NOS TERRES INCONNUES -2- DANS LE QUEYRAS

Interview de Raphaël Lenglet

Êtes-vous un téléspectateur régulier de Rendez-vous en terre inconnue ?
Raphaël Langlet : Un spectateur assidu ! C’est une des rares émissions que je regarde encore à la télé et même en replay. J’ai beaucoup d’affection pour ce programme, et je trouve qu’il donne du sens au service public. C’est l’antithèse de la télé-réalité.

 

Vous aviez hâte de participer à l’émission ?
R. L. : Bien sûr ! J’étais flatté qu’on me le propose et ça tombait très bien. Je sortais de Candice Renoir en tant que réalisateur et j’étais plutôt éreinté. Quand un tournage comme ça s’arrête, on est assez vide, on est loin de sa vie, loin de soi. Surtout quand, en plus de jouer, on réalise. Ça m’a occupé à peu près dix mois. J’avais besoin de reconnecter. C’était une belle opportunité.

 

Qu’avez-vous pensé lorsque l’on vous a proposé de partir avec votre acolyte Cécile Bois, et non pas seul ?
R. L. : J’étais évidemment heureux de partager cette aventure avec Cécile. J’ai trouvé l’idée intéressante parce que, dans les faits et avec le succès de la série, on est un duo, Cécile et moi. On se complète bien en général. De toute façon, nous nous sommes vraiment rencontrés sur l’humour et sur le travail, des valeurs qu’on a en commun. Et puis je pense que c’est mieux de partir à deux, on est moins flippés !

 

Vous aviez quand même l’air d’être plus à l’aise à la montagne qu’elle...
R. L. : Oui, alors honnêtement, je me doutais que ce serait la montagne… Dans ce genre d’aventure, la probabilité de s’y retrouver est quand même très élevée ! On ne peut pas dire que je sois tombé de ma chaise de surprise. Par rapport à Cécile, qui a une aversion totale pour la montagne, et qui l’a toujours d’ailleurs, j’étais plus libre. J’étais un peu son ange gardien, on va dire.

 

Aviez-vous une certaine appréhension de partir à l’aventure au milieu de nulle part ?
R. L. : Moi qui suis un peu « control freak », ma vraie appréhension, c’était d’ignorer où on allait dans l’heure qui suivait. J’ai du mal à marcher derrière quelqu’un sans savoir combien de temps ça va prendre, je sais que c’est débile, mais j’ai besoin d’être au courant. Pour moi, le plus gros challenge, ça a été l’abandon et le lâcher-prise. Tout ce dont j’avais besoin, en fait. Ça n’a pas été évident les trois premiers jours, je me suis rendu compte du niveau d’addiction que j’avais à mon téléphone portable — qui était dramatique. Mais finalement on s’y fait. Quand on me l’a rendu, c’est comme si on donnait un litre d’eau à quelqu’un qui avait très soif (rire) !

 

Quels ont été les moments les plus marquants de cette expérience ? Des moments durs ou surprenants ?
R. L. : Le moment le plus dur a aussi été le plus gratifiant : quand nous avons traversé cette tempête de glace pour aller à l’observatoire de Saint-Véran. C’était vraiment très dur, mais finalement, lorsque nous sommes arrivés, c’était formidable. J’ai réalisé un de mes rêves de gosse, passer la nuit à regarder les étoiles.

 

Et de toutes les rencontres que vous avez faites, lesquelles vous ont le plus marqué ?
R. L. : J’ai eu un peu l’impression qu’on était des témoins de Jéhovah, à débarquer chez les gens sans arrêt... Mais nous avons rencontré beaucoup de monde. Nos hôtes, bien sûr, Valentin et Alizée ! Nous avons beaucoup rigolé, parce qu’avec des prénoms pareils, j’étais persuadé que c’était des vieux ! En fait, ils étaient beaucoup plus jeunes que nous. Nous nous sommes très bien entendus. Puis, aussi, Dominique, qui nous a accueillis à l’observatoire et dont on a bu les paroles. C’était un moment assez fort. Franchement, tous les gens qu’on a rencontrés sont connectés à leur travail, à l’endroit où ils vivent, n’ont pas tellement de doutes. Je pense qu’ils avaient plus d’a priori sur nous qu’on n’en avait sur eux, car ils se justifiaient beaucoup de leurs choix de vie, alors qu’on était juste là pour les écouter et qu’ils nous montrent leur région. Dans l’ensemble, on a été très bien reçus. Échanger avec des gens passionnés, ça apporte toujours quelque chose, ça vous nourrit. Ça vous recadre aussi.

 

Et si vous deviez nous parler de ce que vous a apporté cette expérience ?
R. L. : Elle m’a appris que je dois vraiment sortir de mes habitudes. Ça fait sept ans qu’on a un emploi du temps très, très planifié avec Cécile sur les tournages. Je m’en suis rendu compte, avec les anniversaires Facebook, qu’il y a un an on était exactement au même endroit, en train de faire les mêmes choses, avec les mêmes gens. Une vraie routine. C’est une très belle routine, mais là ça venait vraiment casser les habitudes. C’était tellement nouveau. Et puis c’est la première fois qu’on est mis en avant en tant que personnes et pas à travers nos personnages. Il y avait comme une mise en danger assez salvatrice pour moi. Quelque chose qui me sortait un peu de mon cadre, et c’était vraiment ce dont j’avais besoin. J’ai vu qu’il fallait que je sois peut-être un peu plus aventureux et curieux du monde, comme je l’étais avant. Comme quoi, une tempête de neige, ça vous remet d’équerre !

Propos recueillis par Marine Nozerand