Lundi 1er mars à 21.05 – Inédit

 

Des boudoirs des grandes courtisanes du Second Empire aux amours libres dans le Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, en passant par les nuits interlopes des cabarets de l’Occupation, Paris s’est imposée en un siècle comme la capitale mondiale de l’amour et des plaisirs. Paris romantique, Paris érotique nous dévoile les dessous de cette réputation et raconte la construction du mythe. 

 

Résumé

« Paris, capitale de l’amour » est un refrain entonné dans le monde entier. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas. Si Paris a longtemps eu la réputation d’être la ville des plaisirs, elle n’a acquis son titre de « reine de l’amour » qu’au milieu du XIXe siècle, avec son haussmannisation. Comment s’est imposé ce mythe au monde entier ?

Des demi-mondaines du Second Empire qui paradaient le jour sur les Champs-Elysées et le soir à l’Opéra Garnier, aux amours de Juliette Gréco avec Miles Davis dans le Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, en passant par la liberté amoureuse des artistes des Années folles et les romances clandestines sous l’Occupation, Paris romantique, Paris érotique revient sur la transformation des pratiques amoureuses et la fabrication d’un imaginaire.

Des grands boulevards aux quais de Seine, de la pénombre des cabarets à celle des portes cochères, le film fait découvrir une géographie parisienne amoureuse et revisite, à travers des archives savoureuses et les destins des amoureux de Paris, un siècle d’histoire sociale et culturelle.

 

Note d’intention de Mathilde Damoisel 

 « Un Européen sur quatre choisit Paris pour un premier rendez-vous amoureux », affirmait France Info lors de la Saint-Valentin 2015, et c’est compter sans les milliers d’Américains ou de Chinois qui viennent y passer leur lune de miel. Pour eux, le pont des Arts avec ses cadenas ou la place des Abbesses et son célèbre « mur des Je t’aime » sont des passages obligés et le célèbre Guide du Routard édite d’ailleurs, depuis 2001, un « Guide des amoureux à Paris ». Raconter Paris par le prisme de l’amour et du plaisir, c’est ainsi se frotter à un mythe universel, qui dépasse, et de loin, les frontières du périphérique. Marque internationale qui fait rêver de Pékin à Los Angeles, Paris a muté, mais le mythe, lui, a perduré.

Un siècle a tout particulièrement cristallisé cet imaginaire et fait de Paris l’éternelle capitale amoureuse du monde. Il s’ouvre à l’apogée du Second Empire, quand le baron Haussmann, préfet de la Seine, parachève pour Napoléon III son grand œuvre : la réinvention totale et radicale de la physionomie de Paris qui s’impose comme Ville Lumière, dédiée aux plaisirs. Et s’achève avec les prémices de Mai 68 et la révolution sexuelle, quand la modernisation en cours de la ville s’accompagne d’une mutation irréversible des comportements amoureux. C’est durant ce siècle que le mythe du Paris amoureux s’est épanoui, durablement. Des années 1860 aux années 1960, la société évolue, la France change, mais Paris demeure fidèle à une certaine idée d’elle-même, et entretient son mythe, avec constance.

Écrit en collaboration avec l’historien Dominique Kalifa, Paris romantique, Paris érotique explore ce siècle flamboyant, des années 1860 aux années 1960, et raconte comment Paris s’est taillé sa réputation sensuelle, à la fois licencieuse et romantique, bien au-delà des frontières de la France.

Le film est structuré autour de grandes périodes : le Second Empire et la Commune, la Belle Époque et la Grande Guerre, les Années folles et la crise de 1929, l’Occupation et la Libération, les Trente Glorieuses et Mai 68. Chacune de ces périodes associe un temps faste, lumineux, spectaculaire à un temps de crise, sombre, conflictuel. Ces deux facettes sont indissociables, et l’une permet de comprendre l’autre : l’histoire de Paris est mouvementée, et son mythe s’est souvent heurté aux réalités sociales et politiques. Ses ambiguïtés ont pu être intenables, par exemple sous l’Occupation. L’association des deux facettes offre alors un contre-champ au mythe d’un Paris éternellement festif et amoureux, et permet d’en explorer des aspects plus méconnus et inattendus.

Au-delà du récit de la construction d'un mythe, Paris romantique, Paris érotique met aussi en avant les mutations à l’œuvre entre 1860 et 1960. La place des femmes dans la ville est à cet égard un enjeu fondamental. Dans ce Paris perpétuellement comparé à une femme à conquérir, les femmes vont peu à peu passer du statut d’objet de désir à celui de sujet de leur histoire, et de leurs amours. Elles vont gagner leur place légitime dans l’espace public et invalider la distinction tenace entre « filles publiques» et « femmes comme il faut ». Terre de conquête pour les hommes, la ville est dans cette histoire un territoire à conquérir pour les femmes. Et ce mouvement transparaît, d’un bout à l’autre du film.

Pour incarner un tel récit, le film s’attache aux destins de femmes et d’hommes qui, tout au long de ce grand siècle, ont contribué à édifier le mythe de Paris, et en ont personnifié toutes les facettes — au point d’en devenir des icônes : Hortense Schneider, la muse de Jacques Offenbach sous le Second Empire, et sa rivale Blanche d’Antigny ; la danseuse Cléo de Mérode et la sulfureuse Casque d’Or à la Belle Époque ; Mireille Havet, figure de la “Garçonne”, et l’artiste Kiki de Montparnasse durant les Années folles ; Fabienne Jamet, tenancière d’une des plus célèbres maisons closes parisiennes sous l’Occupation, et la jeune étudiante juive Hélène Berr ; Juliette Gréco et Miles Davis dans le Saint-Germain-des-Prés de l’Après-Guerre, Audrey Hepburn, icône d’un Paris transformé par Hollywood… 

Associés à des territoires parisiens bien identifiés, familiers et chargés de sens, c’est aussi une carte du tendre parisien originale que découvre le spectateur à travers eux. Ce sont les théâtres parisiens et l’allée du Bois de Boulogne sous l’Empire ; les Boulevards à la Belle Époque ; Montmartre et Montparnasse pendant les Années Folles ; Saint-Germain-des-Prés à la Libération… En les associant à un personnage et à son époque, Paris romantique, Paris érotique fait revivre ces célèbres lieux lors de leur apogée. Lorsqu’ils constituaient le centre du monde de ceux qui vivaient alors pleinement la fièvre de Paris.  

Ce film met en lumière comment des hommes et des femmes ont façonné le mythe de Paris, et comment leurs pratiques amoureuses et leurs imaginaires ont été à leur tour façonnés par Paris, ses quartiers et ses territoires. Une déambulation amoureuse, scandaleuse et émouvante, dans le passé et dans la ville.

 

95 min

Un documentaire écrit par Mathilde Damoisel et Dominique Kalifa

Réalisé par Mathilde Damoisel

Raconté par Céline Sallette

Produit par Fabrice Coat et  Constance Ortuzar 

 

 

Une production Program 33,

avec la participation de France Télévisions  avec le soutien du CNC.
 

 

Directrice des documentaires : Catherine Alvaresse

 

Pôle Histoire et Culture :  Emmanuel Migeot – Clémence Coppey

 

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Laurence Guillopé
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