LA CONSOLATION
Soirée continue

La Consolation

Fiction suivie d’un débat animé par Carole Gaessler, complétée par le documentaire « Victimes d'un pédophile, le combat d'une vie », jeudi 9 novembre à 23.45
Fiction - Inédit - Mardi 7 novembre à 20.55

Sacrée meilleur téléfilm au Festival de la fiction TV de La Rochelle 2017, la libre adaptation de l’autobiographie de Flavie Flament, La Consolation, est portée par la saisissante interprétation de Léa Drucker, magistrale dans le rôle de la mère perverse. La fiction sera suivie d'un débat animé par Carole Gaessler, et le thème de la prescription sera complété, jeudi 9 novembre à 23.45, par la diffusion du documentaire, Victimes d'un pédophile, le combat d'une vie d'Emmanuel Amara, Julien Mignot et Vincent Kelner. 

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Rencontre croisée avec Flavie Flament et la jeune Lou Gable qui interprète l’adolescente piégée et dont c’est le premier rôle.

 

90 min

Avec Léa Drucker, Lou Gable, Émilie Dequenne, Philip Schurer, Xavier Mathieu, Hervé Pierre 

D’après l’ouvrage de Flavie Flament aux Éditions Jean-Claude Lattès


Adapté par Magaly Richard-Serrano et Flavie Flament

Réalisé par Magaly Richard-Serrano

Produit par Nicole Collet, Image et Compagnie, avec la participation de France Télévisions – TV5 Monde

 

Flavie, la quarantaine, est animatrice de télévision.
Un soir, avant de prendre l’antenne, elle s’effondre, terrassée par des vertiges dont elle souffre depuis longtemps. Le psychanalyste qu’elle consulte lui propose d’apporter un album photo de son enfance. Flavie commence à dérouler sa vie d’adolescente. Sa famille tout à fait normale, ses vacances heureuses au bord de la mer. Puis, des détails lui reviennent sur sa mère toute-puissante, sur son père dont elle n’a pas beaucoup profité…

Puis, une photo Polaroid, échappée d’un album où pose Flavie à 13 ans, va lui raviver la mémoire... Elle est signée David Hamilton. La photo montre Flavie en robe décolletée fluide, l’été de ses
13 ans, celui où il l’a violée.

 

Qu’est-ce qui vous a convaincue de prendre part à cette fiction ?

L. D. : Plusieurs paramètres m’ont attirée. D’abord, je connaissais et appréciais le travail de la productrice du film, Nicole Collet, avec laquelle je n’avais jamais encore collaboré. Puis la participation de la réalisatrice Magaly Richard-Serrano, qui m’avait déjà dirigée dans Crapuleuses (sur France 2, en 2013), et son engagement dans la coécriture du scénario aux côtés de Flavie Flament ont fini de me convaincre. Le livre de Flavie m’avait beaucoup touchée, surprise aussi, car plus qu’une plainte, elle y décrit surtout le passage de l’enfance à l’âge adulte dans un contexte familial tragique. J’étais à la fois confiante et intriguée par la manière dont Magaly allait mettre en images l’adaptation de l’histoire de Flavie. C’est une cinéaste très intelligente, sensible, je savais qu’elle n’irait jamais vers quelque chose de voyeuriste, de graveleux.

 

Comment avez-vous composé votre personnage ?

L. D. : Je ne voulais pas juger cette mère, en la prenant de haut, en montrant mon point de vue moral sur cette femme, ce n’était pas intéressant et surtout pas la question. Il fallait que j’endosse ce rôle en comprenant ce qui fait que ce qu’elle dit soit possible quand elle traite sa propre fille de « boudin », de « moche »… Je devais trouver la porte d’entrée de ce personnage et adopter un point de vue qui me permette de le justifier. En gros, c’est un travail presque d’avocat. Un acteur doit trouver la chair du rôle qu’il incarne, son cœur. Et le personnage de Ghislaine en a un. Il m’a même touché. Sinon, je n’aurais pas pu l’interpréter. Comme Flavie nous a laissé beaucoup de liberté dans le scénario – il ne s’agissait pas de faire un copier-coller de tout ce qu’elle avait vécu –, j’ai donc cherché à faire vivre ce personnage à ma façon, de lui construire une psychologie qui pouvait me parler, à laquelle je pouvais m’identifier. J’ai imaginé ses rêves, ses motivations. Pour moi, Ghislaine est une femme frustrée, complexée. Elle ne se sent pas forcément jolie alors qu’elle a une fille qui, elle, l’est. À travers Flavie, elle peut vivre quelque chose qu’elle aurait voulu connaître. Ce rêve prend une place dévorante et, lorsqu’un obstacle se présente, celui-ci la plonge dans une profonde détresse et l’amène à une certaine folie, à des situations catastrophiques sur lesquelles elle ferme les yeux ; elle s’accommode en faisant de petites négociations avec elle-même. Je pense que consciemment elle ne veut pas détruire son enfant, mais, en même temps, elle ne veut pas voir ce qui peut nuire à ses ambitions personnelles. Il y a de l’amour, de la tendresse, mais c’est une femme qui aime résolument mal.

 

Son comportement, ses propos, sont parfois tellement surréalistes qu’on a envie de rire. Vous en aviez conscience en l’incarnant ?

L. D. : Oui, c’est très étrange comme le rire est aussi une défense, une façon de se protéger. Le personnage de Ghislaine est capable de dire très sérieusement des phrases complètement dingues. Il nous arrivait parfois d’éclater de rire sur le tournage. Quand elle dit à Flavie « Tu crois que je vais t’emmener à Codec avec moi ?… T’es grosse, t’es moche, tu finiras caissière de toute façon… J’ai honte de me trimballer un boudin comme toi », elle le lâche avec une telle violence. Ou « si j’avais eu ta gueule, ma fille, ou toi, mon intelligence »… c’est tellement fou et démesuré.

Pour interpréter Ghislaine, en aucun cas je me disais « je vais jouer une scène comique ». Il fallait absolument être convaincu de ce que je racontais pour que cela passe, sinon c’était grotesque. Je pense que le résultat est « drôle », parfois parce que c’est cruel, et que la cruauté fait parfois rire. Mais dans le fond, si des situations peuvent apparaître comme surréalistes, elles ont hélas vraiment existé. C’est une femme tellement animée par cette obsession de réussir, de briller, que cela la conduit à faire n’importe quoi, et parfois c’est tragiquement drôle.

 

Comment s’est passée votre collaboration avec Lou Gable, la jeune comédienne qui interprète Flavie ?

L. D. : Notre binôme a extrêmement bien fonctionné. Lou a été une partenaire idéale, je n’aurais jamais pu construire mon personnage sans elle. Concentrée, à l’écoute, réactive, elle m’a vraiment facilité les choses. Je redoutais que les situations ne soient pas toujours crédibles entre la mère et la fille, mais Lou parvenait à rentrer immédiatement dans le jeu, le comprenait et répondait avec subtilité à ce que je lui proposais, comme si elle avait fait ça depuis vingt ans. Elle a un rapport très rigoureux et sincère au jeu. Sur les scènes où elle devait se dénuder devant David Hamilton (Philip Schurer), on s’inquiétait toujours de savoir comment elle allait les prendre en charge. Lou était toujours juste et à la bonne place. Malgré sa jeunesse dans le métier, elle a fait preuve de beaucoup de professionnalisme et d’intelligence. Quand on joue la comédie, il y a toujours un moment où il faut un peu se sacrifier, dépasser ses limites, elle a très bien intégré cette nécessité et l’a fait de manière très généreuse. De même, dans le personnage que j’interprétais, je ne pouvais pas me laisser aller à trop de sentimentalisme, trop de chaleur sur le plateau, et en même temps je savais qu’on avait parfois besoin de rigoler, donc je ne me gênais pas. Lou a très bien compris ce décalage. C’est une comédienne, j’en suis convaincue.

 

Participer à ce film, est-ce aussi pour vous une manière de rompre le silence autour de ces drames, de libérer la parole ?

L. D. : Le combat de Flavie sur l’allongement du délai de prescription des crimes sexuels commis sur mineurs est essentiel. Alors, sûrement, ce n’était pas conscient au départ quand j’ai décidé de prendre part au film, mais ma participation est un engagement personnel sur un sujet qui me touche, car je connais des personnes à qui c’est arrivé. Au-delà du traumatisme, de la douleur, le pire pour les victimes est, en plus, de s’être enfermées dans le silence. Elles ont été en mesure de pouvoir exprimer quelque chose à un moment où on leur a dit « non, c’est trop tard ». Et ça, ce n’est pas possible, et injuste. Je ne parle même pas de condamner les coupables, mais de rendre leurs histoires aux victimes, et que ce ne soit pas une autre peine qui s’ajoute à celle qu’elles ont déjà vécue.

 

 

Propos recueillis par Sylvie Tournier

LA CONSOLATION

La fiction sera suivie d'un débat animé par Carole Gaessler  « Contre le viol : oser parler pour se reconstruire », avec la participation de Flavie Flament.

Retrouvez plus d'informations dans le dossier de presse

 

#353000FEMMES

France Télévisions s'engage
avec une programmation exceptionnelle 

La cause des femmes en questions
Création, combats, revendications, débats ...

violence femmes

Jeudi 9 novembre à 23.45

Lorsque Jérôme Nozet décide de briser le silence en révélant les viols à répétition qu’il a subis, de 9 à 15 ans, il apprend médusé que les faits sont prescrits. Il ne pourra pas poursuivre en justice le meilleur ami de ses parents, Michel Garnier, qui a abusé de lui pendant sa jeunesse. Il décide alors de mener sa propre enquête pour retrouver d’autres potentielles victimes de l’agresseur. Au terme d’un combat acharné de sept ans, il parvient à retrouver soixante-dix victimes, dont trois ont subi des agressions non encore prescrites. Ce film, qui relance le débat sur l’imprescriptibilité des crimes sexuels, décrit au plus près le délicat travail de reconstruction auquel sont confrontées les victimes.

Jérôme Nozel

Documentaire
90 min
Auteurs : Emmanuel Amara, Julien Mignot et Vincent Kelner

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