Crèches sauvages

Au fond de la rabouillère, ce tunnel d’un mètre de long creusé par la lapine, les lapereaux agitent pour la première fois leurs museaux en rythme. Ils tètent avidement et prennent jusqu’à 10 grammes par jour. Mais cet antre n’est pas toujours très sûr. Par temps de pluie, il est facilement inondable et lorsqu’un troupeau de moutons cavale sur son toit, il menace de s’écrouler. Heureusement, les lapereaux rejoignent rapidement leurs congénères et, à 3 mois, sont déjà indépendants.

La renarde, elle, a choisi le meilleur terrier pour mettre bas. Il est d’importance, car ses petits sont sourds à la naissance et ne pèsent que 100 grammes. Comme si nous y étions, plusieurs caméras permettent de suivre les déambulations de la mère à l’extérieur, à l’entrée ou à l’intérieur du terrier. Rien ne nous échappe. Les quatre renardeaux nous offrent leur premier regard. Émouvants et drôles comme savent l’être les bébés animaux.

Sauf peut-être ces petites chouettes effraies, très vilaines et terriblement voraces à leur éclosion. Elles épuisent leur père, qui doit chasser jour et nuit pour les satisfaire. À l’intérieur d’un ancien pigeonnier, nous ne manquons rien de leurs suppliques grinçantes. Elles réclament leur poids en protéines afin de se transformer au plus vite en belles dames blanches, l’autre nom de cette chouette.

Enfin, dans le sous-bois, de jolis marcassins en pyjama rayé foulent les herbes perlées de rosée dès leur deuxième semaine de vie. Nous les suivons comme si nous étions l’un des leurs.

Des premiers pas dans la vie de ces animaux, pas un moment important ne nous échappe ni aucune de ces belles images de forêt ou de ciel d’orage. Le réalisateur Jean-Luc Guidoin a pris soin de ne rien nous faire manquer et nous emmène au ras du sol ou planer dans le duvet des nuages grâce à ses multiples caméras. À regarder du fond de son terrier !

Diane Ermel