On n'est pas des racailles
Le 25 octobre 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rend sur la dalle d’Argenteuil. Une visite sous tension, marquée par une phrase devenue célèbre : “Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser.”
Aux premières loges, un jeune du quartier : Djamel Mazi, 19 ans. Choqué, il l’interpelle : “Vous ne pensez pas nous mettre tous dans le même sac ?”
Dès 2001, caméra DV à la main, Djamel filmait son quartier, ses amis, leurs rires, leurs rêves, sans imaginer que ces images deviendraient un jour un témoignage historique.
Vingt ans plus tard, devenu journaliste à France Télévisions, il n’a rien oublié.
Il décide de rouvrir ses archives intimes pour retrouver ses amis d’enfance : Abdellah, Rafik, Toufik, Hakim... et comprendre ce qu’ils sont devenus. A travers leurs portraits, c’est l’histoire de la dalle d’Argenteuil, devenue l’un des symboles des quartiers sensibles, qui se dessine en creux.
Comment une phrase prononcée par un ministre a-t-elle résonné dans leurs trajectoires personnelles et dans la mémoire collective ? “On n’est pas des ‘racailles’” interroge le poids des mots politiques, la construction médiatique des banlieues, et la puissance du récit personnel pour réparer l’Histoire.
Un voyage sensible et lucide, où la petite caméra d’hier éclaire, vingt ans plus tard, la grande Histoire.
Note d’intention de Djamel Mazi
Je suis Djamel Mazi, journaliste pour France Télévisions, mais avant tout un enfant de la Dalle d’Argenteuil.
En 2005, j’étais là, devant lui sur cette dalle, quand Nicolas Sarkozy est venu prononcer sa fameuse phrase : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? »
Ce soir-là, j’avais 19 ans. Je l’ai interpellé, un peu naïvement, mais avec le cœur.
Depuis, cette séquence a marqué ma vie et celle de mon quartier.
Vingt ans plus tard, j’ai voulu comprendre ce qu’il restait de cet épisode et de ceux que le ministre de l’Intérieur appelait les « racailles ».
Je revisite ces années à travers les visages de mes amis d’enfance et des images d’archives que j’avais filmées moi-même, à une époque où les smartphones n’existaient pas.
On y voit nos rêves, nos illusions, notre humour aussi.
Aujourd’hui, je veux rétablir une mémoire, celle d’une jeunesse stigmatisée, mais pleine de talent et d’espérance.
Ce film, c’est un retour aux sources, mais aussi une quête de vérité et de dignité.
Durée
52'
Ecrit et réalisé par
Djamel Mazi et Eric Kollek
Une co-production
Morgane Production
We Make Productions
Avec la participation de
France Télévisions
Unité documentaires
Florent Dumont
Caroline Dumont