Le singe, vecteur de transmission, est une viande appréciée par la population locale.
À l’occasion du Sidaction (du 1er au 3 avril)

Sida, la piste africaine

Documentaire - Vendredi 1er avril 2016 à 15.10

Le virus du sida est apparu au Cameroun au début du XXe siècle, de nombreuses décennies avant son identification. À l’heure de la mobilisation pour le Sidaction, ce film retrace, au cœur du continent africain, la piste suivie par les équipes internationales de chercheurs pour dater l’origine et l’expansion de la pandémie mondiale.

On sait qu’un seul échange de sang entre un chimpanzé et un homme a ouvert les portes d’un drame sanitaire sans précédent. C’est en 2015 que cette première contamination a finalement pu être localisée à l’extrême sud-est du Cameroun, dans la région de Lobéké, grâce à une coopération exemplaire depuis trente ans entre médecins, virologues, anthropologues, historiens et géographes fédérés par l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Une vaste étude menée dans cinq pays d’Afrique centrale leur a permis, à partir de l’analyse des déjections des grands singes, d’identifier le VIS, virus de l’immunodéficience simienne, dont chaque espèce porte un type qui lui est propre. Celui du chimpanzé de Lobéké se révèle être le plus proche de la souche ayant contaminé 99 % des patients humains dans le monde.

carte© BCI Communication

À Kinshasa, une épidémie silencieuse

L’histoire commence au début du XXe siècle avec un homme infecté par un primate, car sans doute amateur de viande de brousse, comme une grande partie de la population locale. Ce premier porteur du virus emprunte la voie fluviale, seul moyen de transport à l’époque, et arrive à Léopoldville — l’actuelle Kinshasa — en plein essor démographique. Les relations sexuelles y sont très libres et les autorités coloniales constatent une recrudescence de maladies vénériennes. Les historiens ont retrouvé les notes d’un médecin français qui répertorie alors des cas inexpliqués, dont les symptômes s’apparentent aux maladies déclenchées par le sida. Même la médecine coloniale, qui ignore les gestes médicaux protégés, participe à la transmission du virus. « On retrouve, précise l’historienne Amandine Lauro, l’imbrication de toute une série de facteurs complexes qui ont pu intervenir dans le développement du VIH à Léopoldville. » Car c’est bien là que l’épidémie se propage dans les années 1930. « On le sait, explique Éric Delaporte, médecin infectiologue et directeur de recherches à l’IRD, parce qu’à Kinshasa on retrouve l’ensemble des types viraux décrits dans la population mondiale. »

La maladie des 4H

Dans les années 2000, la découverte et l’analyse de prélèvements de tissus humains soigneusement conservés apporteront la preuve de la présence du virus au moins depuis les années 1960. C’est à cette époque, juste après l’indépendance du Congo (l’actuelle RDC), que débarquent à Kinshasa plusieurs milliers de coopérants haïtiens. Le virus, qui a la particularité de demeurer indétectable longtemps, voyage avec eux lorsqu’ils rentrent dans leur pays. C’est le début de l’épidémie mondiale : le tourisme sexuel en Haïti, particulièrement prisé par les gays, favorise le transport du VIH aux États-Unis. En parallèle, des litres de sang haïtien vendus à bas prix s’exportent sur le sol nord-américain. Au début des années 1980, les premiers cas de sida déclarés sont enfin identifiés. On parle à ce moment-là de la maladie des 4H : homosexuels, héroïnomanes, Haïtiens, hémophiles. On ne sait pas encore que le virus touche tout le monde...

Les zoonoses

« Il a fallu vraiment la convergence de très nombreux facteurs, souligne Éric Delaporte, pour qu’à partir d’un cas de transmission du singe à l’homme, ce virus finisse par toucher soixante millions de personnes. »
En France, le nombre élevé de Zaïrois contaminés oriente les premières recherches vers l’Afrique… En suivant le parcours du virus, du Cameroun à Kinshasa, puis à Dakar ou Pretoria, le documentaire de Rémi Lainé propose un voyage dans le temps et montre également comment, en Afrique subsaharienne, face à l’émergence du sida, certains pays ont su réagir et d’autres adopter la politique de l’autruche. Enfin, il éclaire sur les risques toujours latents de « zoonoses », ces maladies qui, comme le sida, passent de la faune aux hommes à la faveur des grands bouleversements de l’environnement et, à l’heure de la globalisation, peuvent provoquer des crises sanitaires à l’échelle mondiale.

Anne-Laure Fournier

Documentaire

Durée 52 min

Auteur-réalisateur Rémi Lainé

Production Beau Comme une Image et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), avec la participation de France Télévisions (France 5 et France Ô)

Année 2016

Les magazines de France 5 se mobilisent pour le Sidaction. Michel Cymes et Marina Carrère d’Encausse y consacreront un sujet dans Le Magazine de la santé et Allô docteurs, juste avant la diffusion du documentaire Sida, la piste africaine. D’autres magazines relaieront le combat du Sidaction : Médias le magazine, Les Maternelles, La Quotidienne, C à dire, C à vous et Entrée libre.

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