25 nuances de doc

Akeji, le souffle de la montagne

Mardi 7 décembre à 23.30



 

Résumé

Akeji et Asako vivent hors du temps, dans un ermitage au toit d’herbe caché au creux de la montagne, parmi les animaux et les esprits de la nature. Maître Akeji est un peintre au rayonnement international. Descendant d’une lignée de samouraïs, il a été initié à la Voie du thé, du sabre et de la calligraphie. Le couple a fait le choix radical de vivre à l’écart du monde.
Saison après saison, Asako cueille des végétaux qu’elle transforme en pigments, Akeji prie et s’adonne à la peinture. Le cycle de la nature semble immuable. Pourtant, le temps se fissure…
 

Biographie d’Akeji

Akeji est descendant d’une lignée de samouraïs du côté de son père Sumiyoshi, et d’une branche de la famille impériale du côté de sa mère Katsura. Le chrysanthème, symbole de l’empereur, orne plusieurs sabres familiaux.
Il a été élevé par son grand-père dans un dojo clandestin de montagne. Formé aux arts martiaux, il a appris les techniques secrètes du budo de Kurama.
Il a également étudié l’art de la calligraphie et celui du thé à l’école Urasenke de Kyoto. Il aimait nous dire que c’était « l’école de l’ombre ».
A 12 ans, il est parti faire son apprentissage de temple en temple, dans la voie du Zen. 
Il a ensuite fait des études de droit et de biologie à l’université de Kyoto et de Tottori. 
Ce parcours atypique a attiré l’intérêt du premier ministre Ikeda qui lui a demandé de rejoindre un groupe de réflexion sur l’avenir du Japon. Ce poste au gouvernement lui a permis de découvrir le monde. En 1964, il a décidé de passer un an en France pour étudier à la Sorbonne. C’est de là que vient sa connaissance de notre langue. 
Au retour, il a soudainement décidé de se retirer du bruit du monde avec Asako pour se consacrer à la contemplation et la peinture. Il dit avoir été « appelé par la montagne »

Il a fait le choix de n’utiliser que les fruits de la nature dans son art. Il élabore lui-même ses pigments : doré des oignons, bleu des fleurs d’été, violet des baies de sakaki (arbre sacré), jaune des mues de cigales… Il a appris à connaître par cœur sa vallée et ne travaille qu’avec les plantes de son environnement proche. L’eau est particulièrement pure à Himuro, qui signifie littéralement « glacière ». C’est dans cette vallée cachée que se trouvaient les réserves de glace de l’empereur. Cette pureté est indispensable à la peinture végétale dont il a développé l’art. 
Tous les papiers qu’il utilise sont soigneusement choisis. Il va les chercher à Echizen, auprès de Ichibe Iwano, « Trésor National Vivant ». Cet artisan fabrique le célèbre papier Washi uniquement à partir de l’écorce de mûrier. Akeji a connu plusieurs générations de la famille et fait des demandes très spécifiques (épaisseur, grammage…). Les fibres organiques transparaissent dans ses toiles. 
Méconnu du grand public, Akeji est adulé au sein d’un cercle d’initiés, parmi lesquels figuraient le psychanalyste Jacques Lacan, collectionneur de la série de toiles sur les « Boki », mères-ogres qui dévorent leurs enfants, la famille Matisse ou encore le metteur en scène Peter Brook. 

Passionné par l’origine de l’écriture et les premiers kanjis, Akeji a fait ressurgir du passé des termes oubliés comme Mononoké (« l’esprit des choses qui nous entourent »), que son ami Hayao Miyazaki lui a emprunté pour son célèbre film Princesse Mononoké. 
Il maîtrise une écriture archaïque dont il fait revivre les caractères éteints sous son pinceau. Ses toiles se fondent sur la réinterprétation des idéogrammes japonais. 
Toutes les connaissances dont il est le gardien représentent une véritable bible de savoirs souvent disparus, oubliés.
 

Note d'intention de Mélanie Schaan & Corentin Leconte - Réalisateurs


Le Japon est un de ces pays au pouvoir d'évocation particulièrement puissant. Fascinant, mystérieux, attirant, il est difficile d'échapper à l'imaginaire qui lui est associé. Nous avons d'abord dû abandonner nos préconceptions liées aux clichés de la culture nippone, nos attentes construites par les livres de Tanizaki, les films de Mizoguchi. Nous nous sommes plongés dans la pensée et la mythologie japonaise, les rituels shintoïstes, la poésie médiévale, la faune et la flore.
À l’origine, c’est la force de l’art de Maître Akeji qui nous a attirés. Son parcours hors du commun nous a poussé à aller à sa rencontre. Nous avons vécu quatre saisons auprès de lui et son épouse Asako, dans leur ermitage au toit d’herbe. Sur place, nous avons découvert bien plus que ce que nous attendions. Nous avons eu l’impression de vivre auprès d’un couple qui savait pleinement habiter la terre. La peinture semblait émaner de la nature même, comme une matérialisation des éléments, une incarnation de ces kamis qui peuplent la forêt.
Auprès d’eux, nous avons eu l’impression de renouer avec quelque chose d’essentiel dont il fallait témoigner. Il nous a fallu du temps pour accepter de laisser la nature dicter son rythme au tournage. Akeji et Asako nous ont transmis beaucoup, même dans leurs silences. Ce qui nous a le plus marqué est sans doute cette capacité d’attention subtile à ce qui nous entoure. Ils nous ont appris à être sensibles aux nuances de couleurs, aux minuscules variations du temps, à l’infime. Progressivement un bruit intérieur, une frénésie s’est apaisée en nous pour laisser de l’espace à l’épanouissement de l’imaginaire. Cette notion du temps différente, cette autre approche du monde et de la spiritualité a remis la nôtre en perspective. Himuro est un petit coin du monde qui nous parle de notre relation à la terre, au temps, à ce que nous choisissons de vivre. Le cœur du film se trouve là.
Ce que l’on cherche, c’est sortir de nos plis, retrouver un souffle, proposer sans moralisme une relation harmonieuse à la nature, une tendresse envers le monde. En se confrontant à la mort, c’est aussi une ode universelle au cycle de la vie sans grandiloquence. L’histoire d’Akeji et Asako est un prisme singulier qui nous parle à tous.
Nous avons besoin de beauté, de respiration et de rêve. Nous les revendiquons comme éminemment politiques. Les partager est l’engagement de notre film.

 

Quartier impopulaire


25 NUANCES DE DOC

France 2 est fière de proposer pour une nouvelle saison l'espace documentaires : « 25 nuances de doc » ! Ce rendez-vous propose chaque mardi des films uniques, français, européens ou d’ailleurs, des films inédits ou des grands classiques. Son ambition est de mettre en avant le cinéma documentaire, avec des œuvres singulières et fortes, pour donner à voir un monde tout en nuances.

 

25 nuances

 

71'

Un film de  
Mélanie Schaan
&
Corentin Leconte

 

Une production
.Mille et Une. Films

 

Pôle Société & Géopolitique France Télévisions
Renaud Allilaire
David Amiel

 

Directrice de l'unité documentaires de France Télévisions
Catherine Alvaresse 
 

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Le documentaire est disponible en visionnage sur
https://www.francetvpreview.fr/ 

 

et en replay pendant 60 jours sur
https://www.france.tv/france-2/25-nuances-de-doc/

Laurence de Faria
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