interview du duo féminin

Les Victoires de la Musique Classique désignent leurs virtuoses. Les musiciens les plus émérites et l’Orchestre national d’Île-de-France seront réunis à La Seine Musicale pour une soirée diffusée en direct. Leïla Kaddour-Boudadi et Judith Chaine composent le duo 100 % féminin qui dirigera la cérémonie. À l’heure des ultimes répétitions, elles évoquent ce rendez-vous tant attendu. 

Vous incarnez le premier duo féminin aux commandes de cette cérémonie. Quel est votre sentiment ?

Leïla Kaddour-Boudadi : Je suis ravie de former ce binôme inédit avec Judith. La réussite d’un duo dépend de la connivence entre les présentateurs. Ce lien particulier existait déjà avec Frédéric Lodéon aux côtés duquel j’ai pris énormément de plaisir à animer les Victoires.

En rencontrant Judith, je me suis demandée si nous aurions une complicité comparable. Et je me réjouis que ce soit effectivement le cas.

Il ne faut néanmoins pas oublier que nous sommes avant tout deux amoureuses de musique classique, peu importe notre genre ou notre sexe. Femmes ou hommes, nous devons être des passeurs d’art entre les artistes et le public.

Judith Chaine : Cela est véritablement un honneur d’avoir été choisie pour présenter un tel rendez-vous. Il s’agit d’une immense responsabilité, mais je trouve l’exercice profondément excitant. France 3 se montre audacieuse et résolument moderne en mettant deux femmes aux commandes de cette cérémonie. Il est vrai que pour l’une et l’autre l’objectif reste le même : célébrer les artistes.

 

Comment se fera la répartition des rôles ?

L. K.-B. : Quand je suis arrivée au sein des Victoires il y a deux ans, une mécanique était déjà en place. La partie fixe du programme reposait sur Frédéric, qui était épaulé par un présentateur.

Avec Judith, nous partirons sur un système de collaboration tout autre : il conviendra d’abord de travailler le rythme et la dynamique de notre présentation commune. Puis, en élaborant le contenu de l’émission avec la chaîne, nos rôles respectifs se dessineront naturellement.

J. C. : Nous construisons et pensons la cérémonie ensemble. Moi, je suis spécialisée en musique classique, tandis que Leïla a un profil plus généraliste. Elle a déjà présenté deux fois Les Victoires aux côtés de Frédéric Lodéon et possède une grande expérience en télévision. De mon côté, j’ai découvert cet univers l’année dernière en présentant Musiques en fête à Orange avec Cyril Féraud. Nous allons donc concevoir cette soirée en nous appuyant sur des parcours et des visions assez complémentaires.

 

Présenter une telle émission en direct représente-t-il un défi particulier ?

J. C. : Je travaille également en direct à la radio, je dirais donc qu’il s’agit d’une situation à laquelle je suis souvent confrontée. Le direct insuffle une énergie positive et galvanisante. Les différences sont qu’en télévision il y a une caméra, et une audience plus large. Je vais donc tenter d’oublier l’image pour me concentrer sur ce que je sais faire : à savoir partager mon amour pour la musique avec gaieté et générosité. Si le public est captivé, j’aurai atteint mon objectif.

L. K.-B. : Je présente le journal de 13h de France 2 tous les week-ends en direct. Il y a une tension inhérente à l’exercice, car on ne peut pas tout maîtriser. Mais à cette crainte se mêle également un immense enthousiasme.

Cela dit, Les Victoires étant un événement célébrant les artistes, la pression y est différente. Principalement car il est toujours plus simple de présenter une émission où l’on annonce de belles nouvelles. Nous ne faisons que décerner des prix en disant aux gens à quel point ils ont été magistraux dans leur interprétation, audacieux, passionnants et captivants.

Il serait dommage de trop angoisser pour cela.

 

Est-il plus difficile de rendre accessible la musique classique ?

L. K.-B. : Aucune discipline n’est difficile d’accès. Tout dépend de la façon dont on donne à découvrir une œuvre. Il convient de savoir présenter les choses d’une façon plus ludique ou pédagogique lorsque cela est utile. Si j’évoque un compositeur de façon très pointue, nous risquons de perdre certaines personnes. Or, ne s’adresser qu’aux spécialistes ne nous intéresse pas.

L’an dernier, Barbara Hannigan a réussi la performance de chanter tout en dirigeant un orchestre. Avec sa prestation, qui a enchanté les réseaux sociaux, elle a prouvé que la musique classique n’est pas réservée aux initiés.

Programmer en prime time une telle cérémonie revient à faire le pari que Les Victoires ne sont pas réservées à une élite. Cela peut même susciter des vocations chez des téléspectateurs… Qui sait ?

J. C. : La musique classique ne nécessite pas de prérequis spécifiques. Si elle vous parle et vous fait ressentir des émotions, vous n’avez pas besoin d’avoir suivi une thèse pour l’apprécier. Il s’agit d’un art qui nécessite simplement de l’accueil. Cet accueil, les gens sont capables de l’avoir si vous les accompagnez avec plaisir, sourire et en attisant leur curiosité. 

 

Qu’est-ce que Les Victoires de la Musique représentent pour les artistes ?

J. C. : Les Victoires sont un tremplin qui les incite à livrer le meilleur d’eux-mêmes.  

Une telle cérémonie signifie la reconnaissance d’une profession et d’un public… Dans une carrière, ce sont des moments uniques et privilégiés. D’ailleurs, la vie des artistes change souvent après Les Victoires, car les lauréats acquièrent une nouvelle stature.

L. K.-B. : Cette cérémonie est en quelque sorte l’équivalent des César pour les musiciens classiques. Elle leur offre en effet une exposition médiatique incroyable et une reconnaissance incontestable.

 

Que savez-vous sur ceux qui seront présents ?

L. K.-B. : Je me sentirais très mal l’aise à l’idée de voir un artiste aux Victoires dont je ne connais pas le travail. En amont de la cérémonie, j’écoute absolument tout, car j’ai un énorme respect pour la création… Lorsqu’on accueille un artiste, il est indispensable de savoir de qui l’on parle.

J. C. : Ce sont de super musiciens avec de fortes personnalités. Ce sont en plus d’excellents communicants sur le plaisir de la musique.

Il y en a plusieurs que je connais pour les avoir entendus à l’opéra, en concert ou en récital…

26e édition des Victoires de la Musique classique

Questionnaire décalé

Êtes-vous plutôt Mozart ou plutôt Boulez ? 

J. C. : Mozart.

L. K.-B. : Pareil !

 

Beethoven ou Chopin ?  

J. C. : Chopin.

L. K.-B. : Idem !

 

Joueriez-vous plutôt d’un instrument à cordes ou à vent ?  

J. C. : À cordes… Je joue moins maintenant, mais j’ai joué beaucoup de piano et d’orgue auparavant.

L. K.-B. : Instrument à vent, pour ma part. 

 

Êtes-vous orchestre de chambre ou orchestre philharmonique ? 

J. C. : Philharmonique ! Sans hésiter !

L. K.-B. : Philharmonique aussi !

  

Se réveiller en fanfare ou au rythme des violons ? 

J. C. : Je botte en touche… (rires). Je préfère me réveiller avec de la musique baroque.

L. K.-B. : En fanfare. Car je suis souvent de bonne humeur au réveil !

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