« Et maintenant, on fait quoi ? » : le documentaire

« Et maintenant, on fait quoi ? » c'était le thème de cette 9^e édition de Filme ton quartier

« Nous sommes comme les parties d’un même corps: tout comme un organe ne peut être opposé à un autre et que lorsque l’un souffre, c’est tout le corps qui souffre, c’est pourquoi nous avons besoin les uns des autres. » Le lauréat Cemil Yildiz à la remise des prix Filme ton quartier 2025. » 

121 films ont été reçus : 27 originaires de Paris, 38 de la Région parisienne, 51 des autres régions et Outre-mer (dont Provence-Alpes-Côte d’Azur 15, Auvergne-Rhône-Alpes 9, Bourgogne Franche-Comté 5, Normandie 5).

Le jury était présidé par Louise Courvoisier, réalisatrice de Vingt Dieux son premier long métrage de fiction – une épopée sentimentale et fromagère ancrée dans le village de son enfance- César du premier film 2025.

Et maintenant, on fait quoi ? est le titre du documentaire réalisé par Chloé Mahieu qui regroupe les 10 films lauréats ainsi que les portraits des créateurs. 

Ce thème est comme un hymne, que les 10 réalisatrices et réalisateurs lauréat-e-s de cette 9ème édition ont saisi comme une possibilité d’élargir l’horizon bouché, pousser les portes closes, transcender le réel si sombre. Des films politiques, engagés, pour déplacer les constats accablants et proposer plus de justice, d’empathie, de solidarité, d’écoute, de regards. 

Cette année tous les films s’engagent vers l’inconnu, avec le désir et l’espoir qu’un autre monde est possible, où l’exclusion et le rejet n’a pas sa place, que la jeunesse, si on lui en donne les moyens, à commencer par la liberté, sera la clé. 

Les lauréat-e-s ont eu à coeur, dans leurs films ainsi que dans leurs portraits, de célébrer le collectif, les associations culturelles, qui sont des ponts, des phares dans la nuit, qui rassemblent, en lutte contre l’individualisme mortel de nos sociétés. Ils sont des lieux de dissidence puisqu’on y créé et qu’on invente, qu’on réfléchit à plusieurs et qu’on s’entraide, ce qui semble constituer un danger puisque ces associations sont massivement mises à mal par les coupes budgétaires. 

La lutte et la colère qui se dégagent de ces 12 films sont étonnamment lumineux, enthousiastes, drôles parfois. Les artistes combattent le marasme par leur imaginaire intarissable, et lorsqu’ils se rencontrent et se rassemblent, l’espoir et le désir d’agir, de créer, sont contagieux. (Chloe Mahieu)


Le palmarès :

• Grand Prix : Lola & Carmen réalisé par Julie Sanchez et Najla Barouni (Montgeron, Île-de-France)

Une grand-mère de 83 ans face à l’intelligence artificielle.

Entre humour, émotion et vertige métaphysique, ce documentaire interroge notre rapport au numérique et à la solitude. L’IA peut-elle apaiser, consoler, créer du lien… ou n’est-elle qu’un mirage bienveillant ?

• Prix France TV Slash : La Discussion réalisé par Manui Franken (Montreuil, Île-de-France)

Quand victime et agresseur se parlent.

Après une agression, la réalisatrice engage un dialogue inattendu avec son ami, lui-même auteur de violence. Un face-à-face fragile où se rejouent mémoire, culpabilité et réparation. Que fait-on de ce qui a blessé : on le tait ou on le transforme ? 

• Prix Fondation Engagement Médias pour les jeunes : Forger sa voie réalisé par Mélissa et Julien Nourry (Cergy, Île-de-France)

Le combat d’une voix pour devenir voie.

Soundous, 16 ans, transforme son handicap d’élocution en force. En apprenant à dompter les mots, elle apprend à se construire. Un portrait inspirant d’émancipation, où chaque syllabe devient un acte de résistance et d’avenir.

• Les Racines de Demain réalisé par Martin Cadot (Autoire, Occitanie)

Le monde paysan entre disparition et renaissance.

Dans un village en mutation, anciens agriculteurs et nouveaux arrivants réinventent la terre. Un film qui interroge l’avenir des territoires ruraux : faut-il s’accrocher au passé ou inventer un nouveau modèle ?

• Dignité, Liberté, Humanité réalisé par Nicolas Sene et Aïda Gueye (Nanterre, Île-de-France)

Face au racisme, la parole comme résistance.

Après l’assassinat à l’arme blanche (57 coups de couteau) d’Aboubakar Cissé, 22 ans, dans la Mosquée Khadija (Gard) le 26 avril 2025, des jeunes se réunissent pour débattre de leur avenir. Être noir, musulman, citoyen : comment trouver sa place et affirmer sa dignité ? Un film qui transforme la colère en conscience collective et en action.

• Lever la roue avant réalisé par Cemil Yildiz (Paris, Île-de-France)

Tomber, se relever, recommencer.

Autour du canal Saint-Martin, des jeunes se défient en wheeling. Au-delà du jeu, ce geste devient métaphore : même si l’on chute, on se relève. Un film sur l’entraide, la persévérance et la puissance du collectif.

• Contre la montre réalisé par Adrien Gaulon et Mattéo Tiberghien (Lys-Saint-Georges, Centre-Val-de-Loire)

Recommencer une vie après l’accident.
Louis, jeune homme devenu paraplégique, reconstruit son existence dans son métier d’horloger, entre précision du geste et quête de vitesse. Un film sur la résilience et la réinvention de soi : quand tout bascule, peut-on encore choisir la direction ?

• Tracer sa route réalisé par Karim Mouici (Paris, Île-de-France)

Quitter le cocon pour affronter le monde.
Mathieu, jeune non-voyant, s’apprête à quitter l’Institut des Jeunes Aveugles pour les études supérieures. Entre peur et détermination, il doit accepter la canne blanche, symbole de son autonomie. Une histoire de courage intérieur.

• Sensible réalisé par Hakim Mchangama (Vitry-sur-Seine, Île-de-France)

Vivre là où la mort rôde.

Au quartier Balzac de Vitry, la jeunesse est marquée par les rixes et les décès. Face à la spirale de la violence, la question s’impose : quel chemin choisir ? Le film ouvre un espace de parole, d’émotion et d’espoir.

• Numéro 146 réalisé par Julio Lisboa (Paris, Île-de-France)

Paris sans toit, sans issue apparente.

À travers la quête d’un logement, ce film expose la violence de l’invisibilité urbaine. Que faire quand la ville vous rejette ? Le film interroge notre responsabilité collective face à des personnes issues de l’immigration.
 

• Coup de cœur Radio France  « Toi, Mzungu » par Julianne Dorso (Paris)

Dans Moi Mzungu – “moi le blanc” – à partir d’archives tournées à Mayotte, la réalisatrice détourne la phrase d’Emmanuel Macron : “Le cyclone, ce n’est pas moi”, pour interroger avec force la responsabilité politique et le néocolonialisme toujours à l’œuvre face aux ravages du cyclone Chido.

• Coup de cœur de la Scam : « Lendemain de fête »  par Céline Michel et Anatole Clément (Paris)

Un homme traverse, au petit matin, les rues calmes du 19ᵉ arrondissement après une fête immense qu’il a orchestrée. Les habitants l’arrêtent pour lui confier ce que cette nuit a changé pour eux… cet homme, c’est Thomas Jolly.
 

Tous les détails sur www.filmetonquartier.fr. 
France 3, ses antennes régionales, les antennes du Réseau des 1^ère du pôle Outre-mer et France TV Slash se sont mobilisés pour cette neuvième édition du concours Filme ton quartier.