ADM

Aventures de médecine

Mardi 04 avril 2017 à 20h55

La crainte d’une épidémie qui détruirait l’humanité en un claquement de doigts est-elle fondée ? Quelles armes avons-nous contre ces virus capables de coloniser nos cellules en silence et de les détruire?

C’est ce que nous allons découvrir dans ce nouveau numéro d’Aventures de médecine consacré à la lutte contre les épidémies.

Pour décrypter le mode d’attaque d’un virus et la bataille qu’il déclenche à l’échelle d’un pays, Michel Cymes s'intéresse au virus Zika qui terrorise le Brésil depuis plus d’un an mais également aux causes de surmortalité de la grippe saisonnière en France.

Automne 2015 : des centaines de bébés microcéphales affluent soudainement dans les hôpitaux de Récife au Nord Est du Brésil. Que se passe-t-il ? C’est le début d’une enquête menée tambour battant par les neurologues, les épidémiologistes, les médecins, pour trouver l’origine de cette épidémie et l’enrayer au plus vite.

C’est cette enquête que Michel Cymes va nous faire vivre, aux côtés de ceux qui la mènent depuis le premier jour et qui continuent, alors que les cas de microcéphalie affluent toujours, à essayer de trouver des solutions pour limiter l’hécatombe.

Ces solutions, nous allons apprendre que nous les devons aux pionniers de la médecine. A ceux qui ont découvert l’origine microbienne des épidémies. A ceux qui ont identifié les étapes essentielles pour en venir à bout : trouver le vecteur (le moyen emprunté par le virus pour entrer dans notre corps), prendre en charge les personnes contaminées, produire un vaccin… Des pionniers hauts en couleurs dont nous allons partager les grandes découvertes tout au long de cette Aventure de médecine au cœur de l’infiniment petit.

 

Michel Cymes en immersion au Brésil avec tous les acteurs de la lutte contre le Zika.

A Récife, épicentre de l’épidémie, Michel rencontre Milena qui a donné naissance il y a un an et demi à Davi, un bébé adorable et souriant mais qui ne parlera sans doute jamais et marchera avec beaucoup de difficultés. Il souffre de microcéphalie à cause d’une simple piqûre de moustique pendant la grossesse de Milena. Un moustique infecté par le virus Zika.

Davi

Ce virus, nous allons voir comment il agit dans le corps avec le Dr Patricia Jungman, anatomopathologiste. Elle nous explique qu’il passe la barrière du placenta pour aller détruire les cellules neurales, celles qui commandent la formation du cerveau chez le fœtus. Le résultat, c’est un cerveau plus ou moins sous dimensionné, incapable de remplir les fonctions motrices et cognitives de base, et des enfants condamnés au handicap à vie.

Mais à l’automne 2015, quand les premiers bébés microcéphales ont été amenés à la consultation de la neuro-pédiatre Vanessa Van Der Linden, le monde ignorait tout du Zika et de ses conséquences. C’est la neuro-pédiatre qui, effarée par le nombre de cas de microcéphalies (un nombre tellement anormal et tellement soudain), a donné l’alerte. Elle raconte à Michel Cymes sa bataille pour convaincre l’Etat de lancer des études scientifiques. Etudes qui ont fini par établir le lien avec le Zika et qui ont été la première étape vers la riposte.

La réponse au Zika commence par la prévention. Michel Cymes accompagne les brigades de la municipalité dans les favelas, lieux les plus touchés par l’épidémie à cause de l’eau stagnante (pas d’eau courante !) dans laquelle les larves de moustique Aedes Aegypti prolifèrent. Il s’agit de pousser la population à changer ses habitudes pour freiner la progression de ce moustique vecteur du Zika.

Mais le moustique n’est pas le seul moyen de propagation du virus. Le Zika peut être transmis entre humains par les relations sexuelles, et sa propagation favorisée par les échanges internationaux. C’est ce qui s’est passé pour 12 cas répertoriés en France, contaminés sexuellement par un partenaire infecté au Bresil.

 

La surveillance des épidémies : un système d’alerte mondial

Au-delà du Brésil, c’est le monde entier qui suit l’évolution du Zika, comme celle de toutes les autres épidémies, grâce à la surveillance de l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé. Organisation qui a décrété en 2016 l’état d’urgence sanitaire pour le Brésil.

pastille zika

Chaque année, l’OMS pointe du doigt les risques liés aux épidémies. Qu’elles soient émergentes, soudaines, ou bien récurrentes, et qu’on les pense anodines, à tort. 

C'est le cas de la grippe saisonnière qui fait chaque année pas moins de 9000 morts en France. Et si elle préoccupe autant les autorités sanitaires c’est que le virus est extrêmement changeant d’une année sur l’autre, transformant à chaque fois la fabrication d’un vaccin efficace en véritable challenge. C’est ce que nous décryptons lors d’un focus sur cette maladie, qui cet hiver encore a semé la panique dans de nombreux hôpitaux.

 

A Rio de Janeiro, une expérience inédite, en attendant un vaccin :

pouponniere moustiques 2

Michel quitte Récife pour Rio. Il va y découvrir le travail plein de promesses des chercheurs de la Fiocruz (fondation publique dépendant du ministère de la santé). Ils font un pari original en travaillant directement sur le vecteur du Zika : les équipes capturent des larves de moustique Aedes Aegypti qu’ils contaminent avec une bactérie. Cette bactérie prend toute la place, empêchant ainsi le virus Zika de se développer chez les moustiques ainsi traités. Relâchés dans la nature en grand nombre, ces moustiques sont sensés se reproduire, disperser la bactérie, et prendre peu à peu la place des moustiques contaminés par le Zika.

Mais l’espoir d’un vaccin n’est pas pour autant abandonné. A Bio-Manguinos (Institut de recherche dépendant du ministère de la santé), Michel rencontre Marcos Da Silva, chef du laboratoire de recherche qui développe un vaccin complexe, car il est à destination, en priorité, des femmes enceintes. Il doit donc être efficace sans faire courir de risque au fœtus. Un challenge dans lequel se sont lancés plusieurs laboratoires.

 

BARRE
 

Des pionniers intrépides

Chaque séquence au Brésil est éclairée par un sujet historique illustrant la façon dont la médecine a appris à se battre contre les épidémies.

Pasteur : le père du vaccin

Quand on amène à Pasteur, en 1885, un enfant condamné à mourir à cause d’une morsure de chien enragé, le chercheur prend un risque qui va changer toute la médecine : le vacciner à l’aide du virus de la rage qu’il a réussi à isoler et à « atténuer ». L’expérience aurait pu tuer l’enfant et ruiner la carrière de celui qui avait donné naissance à la microbiologie. Mais le vieux chimiste était têtu, et a vu là l’occasion rêvée de prouver aux médecins qui critiquaient ses travaux qu’il avait bel et bien trouvé le moyen de s’attaquer aux maladies infectieuses.

pasteur

C’est ce qui est arrivé grâce au succès de cette première vaccination contre la rage, qui sera suivie d’une autre, puis de beaucoup d’autres, faisant de l’Institut Pasteur de Paris le tout premier centre de vaccination au monde, le fer de lance de la lutte contre les épidémies.

Alexandre Yersin, le découvreur du bacille de la peste.

Pasteurien de génie, baroudeur infatigable, Yersin a découvert le bacille de la peste à Hong-Kong à la fin du 19ème siècle. Tout seul au fond d'une paillotte de fortune, après avoir soudoyé des marins anglais pour accéder aux cadavres de pestiférés, il a bénéficié d'un coup de chance à peine croyable qui lui a permis d’initier le combat contre ce qui est resté pendant des siècles l'épidémie la plus mortifère au monde.

Antoni van Leeuwenhoek : le premier homme qui a vu les microbes.

Avant de réussir à comprendre comment les virus et les bactéries agissent dans le corps, encore a-t-il fallu réussir à les voir !

Le premier a y être parvenu n’est pas un scientifique mais un drapier hollandais du 17ème siècle : Antoni van Leeuwenhoek. Passionné par l'infiniment petit (qu'il explorait à l'aide de microscopes qu'il fabriquait lui-même) il a regardé tout ce qui l'entourait avec la même soif de découverte... jusqu’à ce qu'il découvre les bactéries!

John Snow, le premier épidémiologiste de l'histoire.

Médecin anglais du 19ème siècle, il a mené une véritable enquête policière dans les rues de Londres pour prouver que le responsable de l'épidémie de choléra qui décimait la ville était une simple pompe à eau infectée par les déjections humaines! Il fut ainsi le premier à attirer l’attention sur la nécessité d’identifier le vecteur d’une épidémie (ici l’eau) si l’on veut en venir à bout.

William Foege et l'éradication de la variole.

C'est aujourd'hui la seule maladie qui a disparu de la surface du globe. Grâce au vaccin, mais aussi grâce à un médecin américain qui a eu l'idée de mettre en place une technique vaccinale révolutionnaire. Ce médecin c'est William Foege et nous sommes allés l'interviewer en exclusivité aux Etats-Unis à la veille de ses 80 ans pour qu’il nous raconte cette technique dite de vaccination en anneaux.

Sida : le mythe du patient zéro.

Quand l’épidémie a vu le jour dans les années 80, il a fallu trouver très vite un coupable, un patient zéro, responsable des toutes premières contaminations.

Ce coupable désigné, ce fut Gaëtan Dugas, un steward homosexuel canadien.

Mais au fil de leurs recherches, des épidémiologistes français et belges ont découvert que la vérité était bien différente. Nous empruntons avec eux la piste qu’ils ont suivie et qui les a menés au cœur de l’Afrique, chez les grands singes, où ont eu lieu les toutes premières contaminations, bien avant les années 80…

ADM

 

Un film de : Perrine Dutreil et Maroussia Renard avec Timothée Dereix
 

Réalisé par Bernard Faroux
 

Sur une idée originale de Michel Cymes
 

Rédacteur en chef : Gaël Chauvin
 

Produit par Christian Gerin
Avec le soutien du CNC et France Télévisions
© Pulsations 2017

 

Unité de programmes magazines de société
Nicolas Daniel et Grégory Marcy

 

Pictogramme francetvpro
Pictogramme Phototélé
Pictogramme France.tv Preview
Pictogramme Instagram france 2