UNE PLANÈTE, DEUX MONDES SAUVAGES

Interview de Scott Alexander

Producteur de la série

Quelle est l’idée centrale d’Une planète, deux mondes sauvages ?
Pour la première fois, nous avons réalisé une production animalière à un moment charnière de l’histoire de la Terre. Partout, la biodiversité est en danger. On pourrait vivre la sixième extinction.
L’approche de la vie sauvage se fait souvent par habitats, et nous avons choisi, cette fois, d’observer la planète, les animaux et les écosystèmes, par hémisphères et par continents. C’est une approche toute nouvelle.

Zimbabwe

Comment avez-vous imaginé cette production ?
Chaque hémisphère, chaque continent a sa propre identité, ses propres caractéristiques et sa propre vie sauvage.

Une partie de notre objectif est d’expliquer ce qui distingue chaque Hémisphère et chaque continent. Prenez l’Antarctique. C’est le plus froid et le plus hostile des continents. Mais ce qui est surprenant, c’est que malgré son hostilité, il possède une faune incroyable, variée et surprenante. C’est le genre de paradoxe que nous cherchons à expliquer, pour chacun des continents dans les deux hémisphères. Mais cette production célèbre avant tout le grand spectacle de la nature, car nous avons capté des comportements inédits de plusieurs d'espèces. Parmi ces espèces, certaines sont nouvelles, d’autres sont déjà connues, mais nous découvrons de nombreuses séquences inédites. 

Pourriez-vous nous donner un exemple ?
Un exemple classique. Tout le monde connaît l’Afrique, non ? Des centaines de documentaires ont été réalisés sur ce continent. Notre défi était de trouver des comportements complètement nouveaux pour les téléspectateurs. Nous avons filmé une séquence d’éléphants, deux mâles en particulier qui ont appris à se tenir debout sur leurs pattes arrière et à se maintenir en équilibre pour pouvoir attraper les fruits à la cime des acacias. C’est vital en période de sécheresse et c’est vraiment étonnant à voir. Il y a aussi une séquence impressionnante où cinq guépards chassent leurs proies en équipe.

Quelle est l’importance de la géologie dans votre approche ?
Elle est essentielle. Par exemple, nous évoquons l’Inde, son histoire est passionnante. C’était une île-continent et qui a dérivé pour fusionner avec l’Asie  il y a plusieurs millions d’années. Le point de rencontre entre l’Inde et l’Asie a formé la chaine de l’Himalaya. Aujourd’hui, cette chaîne de montagnes influence les écosystèmes de toute l’Asie. Au nord, des territoires stériles, arides et froids, et au sud en revanche, des territoires chauds et humides. La géologie est donc déterminante pour comprendre la vie sauvage de chaque hémisphère et de chaque continent.

Hamster dans un cimetière viennois

Vous avez travaillé sur de nombreuses séries animalières. Qu’est-ce qui vous enthousiasme ou vous surprend encore ?
Je suis toujours emballé à l’idée de trouver de nouvelles histoires. Même les plus petites, et même celles qui se passent près chez moi me passionnent. J’aime beaucoup les séquences en Europe, car on pense souvent tout savoir de ce qui est proche de nous. Mais nos histoires vont surprendre, notamment celle des hamsters sauvages européens qui vivent dans le cimetière de Vienne, et celle sur les ours en Finlande. Je suis toujours extrêmement enthousiaste à l’idée de trouver de nouvelles histoires et de les partager avec les téléspectateurs.

Comment les films animaliers ont-ils évolué au cours de la dernière décennie ?
Ce sont principalement les avancées technologiques qui les ont fait évoluer. On est passé du Beta à la HD, au 4K puis au 8K, avec lequel nous avons tourné cette production.

Mais nous avons aussi fondamentalement évolué sur la manière de raconter les histoires. Dans le passé, on parlait surtout de comportements. Maintenant, l’histoire se concentre sur l’animal, les défis auxquels il est confronté, et comment il les relève.

Quelles avancées technologiques avez-vous utilisées pour Une planète, deux mondes sauvages ?
Je voulais vraiment utiliser autant de drones que possible. Je me suis assuré que toutes les équipes intégraient un spécialiste des drones, pour les utiliser dans chaque séquence. Il ne s’agissait pas seulement de montrer des paysages incroyables, mais aussi de saisir des séquences animalières inédites. Ce qu’offre la qualité des caméras en 4K et les drones, qui sont maintenant plus silencieux et volent plus longtemps. Les drones offrent une nouvelle perspective, une vue plus panoramique qui nous permet d’observer la faune sans la déranger. Nous avons ainsi pu filmer de nouveaux comportements, mieux les décrypter et les comprendre. C'est le cas de la séquence sur les ours polaires qui chassent les baleines bélugas au Canada. Ces plans de drone combinés à d’autres plans plus stables, filmés d’un bateau avec un Cineflex, permettent de capter une séquence complète sur des comportements inédits.

L'Antartique


Quel a été l’impact de précédentes productions comme Planète bleue (Blue Planet II), sur Une planète, deux mondes sauvages ?
Cette nouvelle production, soutenue par la BBC et France Télévisions, était attendue depuis longtemps. Nous avons poussé le curseur un peu plus loin, en cherchant des histoires qui montrent toute la richesse de la biodiversité, mais aussi les menaces auxquelles elle est actuellement confrontée. Le public s’y attend désormais. Nous évoquons des faits et des chiffres durs mais réalistes. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, car nous sommes convaincus que chacun peut avoir un impact positif sur l’avenir de la vie sur Terre.