
Communiqué de presse
Dans ce nouvel épisode de « Sur le Front » (format linéaire et digital), Hugo Clément nous emmène à la rencontre des combattant(e)s qui se mobilisent pour la préservation des plus beaux sanctuaires du monde.
Éditorial d'Hugo Clément - Journaliste
Qui a osé tuer le protecteur des papillons monarques ? C’est en apprenant la mort, l’année dernière, d’Homero Gomez, le créateur d’un sanctuaire magnifique au Mexique que j’ai décidé de m’intéresser à ces femmes et à ces hommes qui risquent leurs vies pour sauver des espèces en danger.
Les cartels mexicains se lancent dans la très rentable filière de la culture d’avocats. Ils ont besoin de terres, quitte à détruire les lieux de vie des majestueux papillons monarques et à exécuter leurs gardiens.
Quelques semaines après le décès d’Homero,17 rangers étaient assassinés dans le parc des Virunga en République Démocratique du Congo. Ils protégeaient, entre autres, les gorilles de montagne. Nous sommes donc partis à la rencontre de celles et ceux qui, sur place, reprennent courageusement le flambeau.
Sans aller jusqu’à de telles situations, en France aussi les tensions sont vives autour de certains sanctuaires.
La fascinante réserve de Scandola, en Corse, vient de perdre son label européen d’espace protégé. L’intensification des activités touristiques lucratives perturbe la faune et notamment les balbuzards pêcheurs, emblématiques rapaces de l’île de beauté. Sur place, des combattants déterminés dénoncent la surfréquentation, la loi de l’argent et l’utilisation de bateaux très rapides qui bouleversent la biodiversité locale.
Ma plus belle raison d’espérer, je l’ai trouvé en République Démocratique du Congo près du Parc des Virunga en accompagnant les rangers qui protègent le sanctuaire des gorilles de montagne. Grâce à l’abnégation des combattants la population de gorilles dans ce parc est désormais en augmentation.
J’ai été également fasciné par les spectacles auxquels j’ai eu la chance d’assister pendant les tournages. Les grappes de papillons monarques par millions, la découverte des bébés gorilles après des heures de marche dans la jungle ou le vol exceptionnel des balbuzards en Corse... Alors faisons-en sorte que ces paradis inestimables continuent de nous éblouir et que l’on puisse les visiter sans les abimer.
Séquences exceptionnelles
Menacés de mort pour vouloir préserver la réserve de Scandola en Corse
La réserve naturelle de Scandola en Corse, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, héberge des oiseaux uniques : les balbuzards pêcheurs. Assister à leur survol au-dessus des pitons rocheux reste un spectacle exceptionnel. Mais depuis quelques années, ces oiseaux sont dérangés par les bateaux de touristes bien trop nombreux et par l’arrivée de speed boat, aussi rapides qu’imposants. La cadence est telle que la réserve a perdu son label européen en décembre 2020. Comment peut-on tolérer de telles pratiques dans une réserve naturelle ?
Des agents de la réserve ont reçu des menaces de mort anonymes. Malgré ce climat délétère. Antoine Orsini, l’ancien président du Conseil Scientifique accepte de dénoncer la surfréquentation et la collusion avec les acteurs économiques du tourisme.
Laurence Constantin, présidente d’une association, interpelle directement les bateliers. Nous suivons en exclusivité, Line Le Gall lors d’une mission du Muséum National d’Histoire Naturelle. La botaniste et son équipe inventorient les spécimens de la réserve.
Nous nous sommes fait passer pour des touristes pour embarquer sur un speed boat. Le bateau file à toute allure vers la réserve sans se préoccuper de la quiétude des balbuzards. Pire, le bateau se rapproche de leur nid afin de les montrer aux touristes, sans se préoccuper de leur envol. Le bateau s’aventure même dans les grottes, ce qui est fortement déconseillé par les scientifiques.
Le sanctuaire des papillons monarques menacés par les cartels mexicains
Les papillons monarques migrent dans les collines de l’Etat du Michoacán par millions tous les hivers et offrent un spectacle à couper le souffle. Le co-fondateur du sanctuaire, Homero Gomez qui avait largement médiatisé son engagement sur les réseaux sociaux, a été assassiné l’année dernière. Aujourd’hui, toute la région se pose la question : « Qui a tué Homero Gomez ? ». Son frère et son épouse pointent du doigt les cartels mexicains qui veulent à la fois couper du bois dans le sanctuaire et étendre les plantations d’avocats extrêmement lucratives.
Immersion avec les membres d’un cartel mexicain
Nous rencontrons les membres de ce cartel qui terrorise la région. Ils ont mis la main sur le commerce de la drogue et sur celui du trafic de bois. Pour la première fois, nous allons filmer les membres d’un cartel en train de couper des arbres illégalement. Les cartels cherchent à transformer de nombreuses zones forestières en plantation d’avocats, l’or vert du territoire.
Les producteurs d’avocats prennent les armes
Des producteurs d’avocats ont décidé de s’organiser en milices d’autodéfense pour protéger leurs terres et se défendre des cartels qui effraient la région. Exceptionnellement, ils ont accepté de nous montrer comment ils s'entraînent et comment ils défendent leurs cultures et leurs forêts.
Les rangers protègent les gorilles au péril de leur vie
Les gorilles de montagne vivent dans un petit périmètre au cœur de l’Afrique entre le Rwanda, la République Démocratique du Congo et l’Ouganda. En raison des conflits, du braconnage et de la perte de leur habitat, leur population a considérablement diminué. Dans les années 80, ils n’en restait que 250 et l’espèce était classée en « danger critique d’extinction ».
L’année dernière, 17 rangers ont été assassinés dans le parc national des Virunga. Ces protecteurs de la nature risquent leur vie tous les jours, plus de 200 rangers sont morts.
Nous avons suivi le combat de Goreth Niyibizi, ranger en Ouganda. Pour sauver les derniers gorilles, son pays mise sur un tourisme d’exception. Les visiteurs peuvent partir à la rencontre de quelques gorilles dans leur habitat naturel : ils troublent la quiétude de 10% d’entre eux et ils veillent à ce que le reste de la population n’entre jamais en contact avec les êtres humains. Avec les sommes récoltées, les autorités rémunèrent des rangers afin qu’ils patrouillent dans le parc. Elles permettent aussi de financer la recherche et de verser de subventions aux populations environnantes.
Nous avons accompagné Goreth lors d’une session « d’habituation » dans la forêt impénétrable de Bwindi. Des guides sont chargés de venir à la rencontre des gorilles, encore peu habitués à l’homme. Ils tentent de se faire accepter par les primates. Nous partons à la rencontre des gorilles à dos argentés et de leurs petits.
Portraits et Verbatim
Antoine Orsini
Antoine Orsini, président du conseil scientifique de la réserve de Scandola de 2015 à 2018. Il a quitté son poste car « malgré ses alertes, la direction du parc ne l’a pas écouté ». Il a vu les dégâts causés par les bateliers à Scandola et reste l’un des seuls à oser dénoncer cette exploitation trop intensive de la réserve.
« Pour moi, la réserve, c'est ma Joconde à moi : je veux bien qu’on vienne la visiter, mais je ne veux pas qu’on mette les mains dessus. »
« J’ai envie de pleurer quand je vois ça. »
« Il y a trop d'intérêts financiers. Quand on atteint les 100 millions d’euros, on n’écoute plus les scientifiques. »
Laurence Constantin
Laurence se bat pour que la législation marine soit respectée à Scandola par les bateliers et les embarcations de plaisance. Avec son association, Global Earth Keeper, elle effectue régulièrement des mesures sur le site de la réserve intégrale. Elle peut ainsi constater l’impact catastrophique des passages répétés des bateaux. Aujourd’hui, elle tente de faire de la sensibilisation auprès des agences de location de bateaux afin qu’elles respectent la réserve.
" Scandola, c’est un incroyable trésor. C’est comme une bijouterie dont on laisserait les portes grandes ouvertes."
Amado Gomez
Le frère d’Homero, le co-fondateur du sanctuaire assassiné l’année dernière. Il a repris le combat de son frère et il s’efforce chaque jour d’honorer sa mémoire.
« On est en train de tuer toutes les personnes qui travaillent à la protection de la nature, de l’environnement, des forêts, des papillons, des rivières... »
« Si nous voyons autant de papillons aujourd’hui, et ce spectacle fascinant, c’est grâce au travail d’Homero. »
Goreth Niyibizi
Ranger depuis 12 ans au sein de la forêt impénétrable de Bwindi, cette mère de deux enfants protège les gorilles depuis qu’elle est adolescente. Leur population a d’ailleurs augmenté depuis son arrivée. Elle nous emmène au plus près de ces géants.
« L’autre jour, j’ai vu un bébé gorille. Nos regards se sont croisés comme si nous arrivions à nous comprendre. C’est pour cela que je suis si proche d’eux. Je pense tout le temps à eux. Même si je ne suis pas dans le parc. »
Eric Le Boulch
Ce Savoyard est installé en Ouganda depuis 6 ans. Spécialiste de l’Afrique de l’Est depuis plus de 20 ans. Il emmène régulièrement les touristes observer les gorilles de montagne sans les perturber.
« Les scientifiques ont réussi à démontrer qu’un gorille vivant, à qui on va rendre visite, vaut beaucoup plus économiquement qu’un gorille mort. »
A noter les très belles performances du reportage #SurleFront : les ravages de l'industrie du Comté par France.tv Slash sur Facebook Watch / 1,6 M de vues depuis le 4 mai
Présenté par
Hugo Clément
Une production
Winter Productions
avec la participation de France Télévisions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Guillaume Dumant
Direction des magazines de France Télévisions
Patrick Charles
Thibault Romain
Patricia Corphie
Sophie Martin
Le documentaire est disponible en visionnage sur
https://www.francetvpreview.fr/