Communiqué de presse

Après eux

qui va raconter l'Histoire ?
Disponible le 20/01/26
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Les grands-parents de Camille, Frankie, Théo et Mathis font partie des derniers témoins vivants des horreurs des camps nazis. À travers des échanges intimes avec leurs aïeux, parfois des premiers, parfois des ultimes, ces jeunes générations se reconnectent à un passé lourd de mémoire. Ils s’interrogent alors : qu’ont-ils reçu de cet héritage, et comment le porter aujourd'hui ?

À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, le 27 janvier, ce documentaire donne la parole à Camille, Frankie, Théo et Mathis. Bien que venant d’horizons différents, tous partagent un héritage familial qui les distingue de nombreux jeunes de leur génération. Pendant la Seconde Guerre mondiale, leurs grands-parents ont été déportés par les nazis en raison de leur origine juive ou de leur engagement dans la Résistance. Chacun aborde cet héritage à sa manière : certains l’ont toujours ignoré, d’autres en ont fait une source de force.

À une époque où leur aïeul figure parmi les derniers témoins de cette histoire, ces jeunes descendants entament un dialogue avec leurs grands-parents. Cet échange, souvent décisif, devient le point de départ d’un questionnement profond et d’une quête personnelle. Comment se sentir héritiers d'une histoire qu'ils n'ont pas vécue ? Comment s'approprier cette mémoire ? Ils plongent alors dans l’histoire de leurs ancêtres, scrutent les archives familiales et examinent leur propre conscience.

Ainsi, une nouvelle page se tourne pour eux : ils deviennent les relais d’une mémoire fragile mais vivace. Leur démarche nous invite à réfléchir à la transmission de la mémoire d’un drame historique, mais aussi à la prise de conscience de ses origines et à la relation intergénérationnelle, parfois marquée par la fragilité du corps ou de l’esprit. Une relation qui touche à l’universel et résonne en chacun de nous.

Théo et Evelyn
À 6 ans, Théo découvre l’histoire de sa grand-mère Evelyn lorsqu'elle, prise au dépourvu, lui confie qu'elle "était dans les camps". Ce moment fondateur marque le début d’un dialogue continu entre eux. Acteur et metteur en scène, Théo porte la question de la transmission. Pourtant Théo ne se sent pas vraiment "petit-fils de rescapée" et Evelyn ne veut pas qu'il porte un fardeau qui n’est pas le sien.
Evelyn Askolovitch, née en 1938 à Francfort et réfugiée à Amsterdam, est arrêtée en mars 1943, à l’âge de 4 ans. Juive, elle est internée pendant dix mois à Vught, puis à Westerbork, avant d’être déportée à Bergen-Belsen où elle restera un an, jusqu’à sa libération en janvier 1945.

Frankie et Julia
Comédienne et réalisatrice, Frankie a fait de la mémoire un moteur de sa création. Alors que sa grand-mère Julia perd peu à peu ses souvenirs, elle ressent plus que jamais l’urgence de préserver ses paroles avant qu'elles ne s'effacent. En attendant elle-même un enfant, Frankie mesure le passage de relais entre deux générations : celle qui oublie et celle qui arrive.
Julia Wallach, née en 1925 à Paris dans une famille juive polonaise, est arrêtée en 1943, à l’âge de 17 ans. Déportée à Auschwitz, elle y reste deux ans avant de s’évader lors de la marche de la mort, en avril 1945.

Mathis et Ginette
Musicien, Mathis entretient un lien tendre et profond avec sa grand-mère Ginette. Depuis peu, celle-ci lui fait comprendre qu’elle attend de lui qu’il prenne le relais et raconte son histoire. Fier de cette mission et fort de la connaissance intime qu’il a de son passé, Mathis se sent prêt à poursuivre ce témoignage, non pas comme un fardeau, mais comme une responsabilité vivante.
Ginette Kolinka, née en 1925 à Paris dans une famille juive originaire d’Europe de l’Est, est arrêtée en 1944 à Avignon. Déportée à Auschwitz, elle y reste une année avant d’être transférée à Bergen-Belsen, puis à Theresienstadt. Elle est libérée en mai 1945.

Camille et Pierre
Camille, enseignante de sport à Bures-sur-Yvette, a longtemps pris ses distances avec le passé de son grand-père Pierre, l’un des derniers déportés résistants tatoués. Le silence, devenu une habitude familiale, a créé une barrière entre eux. Aujourd’hui, à l’heure où Pierre ressent l’urgence de transmettre, Camille se prépare enfin à engager la conversation qu’ils n’ont jamais eue.
Pierre Jobard, né en 1927 à Dijon, est arrêté et déporté pour faits de résistance en février 1944, à l’âge de 16 ans. Il passe deux semaines à Auschwitz, puis dix mois à Buchenwald et Flossenbürg, avant de survivre aux marches de la mort en avril 1945.
 

Note d’intention des réalisateurs et auteurs 

Jonathan Safir 
Enfant, j’avais peur des chiens. 
Mon père, né en 1936 en Roumanie, rescapé de la Shoah, avait vu son propre père se faire attaquer parce que juif, par des chiens qui obéissaient aux ordres de membres de la Garde de Fer (mouvement fasciste roumain) quand il était lui-même un enfant. Il a longtemps gardé cette anecdote secrète et ne la partagea avec moi que lorsque je devins un adulte. Pourtant enfant, parmi d’autres angoisses, j’avais peur des chiens. 
On peut penser que cette peur n’est pas corrélée à ce qui est arrivé à mon grand-père, et peut-être que mon père ayant lui-même peur des chiens, j’ai mimé sa peur en la faisant mienne. Je peux croire que le poids de ce passé traumatique m’a été transmis par les cours d’Histoire, la parole, les anecdotes et les mises en garde ou bien alors que j’en ai hérité génétiquement. 
Quoiqu’il en soit, cette mémoire de l’angoisse (ou angoisse de mémoire ?) est ancrée en moi, il m’est difficile de la décrire mais c’est un sentiment qui m’accompagne au quotidien depuis tout jeune et me fait voir le monde et ses remous d’une manière bien particulière, comme en alerte. Aujourd’hui, je n’ai plus peur des chiens mais j’ai toujours peur du “pire”. 

Joseph Romano 
Je dois ma vie à quelques hommes qui ont sauvé mon arrière-grand-père, Jacques Romano, des griffes nazies. Incarcéré à Drancy en 1941 puis transféré en Bourgogne, il survit grâce au refus courageux d’un sous-préfet de livrer la liste des Juifs de la région. Je suis enserré malgré moi dans la mémoire de la déportation.
Aujourd’hui, parallèlement à mon travail de cinéaste, je suis responsable des réseaux sociaux d’Akadem, un média soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Ce travail a une double vocation : la communication et la pédagogie. Il m’engage tous les jours à réfléchir à la transmission de l’Histoire à des jeunes pour qui ces sujets restent souvent lointains. De nombreuses propositions, pourtant de bonne intention, ont l’effet inverse et donnent aux jeunes l’impression d’une centralité de la mémoire de la Shoah par rapport à d’autres tragédies historiques. J’ai l'intime conviction qu’un documentaire incarné par les jeunes eux-mêmes est un puissant moyen de réveiller une mémoire qui commence déjà à patiner.

Réalisateurs : Joseph ROMANO et Jonathan SAFIR

Auteurs : Joseph ROMANO et Jonathan SAFIR

Producteur : Kévin QUILLÉVÉRÉ

 

Durée : 42 minutes

Production : Roche Productions

Avec la participation du Centre National du Cinéma et de l'image animée

et du Ministère des Armées Secrétariat Général pour l’Administration

Direction de la Mémoire, de la Culture et des Archives

Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Avec la participation de France Télévisions

 

 

Unité documentaire
Antonio Grigolini 
Julie Grivaux 
Charlène Gourmand


À voir sur
francetv.preview


Disponible dès le 20/01/26 sur
France.tv

et 
sur la chaîne "Slash enquêtes" 
sur YouTube

 

France Télévisions
Anne Reverberi