Manifestations en usine © DR

Étudiants, tous à l’usine – Itinéraires de maoïstes ouvriers

Étudiants, tous à l’usine – Itinéraires de maoïstes ouvriers
Lundi 21 mai, après le Soir/3, sur France 3 Pays de la Loire, et le jeudi 24 mai sur France 3

 

En marge de Mai 68, une expérience peu connue s’est développée, celle de « l’établissement ». Le documentaire expose cet engagement radical, qui a vu des étudiants, dont certains venus de milieux très privilégiés, s’établir incognito en usine. La réalisatrice est partie à la rencontre de ces « ouvriers volontaires » cinquante ans après, de Nantes à Sochaux, de Flins à Roubaix.
Un film inédit à découvrir !

Alors que Mai 68 se termine, que les ouvriers retournent dans les usines et les étudiants dans leurs amphis, il est un petit groupe pour qui la lutte ne s’achève pas là. Ils ont à peine 18 ans, sortent tout juste de la Sorbonne ou du lycée Louis-le-Grand et ne connaissent de la « révolution » que les écrits de Marx, Lénine ou Mao. Mais ils sont convaincus que, pour mener la lutte, il ne faut pas se contenter de tracter à l’extérieur des usines, il faut s’y faire embaucher. Ces « établis » rejoignent donc, grands idéaux en tête et Petit Livre rouge en poche, les plus grands sites industriels : Flins, Sochaux, Saint-Nazaire... C’est là-bas, croient-ils, qu’ils rencontreront la fameuse « classe ouvrière ». C’est là-bas, espèrent-ils, qu’ils rallumeront la flamme de la révolution… Aujourd’hui, ces anciens militants nous racontent leurs années d’« établissement », leur engagement total, leur rencontre avec la classe ouvrière, leurs espoirs et leurs désillusions.

Fiche technique

52 min
Un documentaire de Lise Baron
Coproduction What’s up Productions / France TélévisionsFrance 3 Pays de la Loire, avec le soutien du CNC et de la Région Pays de la Loire.

Claire Brière-Blanchet

Fille d’ingénieur dans la métallurgie, elle passe son enfance dans diverses usines de Saint-Étienne à la Courneuve. Étudiante en histoire à la Sorbonne, elle s’engage dès 1964 auprès des maoïstes, puis de la gauche prolétarienne. Elle s’établit ensuite dans une des antennes de Thomson dans le Vercors, puis à Peugeot-Sochaux. Elle finira par quitter l’usine en 1972 et entre à Libération en 1975. Elle entamera alors une carrière de journaliste spécialiste des zones de conflits et de dictatures. Elle est aujourd’hui encore journaliste et écrivain.

Fabienne Lauret et Nicolas Dubost

Étudiante en histoire et en philosophie, militante au sein des Jeunesses communistes révolutionnaires, Fabienne s’établit à Renault-Flins en 1971. Bien intégrée dans l’entreprise, elle devient déléguée syndicale à la CFDT. Contrairement à la plupart des établis, elle continuera son travail à l’usine bien après le milieu des années 70. Elle est également très engagée en dehors de l’usine auprès, notamment, du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). En 1983, lassée de son travail manuel mais ne désirant nullement quitter Flins, elle travaillera au sein du CE. Toujours aussi combative aujourd’hui, elle vient de publier un livre qui raconte sa vie d’engagement.

Né d’un père « petit-bourgeois, intellectuel de gauche parisien », lycéen à Henri-IV, puis étudiant en histoire à Censier, Nicolas milite auprès des Jeunesses communistes révolutionnaires. En 1971, il décide de s’établir chez Renault à Flins. Il y reste plusieurs années, malgré les doutes concernant l’utilité effective de sa présence sur les lieux. En 1979, toujours établi, il publie Flins sans fin, qu’il vendra jusque dans les murs de l’usine. Licencié de Renault en 1981 pour « arrêts-maladies répétés perturbant l’organisation du travail », il refuse une embauche à Libération et finira par créer une société de conseil pour les comités d’entreprises.

Juliette Campagne

Née dans la grande noblesse mais mise en nourrice chez une famille ouvrière, Juliette s’engage très tôt au Parti communiste, qu’elle quittera rapidement pour rejoindre l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes. Parmi les pionnières de l’établissement, elle travaillera dès janvier 1968 dans diverses usines à Paris, puis dans la région de Roubaix. Arrêtée lors d’échauffourées avec la police et condamnée à de la prison ferme, elle se « désétablira » à sa sortie pour rester chef du groupe de la gauche prolétarienne de Roubaix. Elle continuera ensuite à être très engagée, notamment pour la cause des femmes à Roubaix, et créera finalement l’association « Lis avec moi » pour faire découvrir à ceux, petits et grands, qui n’ont pas forcément accès aux livres, le plaisir de la lecture.

Nicolas Hatzfeld

Fils d’un professeur d’histoire et d’une assistante sociale engagés à gauche, il étudie l’histoire à l’université de Lyon et adhère au Parti communiste marxiste-léniniste de France, un courant « concurrent » de la gauche prolétarienne. En 1970, il lâche ses études pour s’établir chez Peugeot à Sochaux. En 1975, le Parti lui demande de quitter l’usine pour revenir militer à Paris. Déconnecté du terrain, et donc de ce pourquoi il militait, il s’écarte peu à peu du groupe politique et reprend ses études. 

Jean-Pierre Martin

Nantais issu d’un milieu modeste, il fait son année d’Hypokhâgne à Louis-le-Grand, puis une licence de philosophie à la Sorbonne. Il adhère à la gauche prolétarienne durant ses années parisiennes et revient s’établir en Pays de la Loire, notamment à Sud-Aviation. Il rejoint ensuite Saint-Étienne où il s’établit à nouveau dans diverses usines de la métallurgie. Il finit par quitter l’usine pour « s’engager » dans une vie à la campagne. Poursuivant ses études par correspondance, il est admis à l’agrégation de Lettres, publie plusieurs ouvrages, dont Le Laminoir, sur son expérience d’établi. Il est aujourd’hui écrivain et professeur émérite à l’université de Lyon 2.

Contact Presse France 3 Pays de la Loire

Sandrine Quéméneur-Vilbé
Déléguée à la Communication France 3 Pays de la Loire