Les animaux face au terrorisme

A l’occasion de la journée mondiale des animaux, jeudi 4 octobre 2018, France 2 se mobilise très largement autour de cette cause.

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Résumé :

Les attentats qui ont secoué la France ces dernières années nous ont forcés d’admettre que nous étions entrés en guerre : un conflit de longue haleine qui mêle espionnage et travail de police, des actions commandos comme des opérations militaires. Et dans cette nouvelle « guerre contre le terrorisme », soldats et policiers se tournent de plus en plus souvent vers nos alliés historiques : les animaux.

Loin d’être désuète, l’alliance inter-espèces entre l’homme et l’animal s’avère en effet cruciale. Car dans une guerre que l’on peut qualifier d’asymétrique - où les armes traditionnelles sont souvent inefficaces contre les bombes, les drones et les actions suicides des terroristes – l’intelligence et les capacités physiques des animaux s’imposent comme un moyen irremplaçable de contrer la menace. Il y a bien sûr le chien, « meilleur ami de l’homme », présent auprès de toutes les unités d’élite du contre-terrorisme ou du déminage, mais pas seulement. Rats, aigles et demain pourquoi pas d’autres espèces encore : nous n’en sommes qu’aux prémices des découvertes en matière d’intelligence et de coopération animales !

Demeure une grande question : est-il éthique d’enrôler ces animaux dans des combats qui les dépassent, voire de les envoyer vers leur mort pour préserver des humains ?

Note d'intention du réalisateur :

L’idée de ce documentaire m’est venue il y a presque dix ans, en reportage en Afghanistan lors d’une offensive des Marines américains contre un fief taliban. Pendant l’assaut, l’unité que j’accompagnais a vu sa vie sauvée par … un chien. Un gros labrador noir, Seager, ou plutôt « le sergent Seager » puisque l’armée américaine donne des grades à ses chiens démineurs. Ce jour-là, Seager a détecté une énorme mine avec plusieurs dizaines de kilos d’explosifs cachés, destinés à nous faire sauter. Et pour ma part, j’ai pris la mesure des extraordinaires capacités du monde animal, notamment en coopération avec les humains.

Médecine, sciences physiques ou même pour la création du réseau Internet : les armées au combat se sont souvent montrées, au cours des siècles, précurseurs en termes de recherche. Je pense qu’elles le sont encore aujourd’hui dans leur relation au monde animal. Dans le contexte de « guerre asymétrique » qui caractérise la lutte anti-terroriste, l’emploi massif d’animaux, à commencer par les chiens, souligne combien les autres espèces sont importantes à l’espèce humaine. Flair, force, rapidité à la course ou au vol : beaucoup d’animaux ont des capacités physiques – voire intellectuelles – qui dépassent largement celles des humains. L’alliance inter-espèces est donc un exercice d’humilité. Je pense qu’elle nous permet aussi de mesurer l’énorme potentiel animal qui reste à découvrir… Tout porte à croire que le rôle des animaux est voué à croître à nos côtés au cours des années à venir.

Les expériences pratiques issues de la recherche scientifique ne cessent de découvrir de nouvelles ressources cognitives, sensibles et même émotionnelles chez les animaux. En filmant le cas, très sérieux, de l’aide animale apportée au travail de police pour contrer les attentats dans l’Hexagone, j’ai souhaité montrer l’avancement actuel de ces découvertes sur le monde animal et de leurs débouchés concrets dans notre quotidien. Mais enquêter sur l’intelligence et l’individualité des différentes espèces qui nous entourent – y compris certaines espèces sauvages qui peuvent travailler avec nous sans même être domestiquées - c’est aussi poser, en creux, la question de leurs droits. Les animaux et leurs prodigieuses capacités ne sont-ils qu’un « moyen » de plus dans la lutte anti-terroriste, entre le drone de surveillance et la valise de brouillage embarquée ? Est-il légitime, ou même moral, de les engager dans nos conflits d’humains, eux qui a priori n’ont guère réfléchi à la question du djihadisme ou de la démocratie occidentale? S’interroger sur leur place à côté des policiers ou soldats, c’est donc aussi, je pense, questionner la place de l’homme « maître et possesseur de la nature », tel qu’il s’est installé, au centre du monde, depuis la philosophie de Descartes.

Pouvons-nous continuer à exploiter ad libitum le reste de la planète et de ses habitants ?

Biographie du réalisateur :

Alfred de Montesquiou est réalisateur, auteur et journaliste. Il a travaillé dix ans comme reporter de guerre pour l’agence Associated Press puis pour le magazine Paris Match. Lauréat du prix Albert Londres 2012 de la presse écrite pour sa couverture de la Révolution en Lybie, il a couvert la plupart des grands conflits de la planète. Diplômé de Sciences-po Paris et de l’école de journalisme de Columbia, à New-York, il est également titulaire d’une maîtrise de philosophie. Spécialisé dans les questions de terrorisme, il a notamment réalisé pour France 2 une enquête sur l’attentat contre le Père Hamel (Infrarouge, mars 2018). Il est également l’auteur d’un documentaire sur les derniers gorilles du Congo (France 5), et d’une série de films de voyage sur la Route de la Soie (ARTE). Passionné par les questions d’écologie, il prépare actuellement un série d’explorations en Amérique du Sud.