-kale connaît un succès phénoménal outre-Atlantique. Cette variété ancienne de chou vert aurait tous les atouts pour la santé. Pourtant, certaines grandes firmes ont déjà abusé de la mention « chou-kale » pour vendre des boissons qui n’en contiennent que très peu. En France, les baies de goji, aux vertus médicinales recherchées, ont connu un épisode critique : en 2009, les importations de Chine sont suspendues pendant quelques mois, à la suite de la découverte de taux élevés de pesticides et de métaux lourds. Dans certains cas, même la mention « agriculture biologique » ne suffit plus…

Anne-Laure Fournier

Documentaire

Durée 52 min

Réalisation Sarah Oultaf

Production KM, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

© KM

 

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