
Marie-Claude Tjibaou, l’âme debout
Mardi 5 août à 20h dans Itinéraires sur NC la 1ère, découvrez le destin exceptionnel de Marie-Claude Tjibaou, figure incontournable de la Nouvelle-Calédonie. À travers ce portrait réalisé par son fils Emmanuel et la documentariste Dorothée Tromparent, se dessine le chemin d’une femme discrète et déterminée, dont la vie se confond avec celle de son pays.
Depuis combien de temps avez-vous eu l’idée et l’envie de faire ce documentaire ? Pourquoi ?
Dorothée Tromparent : Cela faisait de nombreuses années que je rêvais de faire un documentaire sur Marie-Claude Tjibaou, sur sa vie, son itinéraire hors du commun. Je crois que cela remonte à la toute première fois où je l’ai interviewée : c’était en 2014 pour « Kanak-Le souffle des Ancêtres », un film consacré à l’art kanak
Lors de cette première rencontre, sa personnalité, tout autant que ses propos limpides, lumineux, toujours très constructifs, m’avaient fascinée. J’étais persuadée que son parcours ferait la trame d’un film formidable : en remontant aux origines de la famille Wetta (son nom de jeune fille), près d’un siècle d’histoire calédonienne ! Un siècle d’histoire retracé à travers le parcours d’une personnalité unique, une femme qui n’a jamais cessé de se mettre au service de son pays.
Comment a réagi « Marie-Claude » quand vous lui avez présenté l’idée de ce documentaire ?
D.T : On ne pas dire qu’elle a été très enthousiaste ! Marie-Claude est une personnalité publique et elle a été, durant toute sa vie, très exposée. Elle est de ce fait très pudique, secrète et rechigne toujours à parler d’elle ou à se mettre en avant. Elle ne nous a pas caché qu’elle avait déjà refusé plusieurs propositions de ce type. Mais nous ne nous sommes pas découragés : c’est sans doute ce mélange de ténacité de notre part et une volonté, profonde aussi, de transmettre une part de son histoire aux générations futures, qui l’ont conduit à finalement accepter.
Est-ce que le lien parental a plutôt été un avantage ou un obstacle à la réalisation de ce documentaire ?
D.T : Le lien filial d’Emmanuel Tjibaou a bien sûr été un avantage. La confiance était absolue, unique. Mais pour certaines questions, plus intimes, plus personnelles, je crois qu’Emmanuel était heureux de me passer le relais. Il y a certaines questions qu’un fils, même avec la meilleure volonté du monde, peine à poser à sa mère. Notre complémentarité fait sans doute toute la force du film.
Y a-t-il un moment qui vous a marqué durant la réalisation de ce biopic ?
D.T : Nous avons vécu beaucoup de moments très émouvants avec Marie-Claude. Dès les premiers jours, elle a su créer une proximité et une intimité incroyables avec toute l’équipe de tournage. Nous sommes devenus très proches, très rapidement. Toutes les rencontres avec les différentes personnalités qui jalonnent sa vie ont donc pris un tour à chaque fois unique et remarquable. Mais je crois que l’une des séquences qui nous a le plus marqués est celle que nous avons tournée sur le tertre familial de la famille Wetta, dans la vallée de la Tchamba, avec Jean-Michel Wetta, le frère de Marie-Claude : un moment suspendu, unique, plein de sagesse, dans un endroit très secret. Un instant magique et inoubliable.
Qu’avez-vous appris et/ou découvert sur « Marie-Claude » que vous ne soupçonniez pas ?
D.T : Nous rêvions de découvrir une Marie-Claude intime, sans fard, qui nous permette de mieux comprendre d’où lui vient l’immense force qui est la sienne. Le travail à ses côtés durant plusieurs mois a largement dépassé nos attentes. Marie-Claude nous a ouvert toutes les portes de sa vie et nous a accordé une confiance que nous n’oublierons jamais : au fil des jours, au-delà de la rigueur et du charisme qui la caractérise, nous avons découvert une Marie-Claude tendre et pleine d’amour, guidée tout au long de sa vie et de ses rencontres par une immense capacité d’adaptation et un altruisme hors du commun.
Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens retiennent de ce documentaire ?
D.T : Nous aimerions, avant tout, que ceux qui verront ce film soient touchés par la force d’âme et le courage déployés par Marie-Claude tout au long de sa vie. Nous aimerions bien sûr aussi que chacun puisse s’en inspirer pour construire son propre itinéraire. En Nouvelle-Calédonie, nous avons besoin de personnalités exemplaires (les fameux « role models » chers aux Américains) qui nous guident et nous montrent le chemin : Marie-Claude en fait assurément partie !