
"Les évadés de Rawa Ruska témoins de la Shoah" nous révèle le courage des prisonniers de guerre insoumis, enfermés dans l'enfer du camp disciplinaire de Rawa Ruska et témoins du génocide des juifs d'Ukraine et de Pologne à partir de 1942.
Dès 1940, des soldats français, enfermés dans des camps de prisonniers en Allemagne vont tenter de s’évader pour rejoindre la France. Plusieurs fois repris, 25 000 d’entre eux seront envoyés dans un camp de répression à Rawa Ruska en Galicie, une région de l’Ukraine où ils seront confrontés à l’extermination massive de la population juive par la Waffen SS et les milices ukrainiennes. Huit rescapés témoignent.
Note d’intention de la réalisatrice
Depuis des années, je compile des histoires d’évasion, toujours plus étonnée par la pugnacité, la résistance, le courage et l’héroïsme de ces militaires français qui ont refusé de se soumettre et préféré risquer leur vie au nom de la liberté et de leur amour pour la France.
Il y a trois ans, j’ai découvert le stalag 325, un camp de répression situé à Rawa Ruska en Ukraine. 18 à 25 000 soldats français avaient été transférés par le Haut Commandement de la Wehrmacht dans ce lieu perdu de l’Ukraine, pour avoir tenté au moins deux évasions. Ces prisonniers de guerre français étaient issus de toutes conditions sociales : ils étaient mineurs, médecins, artistes, voyous, saboteurs et réfractaires au travail.
Très vite, le stalag 325 est surpeuplé. Les allemands dispersent les français dans quarante sous-camps distants de 50 à 600 km du camp mère. Etablis à proximité d’un ghetto et d’un nœud ferroviaire, ces sous-camps sont l’œil du cyclone, au cœur du triangle de la mort délimité par les camps d’extermination de Treblinka, Auschwitz, Sobibor et Belzec.
Les prisonniers de guerre français du stalag 325 sont alors confrontés aux massacres des juifs par la Waffen SS et les milices ukrainiennes et vivent dans une épouvante continuelle. Déterminés à tout pour fuir cet « abattoir » ils continuent de s’évader et vont jusqu'à creuser un tunnel dans le sous-camp de Zwierzyniec.
Ils savaient que la mort était le prix à payer s’ils étaient repris.
En octobre 1944, une commission d’experts soviétiques découvrira dans le cimetière attenant au stalag 325, les ossements des soldats français, exécutés par les allemands pour avoir osé tenter de fuir, et dans les fosses communes creusées autour du village de Rawa Ruska les corps de 18000 prisonniers de guerre russes et de 17500 juifs abattus par les SS.
Oui, le stalag 325 de Rawa Ruska est un camp qui mérite d’être connu. Ces militaires français épris de liberté n’ont cessé de répéter depuis 70 ans qu’ils avaient été les témoins de la Shoah. Ils ont prévenu la Croix Rouge en septembre 1943, ils ont témoigné au tribunal de Nuremberg en janvier 1946, ils ont répété chaque année dans leur journal « l’Envol », devant le Sénat en 1987 et devant les lycéens.
Les derniers vétérans de Rawa Ruska sont presque centenaires. Ils méritent d'être entendus. Leurs paroles sont magnifiques, revigorantes et pleines d’humour.
Chochana Boukhobza
Parmi les intervenants :
- Rémi Geslain
- Alien Fournier
- Maurice Pepe
- Raymond Dunand
- Jean-Baptiste Canonici
- Alfred Grimault
- Henri Brisson
- Ernest Martin

Un documentaire de 62 minutes
Ecrit et réalisée par Chochana Boukhobza
Producteurs : Serge Lalou, Charlotte Uzu
Production : Les films d'ici
Avec le soutien de
la Procirep – Société des Producteurs et de l’ANGOA
la Fondation Mémoire de la Shoah
la fondation Carac
Avec la participation
du Centre national du cinéma et de l’image animée
du Ministère de la défense, Secrétariat général pour l’administration, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives
et de France 3
Unité Documentaire : Emmanuel Migeot, Clémence Coppey, Danièle Bénichou