Chemins de maternité en Guyane

En Guyane, accoucher en sécurité implique de longues heures de voyage pour atteindre une maternité moderne. Dans les communes isolées du centre du territoire, où le taux de mortalité néonatale est deux fois plus élevé qu’en Hexagone, les futures mères doivent désormais quitter leur village et leurs familles un mois avant terme pour rejoindre Cayenne. Pour les femmes qui vivent au bord des fleuves Oyapock ou Maroni, chaque grossesse est source de distance, d’attente et souvent de solitude. 

De Camopi à Cayenne en passant par Papaïchton, ce documentaire met en perspective notre rapport à l’accouchement à travers le parcours hors du commun de ces jeunes femmes, qui s’apprêtent à donner la vie à des kilomètres de chez elles.

Papaïchton, à 250 km de Cayenne, n’est accessible qu’en avion ou en pirogue. L'accès aux soins pour les femmes enceintes y est complexe et nécessite un intermédiaire. C'est ainsi que Naïka fait le lien entre le corps médical et les futures mamans. Elle occupe un poste unique, connu sous le nom de « femme-relais », une fonction qui n'existe nulle part ailleurs dans le pays. La Guyanaise prodigue des conseils aux patientes, s’assure qu’elles se rendent à leurs rendez-vous de suivi et les accompagne au dispensaire du village, où elle traduit l’aluku et le français lors des examens. Les infrastructures n’y sont cependant pas suffisamment équipées pour y accueillir des accouchements. Dès lors, ces femmes doivent se rendre, souvent seules, à la maternité de Cayenne afin de garantir le bon déroulement de la fin de leur grossesse et la bonne santé du bébé à naître.

Á l’hôpital de Cayenne, Ana est venue seule de Camopi, village amérindien situé à environ une journée de voyage. À 23 ans, elle s’apprête à donner naissance, sans péridurale, à son quatrième enfant. Dans sa culture, les femmes doivent contenir leur souffrance, car la tradition veut que les Amérindiennes n’expriment pas leur douleur, afin d'éviter d’attirer l’attention des esprits sur leur progéniture lorsqu’elles donnent la vie. 

L’isolement auquel sont confrontées les mamans à la maternité est difficile à vivre. La plupart, habituées à la vie en communauté et entourées de leurs familles, perçoivent le milieu hospitalier comme hostile. Les sages-femmes, comme Rebecca, s’efforcent d’assurer une présence bienveillante auprès des patientes et de communiquer avec elles du mieux possible, malgré parfois la barrière de la langue, pour qu’elles puissent accoucher sereinement.

À travers les regards de Naïka, d’Ana, Rebecca et des autres, ce documentaire intimiste invite à un voyage aux confins de la Guyane, et interroge avec délicatesse notre manière d’accompagner la naissance.