"1917, LA FAYETTE NOUS VOILÀ "

De 1917 à 1918, deux millions de soldats américains traversent l’Atlantique pour combattre dans les tranchées, aux côtés des poilus. Voici le récit d’une découverte mutuelle, d’une rencontre entre l’ancien et le nouveau monde, entre deux peuples ; une rencontre inédite faite d’étonnement respectif, d’amitié mais aussi  d’incompréhension et de confrontation.

Fêtés comme le Messie par des Français épuisés après trois ans de guerre, les Américains se pensent comme des sauveurs et rêvent de gloire. Ils s’émerveillent devant les paysages exotiques et les villages pittoresques qu’ils découvrent, rendent hommage au courage de la France dans l’épreuve, mais critiquent aussi sa saleté, son archaïsme et ses prétendues mœurs dépravées. De leur côté, les Français admirent les « beaux gars » d’outre-Atlantique, envient leur solde élevée et escroquent volontiers les Sammies à l’occasion, mais ils sont choqués par leur impolitesse, leur comportement vis-à-vis des femmes ou encore leur racisme envers les Noirs. Surtout, les poilus s’impatientent de les voir monter au front car ces héros du dernier quart d’heure n’ont pas l’air très pressés de se faire casser la gueule !
Voici l’histoire de l’intervention américaine comme on ne l’a jamais racontée, loin des considérations politiques et diplomatiques et au plus près du vécu et du ressenti des hommes.

Note d'intention :

Dans la mémoire comme dans les discours officiels, les Américains apparaissent comme des Zorros, des sauveurs qui donnent la victoire à la France. La vérité est plus complexe et c’est aussi l’ambition de ce film que de casser les idées reçues, de remettre en cause cette thèse paresseuse. Pour ce faire, rien de mieux que revenir à ce que pensent Français et Américains les uns des autres, c’est-à-dire à la guerre dans les yeux de ceux qui l’ont vécue.

A ce sujet, La Fayette nous voilà ! montre à quel point le regard croisé que les uns portent sur les Français et les autres sur les Américains est façonné par la propagande. D’un côté il a fallu vendre la guerre aux Etats-Unis, convaincre la population de sortir de l’isolationnisme pour aller mourir dans les tranchées de France, mobiliser les artistes et le cinéma ; de l’autre, il a fallu vendre les Américains aux Français, dissimuler leur inexpérience, le caractère improvisé de leur armée, leur refus de monter en ligne sous commandement français. Ainsi, leurs échecs sont cachés et leurs succès claironnés vigoureusement.

Mais la propagande se confronte toujours au mur du réel. Construit à partir d’images largement inédites, fondé sur des témoignages tirés des correspondances ou du contrôle postal, ce film raconte une guerre vue d’en bas, une rencontre à travers des regards étonnés, narquois, hautains ou empathiques. Il en résulte une histoire émouvante, parfois drôle, souvent naïve, mais quelques fois irritante, consternante ou injuste qui ne nous laissent pas indifférent. Des histoires d’amour ou de la découverte du jazz aux bagarres de rues... Une amitié, même forgée dans le sang de l’histoire, n’est décidément jamais sans nuages.