Clandestins
INFRAROUGE

"Clandestins", d'autres vies que les vôtres

mardi 10 janvier 2017 à 23h00
Ils n’ont pas fui les bombes mais la misère. On les appelle clandestins. Ils travaillent, mais sans papiers. Combien sont-ils ? 400, 500000 peut-être, dans une France de 66 millions d’habitants. À peine 1% de la population, mais qui cristallise beaucoup de peurs et de rejets. Au pays, ils ont laissé une épouse, un fils, une mère. Ils leur ont promis une vie meilleure. Aujourd’hui ils rasent les murs. Ils sont ceux que les autorités veulent expulser en priorité. Alors ils acceptent les boulots ingrats, les horaires décalés, les salaires amputés. Souvent ils gagnent moins que le Smic. Souvent, ils paient des impôts. Certains employeurs profitent d’eux. Pas de recours. Comme l’écrivait Hugo : « l’exil, c’est la nudité du droit ». Malgré les risques, ils sont cinq à prendre la parole. Cinq de ces « migrants économiques », que l’actualité ou l’Administration réduisent parfois à des statistiques. Cinq histoires singulières, à visage découvert. Sidy le Sénégalais est manoeuvre dans le bâtiment. Emma la Chinoise est elle manucure. Rahman le Bengladais livre des sushis. Fanny l’Ivoirienne garde des enfants. Armando l’Albanais, enfin, est menuisier. Ils sont en France, parmi nous, depuis cinq, dix, douze ans. Aujourd’hui, pour la première fois, ils parlent. Ils ne font pas de politique, mais racontent la vie. Celle qu’ils ont trouvée ici, celle qu’ils ont fuie, là-bas. Par ce récit simple et puissant, ils effacent certains préjugés et se dessinent eux-mêmes dans notre paysage. Eux, ces « clandestins », qui ont d’autres vies que les nôtres.

 

 

 

Clandestins

 

    

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Note d’intention d'Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea

 

« CLANDESTINS »

 

Ceux à qui nous avons donné la parole et un visage dans ce film, sont les autres migrants. Pas les « réfugiés » qui font régulièrement la une de notre actualité, protégés par la Convention Internationale de Genève et qu’il faudrait évidemment pouvoir accueillir.

Non, ceux qui nous intéressent dans ce film sont ceux qu’on appelle les « migrants économiques », les « travailleurs sans-papiers », les « clandestins ».

Ils ne fuient pas les bombes, la dictature ou Daesh. Ils fuient une autre guerre, celle contre la famine, la misère ou la sécheresse.

 

Ils sont aussi les « déboutés de l’asile ». Qu’ils soient originaires de pays considérés comme « sûrs » par l’OPFRA (office française de protection des réfugiés et apatrides) ou de pays qui ont connu la guerre ou la dictature, ils n’ont pas réussi à apporter la preuve de leur persécution au pays.  70% des demandeurs d’asile sont déboutés. Seuls 10% d’entre eux quittent la France. Les autres se retrouvent sans droit, sans-papiers, installés, travaillant au noir.

Il y a ceux enfin qui sont entrés légalement en France, mais dont les

papiers n’ont pas été renouvelés à cause d’un changement de statut

comme les mineurs isolés devenus majeurs. Ceux aussi qui cumulent les titres de séjour provisoires.

 

UNE OPINION PUBLIQUE DE PLUS EN PLUS HOSTILE

 

Aujourd’hui, 62% des Français seraient contre l’accueil des migrants. A combien s’élèverait cette proportion si on ne les questionnait que sur l’immigration économique ? Les immigrés sont, et ont toujours été, source de peurs, de préjugés, de rejet.

 

- Peur de quoi ?

- De l’invasion ?

Difficile de savoir avec exactitude, mais en France, ces sans-papiers seraient 400 000, 500 000 tout au plus. Si l’on considère que nous sommes 66 millions, cela ne représenterait que moins de 1% de la population française.

- De nous voler nos emplois ?

Selon diverses estimations, 200 à 400 000 offres d’emploi ne seraient pas pourvues. Les secteurs : la restauration, le nettoyage, l’aide à domicile, le bâtiment... Et pour cause. Qui a envie de se casser le dos dix heures par jour sur un chantier en plein cagnard, sous la neige ou dans des bâtiments amiantés avec un simple masque? Sans l’immigration clandestine, ces domaines auraient du mal à fonctionner. Une forme de « délocalisation sur place ». Ils travaillent aux conditions de là-bas, mais ici.

- De profiter de nos aides sociales ?

La plupart des sans-papiers vivent prioritairement de leur travail. Seule aide sociale communément perçue, l’AME (l’aide médicale d’état).

Certains déboutés de l’asile ont pu toucher l’ATA (allocation temporaire d’attente) pendant quelques mois, le temps que l’OPFRA étudie leur demande. Une somme de 11 euros par jour, la belle affaire.

Ils sont aussi censés être hébergés, mais par manque de place, beaucoup dorment dans la rue, dans un squat ou chez un marchand de sommeil.

- De la menace terroriste ?

Depuis que ce film a été engagé, il y a eu le Bataclan, Cologne, Nice… L’opinion publique s’est encore durcie. La peur est encore plus palpable. Pourtant, un migrant sans-papiers est davantage susceptible d’être agressé par une bande d’extrémistes, violenté par les mafias, maltraité par un employeur ou racketté par un logeur que de fomenter un attentat terroriste. Plus que n’importe qui, il est le plus souvent victime que bourreau, que ce soit dans son pays d’origine, pendant sa traversée, à son arrivée ici en France. Sans-papiers, sans-droits, il est une proie idéale qui n’osera jamais se plaindre.

 

D’AUTRES VIES QUE LES VÔTRES

 

Derrière les préjugés, derrière les chiffres froids, il y a des hommes, des femmes, des enfants, des sacrifices, des parcours épiques.

Qui d’entre nous s’est réellement posé une fois avec l’un d’entre eux autour d’un café pour écouter son histoire ? Simplement, lui demander « Et toi, comment ça va ? D’où tu viens ? C’est quoi ta vie ? ».

De toute façon, en général, ils ne nous racontent pas grand-chose. Par pudeur, par honte, par discrétion. Pas envie de se faire remarquer, d’être rejeté, expulsé...

A l’heure où l’Europe cherche des solutions pour accueillir les « réfugiés » qui affluent. A l’heure où du coup, la lutte contre l’immigration illégale se durcit, qui sont ces autres migrants?

Pendant 60 minutes, ce film propose de leur donner un visage, un nom, un âge, une voix. De les poser. De se poser. Et de les écouter, tout simplement.

A visage découvert, ils nous racontent leurs vies en France, leurs parcours, leurs secrets, leurs espoirs, leurs déceptions, leurs rêves.

Où travaillent-ils ? Dans quelles conditions ?

Où habitent-ils ?

Qu’ont-ils fui ? Qu’ont-ils emporté dans leurs maigres bagages ? Quelles photos ? Quels talismans ?

Pourquoi la France ?

Quel parent, épouse, enfant ont-ils laissé au pays ? Quelles promesses leur ont-ils faits ?

Quand ils les appellent, leur racontent-ils la réalité de leur situation ?

Comment vont leurs enfants ?

La nuit, de quoi rêvent-ils ?

En écoutant leurs récits de fils, de père, de mère de famille, de jeune fille. En regardant leurs visages, leurs sourires, leurs rides, leurs larmes... si semblables aux nôtres, peut-être que petit à petit, au fil de ce film, les clichés tomberont et la distance entre eux et nous se raccourcira.

Mieux encore, en les invitant dans ce film à sortir de la clandestinité, en leur permettant de nous regarder face caméra droit dans les yeux, fièrement, la tête haute, sans honte et sans peur, ils passent du statut de délinquants ou d’animaux dans lequel ils ont parfois le sentiment d’avoir été relégués, à celui d’êtres humains qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être.

Ce film n’a d’autre message que celui de leurs histoires. Des grandes histoires construites autour de drames intimes. Des parcours qui forcent souvent le respect. Des leçons de vie.

 

Andrea Rawlins-Gaston et Laurent Follea

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Les chiffres

 

Chaque année, les cotisations sociales des travailleurs sans-papiers rapporteraient 1,3 milliard d’euros aux caisses de l’Etat.

Source : estimation Ires

 

Il y aurait entre 8 et 10 000 Mineurs isolés étrangers en France.

Eurostat 2014

 

En France, en 204, 31,5% des demandeurs d’asile ont obtenu le statut de réfugiés.

Source OFPRA

 

AUTRES CHIFFRES

 

La France a moins d’étranger sur son sol que ses voisins européens.

80é position pour l’immigration au niveau mondial, derrière les USA Source : Le monde les décodeurs, 6/08/2014)

 

42% des femmes étrangères vivant en France ont quitté seules leur pays

Source la Cimade, migrations état des lieux 2014 qui couvre la période 2011/2014

 

53% des personnes immigrées installées en France sont des femmes Source la Cimade, migrations état des lieux 2014 qui couvre la période 2011/2014

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Déboutés OFPRA 

23% des demandeurs ont obtenu une protection internationale en 2015 à l’Ofpra Il convient d’ajouter à ce taux les annulations de la CNDA qui ont porté le taux global à 31,5% (28% en 2014)

> donc environ 70% de déboutés

Source : https://ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport_dactivite_ofpra_2015_hd.pdf

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Les Français et les migrants :

Sondage Ifop septembre 2016 

38% des Français se déclarent aujourd’hui favorables à l’accueil des migrants arrivant sur les côtes grecques et italiennes dans les différents pays d’Europe, dont la France, quand 62% se disent opposés à cette option. 

On observe ainsi une baisse sensible du niveau d’adhésion à l’accueil des migrants en Europe et en France : alors qu’il était en hausse tendancielle depuis novembre 2015 et s’établissait à 46% en avril dernier (juste après le geste du Pape François de ramener douze migrants de Lesbos et un naufrage important en Méditerranée), il a reflué de 8 points. 

source : http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=3485 

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Allocation temporaire d'attente 2016  : 

11,45 euros

source : https://assurance-chomage.ooreka.fr/comprendre/allocation-temporaire-attente-ata

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Beneficiaire de l'AME : 294 300 bénéficiaires enregistrés à l’AME fin 2014

source: http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i3196.pdf

 

  

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Biographie d'Andrea Rawlins-Gaston

Journaliste – Réalisatrice à l’agence CAPA


DOCUMENTAIRES


2015
SOUFFRE-DOULEURS, ils se manifestent - 70 minutes - France 2
Auteure et co-réalisatrice avec Laurent Follea
Des victimes de harcèlement scolaire et des parents brisent le silence et interpellent les pouvoirs publics et la société toute entière pour réclamer une meilleure prise en charge. Un film sous forme de manifeste en partenariat avec Le Parisien-Aujourd’hui en France et France Inter.

Diffusion le 10/02/2015 à 22h30 dans Infrarouge.


2014
Leçons de vie, dépasser son handicap - 110 minutes - France 3
Auteure et réalisatrice Une année dans la vie de six personnes qui battent en brèche nombre de préjugés et d’idées reçues sur le handicap.
Diffusion le 10/03/2014 à 20h45.


2012
VIOL : elles se manifestent - 70 minutes - France 2
Auteure et co-réalisatrice avec Stéphane Carrel
Aux côtés de Clémentine Autain, à visage découvert, des femmes connues et anonymes dénoncent le viol qu’elles ont subi. Un film sous forme de manifeste en partenariat avec Le Nouvel Observateur.
Diffusion le 25/11/2012 dans Infrarouge à 22h30.

2011
Mes parents sont homos - 70 minutes - Canal+
Auteure et réalisatrice
Des enfants d’homosexuels entre 3 et 45 ans parlent librement de leur conception, de leur construction, de leur famille, du regard des autres, de leur vie amoureuse…
Diffusion le 28/02/12 à 22h30.

2010
Le troisième âge au septième ciel - 52 minutes - France 3
Auteure et réalisatrice
Il n’y a pas d’âge pour l’amour et la sexualité.
Diffusion dans la collection « Déshabillez-nous » le 5/02/11 à 23h00

2009
Peur sur l’hôpital - 90 minutes - France 3
Auteure et réalisatrice
Enquête sur les erreurs médicales en France.
Diffusion à 20h30 dans la case « Hors série » le 26/01/10.

2008
Déni de grossesse : ces bébés clandestins - 90 minutes - France 3
Auteure et réalisatrice
Enquête sur le déni de grossesse.
Diffusion à 20h30 le 19/01/09.


2007
Jeunes, seules, sans travail et déjà mères - 110 minutes - France 3
Auteure et réalisatrice
Trois tranches de vie, trois très jeunes mères précarisées et isolées en France.
Diffusion à 20h50, le 21/01/08.


2006
Fous de danse - 110 minutes - France 3
Auteure et co-réalisatrice avec Jean-Charles Doria
La danse en amateur en France.
Diffusion à 20h50, le 21/10/06.


2005
Ma vie après le tsunami - 110 minutes - France 3
Auteure et co-réalisatrice avec Gaël Leiblang
Un an dans la vie de quatre français qui ont perdu un être cher dans le tsunami en Asie et qui repartent
aider les populations locales à se reconstruire.
Diffusion à 20h50.


2004
Hommes, femmes : le nouveau partage - 110 minutes - France 3
Co-auteure et co-réalisatrice avec Sarah Lebas
Une année dans la vie de femmes passionnées par leur métier souvent chronophage.
Diffusion à 20h50.


2003
Adoption grand format - 90 minutes - France 3
Auteure et co-réalisatrice avec Hugues de Rosières
Un an avec un couple qui adopte une fratrie de cinq petits brésiliens âgés de 2 à 7 ans.
Diffusion à 22h30.


2002
Adoption : l’enfant d’une autre - 110 minutes - France 3
Co-auteure et co-réalisatrice avec Claire Lajeunie
Portraits croisés de plusieurs familles en cours d’adoption et d’enfants adoptés qui retrouvent leurs
parents biologiques.Diffusion à 20h50.
REPORTAGES FRANCE 2 - ENVOYÉ SPÉCIAL


2011
Les désillusions du divorce rapide - 29’
Auteure et réalisatrice
Enquête sur les pièges du divorce par consentement mutuel.


2001
Je me coupe donc je suis - 32’
Auteure et réalisatrice
Enquête sur les scarifications chez les adolescents et les jeunes adultes en France et aux Etats-Unis.
FRANCE 3 – DES RACINES ET DES AILES


2006 : Métiers du luxe : l’école de l’excellence 110 minutes en co-réalisation avec Philippe
Poiret
2004 : Une vie de Palace 110 minutes en co-réalisation avec Philippe Poiret.
2002 : La route de Jacques Cartier. Auteure et réalisatrice. 26 minutes
2001 : Dans le secret des chefs 110 minutes en co-réalisation avec Philippe Poiret.
ARTE – ARTE REPORTAGE


2004
Espagne : Une démocratie en colère – 22 minutes
Co-réalsation avec Franck Duprat
Madrid à l’heure des attentats de 2004.
MATCH TV – MATCH MAGAZINE
 

2003
Inceste : la maison des poupées cassées – 13minutes
Auteure et réalisatrice
Immersion dans une maison à Angers qui recueille des jeunes filles victimes d’inceste.
FRANCE 5 – SÉRIE « L’ÉCOLE QUI BOUGE »

2001
Auteure et réalisatrice de cinq reportages de 13minutes sur des initiatives originales dans des
établissements scolaires de zones d’éducation en situation difficile.
FRANCE 2 – SÉRIE « EMMENEZ-MOI »


2000
Journaliste rédactrice. 3 x 52 minutes à Buenos Aires (réalisation Damien Vercaemer), à Zanzibar
(réalisation Benoît Lemoine), à Lisbonne (réalisation Antoine Roux)

 

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Biographie de Laurent Follea

 

A 29 ans, Laurent Follea est un passionné d’images qui cumule les casquettes : il est aujourd’hui Réalisateur Graphiste et Monteur.
Laurent met depuis dix ans sa sensibilité visuelle, au service de marques, d'artistes et de sujets forts. Il aime enchaîner les projets différents et éclectiques : un film tout en Motion Design, une publicité pop et girly pour des bijoux ou un documentaire exigeant et stylisé sur le Harcèlement à l’Ecole, produit par l'Agence Capa.
Graphiste autodidacte, son style lui a vite permis de se faire repérer pour prendre en charge la direction artistique d'émissions pour Canal+ et la création de génériques et d’habillages pour des Fictions ou des Documentaires événements. A chaque fois il aime travailler sur des techniques différentes, mêlant graphisme et réel : stopmotion, projections de typos sur des murs, typographies dessinées à la craie, etc..
Touche à tout, enfant de la génération Instagram Laurent Follea aimemprimer à tous ses projets une narration visuelle forte, jeune et unique.
 

Filmographie Sélective
"Souffre Douleurs ils Se Manifestent" - 2015
"Clandestins, d'autres vies que les vôtres" - 2016

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FICHE TECHNIQUE

Un film inédit d'Andrea Rawlins-Gaston

réalisé par Laurent Follea et Andrea Rawlins-Gaston

Produit par Guylaine Loquet et Franck Duprat

Une production CAPA PRESSE

Avec la participation de France télévisions 

Avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l'Image animée

Unité de programmes documentaires et magazines culturels de France 2 : Catherine Alvaresse,  Barbara Hurel et Anne Roucan
 

Quartier impopulaire
 

Le rendez-vous Infrarouge invite les téléspectateurs à réagir et commenter les documentaires en direct sur twitter via le hashtag #infrarouge.

Le documentaire est disponible en visionnage sur le site francetvpreview:
https://www.francetvpreview.fr/

 

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