De miel et de sang

Note d’intention de la réalisatrice 

Ce qui m’a plu dans le scénario de Marc Eisenchteter et de Thomas Luntz, c’est la singularité d’une enquête autour d’un meurtre particulier, par choc anaphylactique, provoqué par des piqûres d’abeilles.
Je suis entrée dans l’histoire par un métier, l’apiculture, et j’ai tout de suite entrevu le potentiel de déployer l’univers des abeilles jusque dans la mise en scène et la plastique du film. De fait, je souhaite que le film évoque le fonctionnement d’une ruche, avec sa reine, ses abeilles et leurs métiers : nettoyeuse, nourricière, manutentionnaire, bâtisseuse, gardienne, exploratrice, guerrière… Toutes les fonctions qu’exercent les femmes de Saint-Ambroise, ce bourg endeuillé par un accident de car qui a vu disparaître 24 jeunes vies de garçons, leurs fils et maris.

Quand le capitaine Fred Carrel, officier à l’Office Central de Lutte Contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique, revient dans le village de son enfance, pour enquêter, il ne mesure pas assez qu’il va être confronté à ce qu’il a refoulé.
J’avais aimé la série japonaise «Shokuzai» de Kiyoshi Kurosawa (2012) sur celles qui voulaient se souvenir et celles qui voulaient oublier le meurtre dont avait été victime une de leurs camarades d’école.
C’est un peu la situation de Fred et de son amie d’enfance Sara, commandante de la gendarmerie. Fred s’est éloigné pour oublier son traumatisme, Sara a vécu le deuil de son frère en restant à Saint Ambroise. C’est d’ailleurs un motif récurrent du film dont les personnages féminins se révèlent plus fort que les personnages masculins.
Cela enrichi considérablement le film policier en lui donnant sa singularité et me permet d’aborder ce genre en y associant mes fondamentaux personnels de la mise en scène : attention aux corps des acteurs, à la relation à la nature, au rythme du film.
J’y trouve également de nouveaux défis stimulants, de l’usage des effets spéciaux (maquillage latex et trichromie du point de vue des abeilles) aux cascades pour les scènes d’action.
Surtout, c’est pour moi une promesse exaltante de tourner en milieu rural, de donner à voir ce métier, ses gestes précis et délicats, pour lesquels je souhaite d’ailleurs engager des apiculteurs professionnels dans des rôles sur le film.

Je me réjouis aussi, à cet égard, de travailler avec l’équipe soudée et expérimentée de la Fabrique de Marseille, et de m’appuyer sur leur connaissance de la région.
C’est une chance pour un projet comme celui-ci dont l’ancrage territorial se doit d’être organique et sincère.

La mise en scène montrera un midi automnal, loin des clichés sur les abeilles butinant les lavandes. Nous filmerons les gorges où le car est tombé, alternant des plans larges de paysages à la macro des images d’abeilles. J’imagine d’ailleurs des plans, notamment celui de fin du film, qui puissent passer du regard subjectif d’une abeille avant de prendre du champ pour la suivre au drône.

Cette subjectivité, c’est aussi et surtout celle de Fred Carrel sur ce qu’il découvre.
Adopter son point de vue, épouser ses sensations et son vertige appellent aussi un traitement particulier de l’image et de la mise en scène pour permettre au spectateur d’entrer dans ses crises d’angoisse. Je souhaite pour cela filmer à deux caméras, en axe contrarié, pour préserver la spontanéité du jeu, et y associer le stabilisateur qui, à hauteur d’homme, permet à la caméra de sensualiser le corps de l’acteur.

J’ai l’honneur d’être entourée d’acteurs éminemment talentueux et reconnus, qui portent l’ambition populaire de ce film de divertissement, tout en offrant, par leur jeu délicat, une variation sensible aux codes traditionnels du polar.

Lou Jeunet

Résumé

Après 15 ans d’absence, le capitaine Fred Carel, de l’Office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement, revient dans le village de Provence qui l’a vu grandir. Avec Sara, son ancienne camarade de lycée à la tête de la gendarmerie, il doit enquêter sur la mort d’Antoine Bernier, tué par des dizaines de piqûres d’abeilles.

Ça ne pourrait être qu’un triste accident, mais plusieurs éléments suspects interpellent Fred et Sara. Tous convergent vers Louise, Anaïs et Géraldine Portal, trois générations de femmes d’une éminente famille de la région.

Il y a d’abord ce trafic de ruches qui met les apiculteurs, dont les Portal, à cran.

Surtout, quinze ans auparavant, Antoine Bernier fut l’un des seuls rescapés du tragique accident de bus qui coûta la vie à la quasi-totalité de l’équipe de football locale. Louise, Anaïs et Géraldine Portal y ont respectivement perdu leur père, leur mari et leur fils.

Fred Carel était aussi dans ce bus. Et c’est à Antoine Bernier qu’il doit la vie.

Sara pourra-t-elle aider Fred à enfin surmonter son traumatisme et ainsi, dévoiler la vérité ?

Avec

Nicolas Gob (Fred Carrel), Léa François (Sara Becker), Eva Darlan (Geraldine), Selma Kouchy (Anaïs), Kim Higelin (Christie), Sarah Saïdi (Louise)

Durée 90 min

Inédit
 

Ecrit par Marc Eisenchteter et Thomas Luntz

Réalisé par Lou Jeunet

Produit par David Kodsi et Julien Rouch

Production K'ien Productions 

Direction de la fiction française France Télévisions Anne Holmes et Anne Didier

Conseillère de programmes Caroline Ferrier
 

Ce programme est disponible en visionnage sur  https://www.francetvpreview.fr