Une chance sur un million
INFRAROUGE PRÉSENTÉ PAR MARIE DRUCKER

Une chance sur un million

Mardi 18 juin 2019 à 23h20
Ils sont quelques dizaines chaque année à toucher le rêve de millions de gamins dans le monde : devenir footballeur professionnel. Pour les futurs M’Bappé ou Matuidi, tout se joue entre 13 et 16 ans. Quand leurs copains commencent à draguer les filles, eux n’ont qu’une obsession : se faire recruter par un club, voire intégrer un jour l’Équipe de France. Des milliers de candidats et à l’arrivée peu d’élus : à peine dix pour cent de ceux qui intègrent un centre de formation deviennent professionnels. Conte de fées ou parcours du combattant ?

 

Quartier impopulaire

 

Résumé et traitement : 

Malamine, Loris et Clarence, trois jeunes âgés de 13 à 16 ans, parvenus à intégrer le centre de préformation de Clairefontaine et le centre de formation du club de Bordeaux, ont accepté de se raconter et d’être filmés pendant une saison. Ces trois jeunes joueurs ont réalisé le rêve de millions de gamins dans le monde. Grâce à eux, nous allons pouvoir l’interroger. D’où vient-il ? Depuis quand ? De quoi est-il fait ?

Ce questionnement traverse tout le film et guide notre regard. 

Nous observons ces jeunes, mus par leur passion d’enfance pour le ballon, innocente, organique, joyeuse, et les voyons se confronter à la réalité du chemin qu’ils ont à parcourir. Seront-ils déçus ? Sauront-ils affirmer leur propre désir malgré les injonctions à la réussite imposées à la fois par le centre de formation et par leur famille ? 

Le seul moyen de le savoir, pour eux comme pour nous, est de les regarder au jour le jour se confronter à toutes les épreuves qui les attendent. 

Ils découvrent vite qu’en fait le rêve est encore loin. Dans l’envers du décor, c’est un quotidien de travail, d’efforts, d’inquiétudes, de vexations, de découragement parfois, qui se révèle, « une jungle » comme le confie l'un d'eux. Un parcours initiatique fait de pression, de déracinement, de blessures, mais aussi d’amitié et de soutien. De joie aussi, bien sûr, de voir s’approcher les terrains de Ligue 1.

 

Pour faire face à ces pressions multiples, le rôle de la famille s’avère déterminant. Certaines poussent, d’autres au contraire sont prudentes. Mais ce qui frappe avant tout, c’est que chacune d’entre elles est traversée par une histoire personnelle qui la lie à ce sport populaire. Une tentative avortée chez un proche d’en faire son métier, un grand-père footballeur, une passion pour un club, etc. Le film révèle la force de ces liens conscients ou inconscients en donnant une place importante aux parents et à la relation qu’ils tissent avec leurs enfants. Des relations très fortes, la plupart du temps. 

Qui devient joueur professionnel ? L’immense majorité des jeunes qui parvient à intégrer les centres de formation est issue de familles d’immigrés et de quartiers populaires. Elles portent en elles leur histoire de déracinement, d’exil, d’exclusion. La réussite de leur enfant sonne ainsi souvent comme une « revanche heureuse » sur leur parcours.

 

Une chance sur un million déconstruit l’image de facilité associée aux carrières fulgurantes des stars du foot et s’interroge sur la motivation de ces jeunes, sur ce qui les pousse à accepter de grandir si vite, en racontant le moment d’avant la réussite, les millions et la célébrité. 

 

 

 Quartier impopulaire

 

L’histoire du film.

La note de l’auteur, Arnaud Muller.

 

Je suis issu d’un quartier populaire, l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais, et depuis trois générations, le foot imprègne l’histoire de ma famille. 

 

Dans les années 60, à l’âge de 14 ans, mon père a échappé au destin de son père mineur de fond grâce au football – la tradition voulait pourtant que ce métier se pratique de père en fils afin de conserver le logement minier. Mais ses entraîneurs lui ont signé plusieurs dérogations pour lui permettre de ne pas descendre au fond, car cela aurait été mauvais pour ses poumons. Il a ainsi pu porter plusieurs fois le maillot bleu de l’équipe de France cadet du Nord et poursuivre ses études. À 18 ans, il a arrêté le football pour devenir professeur des écoles.   

 

Dans les années 70, le cousin de mon grand-père, Gerd Müller, est l’un des attaquants de l’équipe nationale allemande. Il est surtout l'un des meilleurs buteurs en phase finale de l'histoire des coupes du monde avec un total de 14 buts inscrits en deux éditions (1970 et 1974). En 2015, son ancien club, le Bayern de Munich, a fêté ses 70 ans. « Parmi les joueurs d'exception, Gerd Müller est pour moi le plus grand de tous. Il était irrésistible ! Tout ce qu'il a réalisé, le Bayern le doit à Gerd Müller. Sans les buts de Gerd, nous serions encore assis aujourd'hui dans les tribunes vétustes de la Säbener Straße. » Franz Beckenbauer, coéquipier au Bayern Munich et en équipe d'Allemagne.

Dans les années 80, je fréquente régulièrement le stade Bollaert. Planté au milieu des corons, ses tribunes tremblent à chaque but inscrit par le RC Lens. Plusieurs fois champions de France, régulièrement présents en coupe d’Europe, les Sang et Or et ses stars me font rêver. Je vis avec mon père mes premières grandes émotions sportives et collectives. À chaque journée de championnat, je file dans mon lit à 20 heures. J’écoute la radio et suis en direct les matchs. J’ai à peine 10 ans. Je joue dans l’équipe des benjamins de Beuvry, mon village natal. C'est à 20 kilomètres de Lens. Tous les gamins rêvent d’y jouer un jour.  

Dans les années 2000, étudiant en sciences politiques, je découvre le rôle que la banlieue joue pour le foot en réalisant un mémoire sur le quartier des Minguettes à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Ses habitants me parlent de leur fierté d’appartenir à ce quartier, mais aussi d’un jeune gamin d’origine espagnole débarqué ici en 1968. Plutôt turbulent, en échec scolaire, mais doué balle au pied. Le petit Luis Fernandez, licencié à l’AS Minguettes, fera bientôt parler de lui. D’autres joueurs issus de ce quartier suivront. Le football sera leur horizon.   

 

Comme pour mon fils de 8 ans qui joue au foot depuis trois ans. Il est crampon d’or de son club et rêve de devenir footballeur professionnel.

C’est cette histoire de foot et d’ascension sociale, ainsi que mon goût pour les questions sociales qui ont fait naître ce film.

Arnaud Muller

 

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#INFRAROUGE
 

« Une chance sur un million »

Un film écrit et réalisé par Arnaud Muller et Sébastien Daguerressar  

Production par Babel Doc

Produit par Stéphanie Lebrun 

Avec la participation de
France Télévisions

Pôle documentaires Société & Géopolitique France Télévisions 
Anne Roucan
Renaud Allilaire
David Amiel


Directrice de l'unité documentaires de France Télévisions 
Catherine Alvaresse

 

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Le documentaire est disponible en visionnage sur 
https://www.francetvpreview.fr/

 

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