Les Français et l'insécurité

Depuis des décennies, le thème de l’insécurité fait l’objet d’exploitations politiques dans le débat public. La prolifération dans les médias de faits divers violents transformés en faits de société, exacerbe les peurs et trouble les esprits. Police et justice sont sous pression, communément critiquées, la première pour ses excès, la seconde pour son laxisme, les deux mises dos à dos. 

Le réalisateur Stéphane Bentura a enquêté pendant plusieurs mois à Amiens, une agglomération de 180 000 habitants : une France en miniature avec son centre-ville bourgeois, ses zones pavillonnaires, ses grands ensembles, son environnement rural et péri-urbain. Victimes, élus locaux, magistrats, policiers, chacun dans son rôle, font un état des lieux de la délinquance et de son traitement policier et judiciaire. Le film donne également la parole aux experts pour mesurer la réalité de la délinquance et expliquer les différentes perceptions que s’en font nos concitoyens.

Note d’intention

J’ai voulu comprendre le fossé qui sépare les réalités de la délinquance (parfois sous-estimées, parfois déformées) et ce qui en est dit dans le débat public. Il existe depuis 10 ans une enquête nationale annuelle menée par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et l’INSEE auprès de milliers de ménages : il est demandé aux personnes interrogées en quoi elles ont été victimes de faits de délinquance pendant l’année écoulée. Cette étude dite de « victimation » fait apparaître non seulement les faits qui n’ont pas été déclarés à la police, mais aussi la construction du sentiment d'insécurité. Les sociologues ont pu montrer que celui-ci repose avant tout sur les vulnérabilités dont peuvent souffrir les personnes interrogées.Mais la justice est également tenue pour responsable et se trouve souvent accusée de laxisme. J’ai donc enquêté auprès des magistrats du Tribunal de Grande instance d’Amiens. J’y ai rencontré des hommes et des femmes soucieux de leur tâche, bien loin des caricatures qui en sont faites.