LEONARDO, L'HOMME QUI A SAUVE LA SCIENCE ?
Sciences grand format

Léonard de Vinci, accélérateur de science

Documentaire - Mercredi 17 mai 2017 à 20.50

Homme de sciences, Léonard de Vinci (1452-1519) est autant connu pour ses œuvres d’art que pour ses inventions. On sait moins que, pour une partie d’entre elles, il n’a fait qu’améliorer des systèmes et des techniques déjà existants. Quelle est donc la réelle étendue du génie scientifique de Léonard ?

Il incarne l’esprit humaniste de la Renaissance. De l’immense artiste peintre, seules quinze œuvres nous sont parvenues. Mais Léonard de Vinci fut aussi le génial scientifique et ingénieur dont les études et observations préfigurent les innovations technologiques de notre temps. Ses milliers de notes et schémas ont rempli des carnets rassemblés aujourd’hui dans dix Codex. Ils constituent une source d’information inestimable sur ses inventions, dont il ne subsiste aucune trace physique. Or, en y regardant de plus près, il ressort que certaines sont inspirées du travail d’autres chercheurs.

Il en va ainsi du parachute, dont on retrouve les dessins dans le Codex Atlanticus : « On sait maintenant que l’invention n’est pas de lui et qu’il l’a en fait copiée de Taccola », explique Mario Taddei, du centre de recherches italien Leonardo 3. L’ingénieur Mariano di Jacopo, dit Il Taccola (1381-1458 ?), s’était lui-même inspiré d’un inventeur musulman du IXe siècle de Cordoue. Pourtant, « le plus remarquable, c’est que Leonardo est le premier à écrire au sujet des matériaux nécessaires à la fabrication de cet objet, et […] le seul à élaborer ses dimensions ». La version qu’il réalise à partir du dessin de Taccola se révèle donc bien plus élaborée.

Curiosité scientifique et indépendance d’esprit

L’homme, qui s’est formé dans l’atelier d’Andrea del Verrocchio, possède une « incroyable curiosité scientifique » et une fascination pour le monde du vivant et la nature en mouvement. « C’est cette indépendance d’esprit qui a nourri sa pensée, sa philosophie et sa science », résume son biographe Charles Nicholl. Mais à Florence, où règnent les Médicis, il se sent exclu car il n’a pas étudié et se décrit comme un « homme sans lettres », tout en affirmant : « Je m’en remets à quelque chose de plus grand et de plus digne : l’expérience, la maîtresse de leurs maîtres. » Son homosexualité commence à lui poser des problèmes. Alors il s’adresse au duc de Milan et, pour le convaincre de devenir son mécène, rédige ce qui apparaît aujourd’hui comme un des premiers CV de l’histoire. Il y décrit avec force détails les machines de guerre et armes secrètes dont il aurait imaginé la conception et le fonctionnement. Mais, comme ses machines de construction copiées sur celles de Filippo Brunelleschi (1377-1446) conçues cinquante ans auparavant, il s’inspire encore une fois des recherches de l’ingénieur militaire Roberto Valturio. Or, s’il ne les a pas inventées, il les a déjà améliorées. « C’est là son génie, il étudie beaucoup », explique Mario Taddei. « En de nombreux points, il est opportuniste, précise son biographe. Il apprend ce dont il a besoin dans une situation et un but précis. » Il devient l’ingénieur du duc de Milan, chargé de l’organisation des fêtes et des spectacles. Pour lui, il crée la première « automobile », un robot inspiré des travaux d’un inventeur arabe du XIIe siècle, Ibn al-Jazari, influencé lui-même par les travaux de Héron d’Alexandrie (Ier s. après J.-C.). De la même façon, ses études sur la boîte noire – le sténopé – prendront leur source dans celles de l’Arabe Ibn al-Haytham (965-1039). Pourtant, « ce que nous dit Leonardo, interprète Salim al-Hassani, professeur d’ingénierie mécanique, c’est qu’on doit toujours douter de ce qu’on lit […]. On doit prouver ses recherches par l’expérimentation ».

L’homme au centre de tout

Son appétit inextinguible pour les sciences et sa certitude que tout est profondément lié l’entraînent inlassablement vers d’autres de domaines. « À sa façon, affirme Charles Nicholl, il a créé ce que l’on appelle aujourd’hui la méthode scientifique. » Sa passion pour l’anatomie le conduit en 1486 à résoudre l’énigme de l’« homme de Vitruve » : contenir un homme à la fois dans un cercle et un carré, définissant ainsi les proportions idéales du corps humain. Pour Toby Lester, auteur du Fantôme de Da Vinci, « le dessin de Leonard ne surgit pas de nulle part. C’est une continuité et c’est probablement le produit d’une collaboration étroite avec Giacomo Andrea ». Cet architecte et ami l’orientera dans la bonne direction. Son homme de Vitruve devient un symbole : celui de l’homme au centre de tout. « Au final, conclut Charles Nicoll, sa quête scientifique consiste à comprendre la nature de la vie ; c’est sa grande idée. »

Anne-Laure Fournier

LEONARDO, L'HOMME QUI A SAUVE LA SCIENCE ?

Documentaire

Durée 52 min

Réalisation Mark Daniels

Production GA&A et Program33, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

 

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